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La guerre en Syrie: une tragédie humaine

Plus de 380.000 morts, plus de la moitié de la population déracinée et un pays en ruines: déclenchée en mars…

Plus de 380.000 morts, plus de la moitié de la population déracinée et un pays en ruines: déclenchée en mars 2011, la révolte contre le pouvoir en Syrie s’est muée en une guerre dévastatrice, impliquant groupes rebelles, mouvements jihadistes et puissances étrangères.

– Morts –

Plus de 380.000 personnes ont péri depuis le début de la guerre, selon un bilan donné début janvier 2020 par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Parmi elles, plus de 115.000 civils, dont 22.000 enfants et 13.612 femmes, d’après l’ONG, qui dispose d’un vaste réseau d’informateurs à travers la Syrie.

– Handicapés –

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la crise syrienne représente l’une des situations d’urgence les plus graves et les plus complexes au monde, le conflit ayant considérablement affaibli le système de santé.

Dans certaines régions, les taux de handicap atteignent 30% de la population, soit le double de la moyenne mondiale (chiffres de mars 2019).

Au moins 45% des personnes blessées devraient vivre avec un handicap permanent nécessitant des soins spécialisés longtemps après la fin des hostilités.

– Déplacés, réfugiés –

La guerre a entraîné la plus grande vague de déplacements depuis la seconde guerre mondiale.

Plus de la moitié de la population d’avant-guerre a été déplacée à l’intérieur du pays ou a été contrainte de fuir à l’étranger. Selon l’ONU, le nombre de réfugiés s’élève à 5,5 millions et le nombre de déplacés internes à plus de 6 millions (février 2020).

La Turquie accueille sur son territoire le plus grand nombre de Syriens, soit 3,6 millions.

Et elle redoute un nouvel afflux de réfugiés, alors que depuis le début de l’offensive du régime syrien dans la région d’Idleb en décembre, près d’un million de personnes ont été déplacées, en grande majorité à sa frontière.

Le Liban dit héberger 1,5 million de Syriens (pour une population totale de 4,5 millions), dont moins d’un million sont inscrits auprès du Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR). La plupart vivent dans la précarité.

En Jordanie, plus de 650.000 Syriens sont enregistrés auprès du HCR. Amman affirme avoir accueilli environ 1,3 million de réfugiés. Suivent l’Irak (300.000 réfugiés syriens, dont la majorité kurdes) et l’Egypte (plus de 130.000 Syriens).

Des centaines de milliers de Syriens ont aussi afflué en Europe, notamment en Allemagne, où ils sont les principaux demandeurs d’asile.

– Emprisonnés, torturés –

Le régime a été accusé d’atteintes aux droits humains depuis le début du conflit et mis en cause pour de multiples cas de tortures, viols et exécutions sommaires.

Selon l’OSDH, au moins 60.000 personnes sont mortes sous la torture ou à cause des terribles conditions de détention dans les prisons. Un demi-million de personnes sont passées dans les geôles du pouvoir depuis 2011, d’après l’Observatoire.

En 2014, un ancien photographe de la police militaire syrienne, exfiltré sous le pseudonyme de « César », a révélé des photographies de corps torturés et suppliciés dans les prisons du régime entre 2011 et 2013. Il s’est enfui en 2013, en emportant 55.000 photographies effroyables.

En février 2017, Amnesty International a accusé le régime d’avoir pendu quelque 13.000 personnes entre 2011 et 2015 dans la prison de Saydnaya près de Damas.

Par ailleurs, « plusieurs milliers » de personnes ont péri dans les prisons de groupes rebelles et jihadistes (OSDH).

– Appauvris –

L’économie est dévastée par neuf ans de guerre.

Chômage, coupures de courant, pénuries de gaz domestique, 83% de la population vit aujourd’hui sous le seuil de la pauvreté, contre 28% avant la guerre, selon l’ONU. Et 80% des ménages peinent à assurer leurs besoins alimentaires de base, selon le Programme alimentaire mondial (Pam).

Le secteur pétrolier et gazier a subi depuis 2011 des pertes estimées par les autorités à 74 milliards de dollars.

Le coût des destructions dues à la guerre a été estimé par l’ONU à plus de 400 milliards de dollars. Des localités et des villes entières ne sont plus que des champs de ruines.

Et pour l’ONU, la situation dans la région d’Idleb représente « la plus grosse crise aujourd’hui dans le monde ».