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La Centrafrique au bord de la crise humanitaire

Les principaux axes routiers par où transitent les produits de première nécessité du pays sont bloqués par des rebelles.Affamer la…

Les principaux axes routiers par où transitent les produits de première nécessité du pays sont bloqués par des rebelles.Affamer la population pour faire plier le gouvernement du président Faustin-Archange Touadéra. Voilà le nouveau mode opératoire des groupes armés de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC).

La forteresse Bangui, protégée par l’Armée centrafricaine et ses alliés internationaux, n’est pas encore tombée. Mais jusqu’à quand ? Les rebelles asphyxient le pays économiquement et financièrement en coupant les principales voies d’accès menant vers la capitale. 

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Par exemple, le tracé vital guidant au Cameroun voisin est fermé depuis plus d’un mois. Près de 800 camions de marchandises, bloqués côté camerounais, attendent désespérément sa réouverture.

Selon des sources douanières citées par Jeune Afrique, les flux commerciaux entre le Cameroun, la RCA et le Tchad ont chuté de près de 80% (par rapport à 2019) depuis la fermeture des frontières.

Un haut fonctionnaire des Douanes a déclaré que Ndjamena et Bangui se sont d’ailleurs alarmés auprès des autorités camerounaises des graves conséquences sur leurs économies.

Par sa position géographique et ses deux ports, le Cameroun occupe une place stratégique en matière d’approvisionnement de marchandises en direction du Tchad et de la RCA. Ces derniers, enclavés, ne disposent pas d’ouverture sur la mer. Ce qui accentue leur dépendance vis-à-vis de Yaoundé.

A cause de la situation actuelle, certains produits se font de plus en plus rare, alors que la demande reste constante d’où une augmentation des prix.

Heureusement, depuis le 12 janvier, le trafic a pu reprendre mais dans une moindre mesure, par convois et sous escorte de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca). 

En amont, il y a eu de nombreux échanges et négociations. Mais au final, les camionneurs sont soulagés.

« Nous faisons face à une guerre qui étouffe notre économie », a reconnu Henri-Marie Dondra, ministre centrafricain des Finances et du Budget.

La crise sécuritaire, dans laquelle est plongée la Centrafrique depuis plusieurs années, s’empire. Le regain des tensions, un peu partout à travers le pays, a poussé de nombreuses personnes à prendre la route de l’exil.  

Lors de sa conférence de presse du 15 janvier 2021 au Palais des Nations de Genève (Suisse), le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), Boris Cheshirkov, alertait déjà sur l’afflux de réfugiés centrafricains dans les pays voisins. 

D’après lui, près de 60.000 personnes ont été forcées de chercher refuge dans les pays limitrophes depuis décembre 2020.

La plupart d’entre elles ont fui vers la République Démocratique du Congo (RDC) en traversant le fleuve Ubangui. Dans ce pays voisin, le nombre d’arrivants a dépassé selon le responsable du HCR les 50.000 suite à la venue de 10.000 réfugiés centrafricains le 13 janvier dernier.

Par ailleurs, M. Cheshirkov citant des chiffres fournis par les Commissions mouvement de population du pays, informe que 58.000 personnes sont toujours déplacées à l’intérieur des régions touchées en RCA. Près de 9000 réfugiés sont déjà arrivés le mois dernier au Cameroun, au Tchad et au Congo, a-t-il ajouté.

Selon le porte-parole pour l’Afrique de l’ouest et du centre du HCR, Romain Desclous, interrogé par APA, « près de 700 mille Centrafricains ont fui les violences de ces dernières semaines  ».

« Si l’on y ajoute les déplacés dus aux violences de 2013-2014, on constate que c’est plus d’un quart des habitants centrafricains qui ont abandonné leurs localités pour chercher refuge dans d’autres régions plus stables ou dans les pays frontaliers », précise M. Desclous.  

Cette situation préoccupe doublement la communauté internationale. D’abord parce que la « délivrance de l’assistance humanitaire (a été) sérieusement impactée par les dernières vagues de violences », a indiqué le chef de la Minusca, Mankeur Ndiaye. Mais aussi parce que la crise centrafricaine « est l’une des urgences les moins bien financées dans le monde », a soutenu Romain Desclous. 

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Et c’est pourquoi son organisation appelle à la fin immédiate de toutes les violences. Le HCR invite en outre les donateurs « à contribuer aux besoins exprimés » car « beaucoup de personnes ne bénéficient même pas d’une assistance de survie ».

« Les principales préoccupations des réfugiés qui vivent en dehors des camps officiels et des communautés qui les accueillent sont la nourriture, la santé, les abris, l’eau et l’assainissement », souligne l’organisme onusien.

Le FMI à la rescousse

Face à l’urgence, le Fonds Monétaire International (FMI) a validé, le 13 janvier, le décaissement d’une nouvelle tranche d’aide de plus de 34 millions de dollars. L’opération entre dans le cadre de l’accord de Facilité élargi de crédit conclu le 20 décembre 2019 pour un montant total d’environ 115,1 millions de dollars sur trois ans.

Cette assistance intervient alors que le contexte lié à la Covid-19 n’a pas permis à Bangui de respecter les critères de performance auxquels il s’était engagé en 2019.

Si la demande de dérogation déposée par les autorités a été validée, c’est parce que « le FMI est convaincu que les nombreuses réformes que j’ai pilotées sont les bonnes », a déclaré dans Jeune Afrique le ministre Dondra. Ce dernier rapporte que l’institution de Bretton Woods « s’est (aussi) montrée satisfaite de l’assainissement des finances publiques en Centrafrique ».
Confirmant cette information, le Directeur Général adjoint et président par intérim du FMI, Mitsuhiro Furusawa, assure que « des progrès substantiels ont (…) été réalisés dans la mise en œuvre des réformes structurelles ».
A l’en croire, « les autorités centrafricaines se sont attachées à faire en sorte que les financements d’urgence des donateurs soient utilisés de manière efficace et transparente pour lutter contre la pandémie et atténuer son impact sur les plus vulnérables ».  

En avril 2020, le FMI avait apporté 38 millions de dollars de financement d’urgence à la Centrafrique pour aider le pays à faire face à la crise du nouveau coronavirus.