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Liban: réunion du Parlement, protestations en voiture malgré le virus

Le Parlement libanais s'est réuni mardi dans une salle de conférence pour permettre la distanciation sociale en pleine pandémie du…

Le Parlement libanais s’est réuni mardi dans une salle de conférence pour permettre la distanciation sociale en pleine pandémie du nouveau coronavirus, et à l’extérieur des manifestants ont défilé en voiture pour crier leur colère contre le pouvoir.

Le Liban traverse depuis l’an dernier sa pire crise économique en 30 ans, amplifiée par la pandémie de Covid-19 et les mesures draconiennes de confinement ayant mis le pays à l’arrêt.

Réunis dans une salle de conférence pouvant accueillir jusqu’à 1.000 personnes à Beyrouth, les députés dont la session doit durer trois jours ont approuvé un prêt de 120 millions de dollars de la Banque mondiale pour aider le secteur de la Santé.

Au Liban, 677 cas de contamination, dont 21 décès, ont été recensés officiellement.

Les députés ont par ailleurs voté une loi pour lutter contre la corruption dans le secteur public, alors que ce fléau a été l’un des éléments déclencheurs du soulèvement populaire inédit au Liban en octobre 2019.

Parmi les 16 lois adoptées sur les 66 sous examen, les parlementaires ont également adopté la légalisation à des fins médicales de la culture de cannabis, devenue une industrie pesant plusieurs millions de dollars.

Cette mesure devrait engranger des revenus à l’Etat, surendetté et en défaut de paiement depuis mars, pour la première fois de son histoire.

Les députés devront également se pencher sur un projet de levée de l’immunité des ministres et des députés en cas de poursuites pour corruption.

A l’extérieur, des manifestants à bord de voitures ont protesté contre les députés et la classe politique en générale, accusés de corruption et d’incompétence. Ils ont également sillonné d’autres lieux de la capitale libanaise et d’autres villes, dont Tripoli (nord) et Saïda (sud).

– « Chômage, pauvreté » –

« Nous voulons récupérer l’argent volé », a lancé Jad Assaileh, un jeune manifestant, en allusion aux allégations de détournements de fonds et de transfert par des responsables libanais de milliards de dollars à l’étranger.

Au rythme des klaxons, de slogans et de chants révolutionnaires, des voitures arborant le drapeau libanais ont afflué vers la place des Martyrs, au cœur de Beyrouth.

« Je suis sortie parce que l’Etat n’a encore rien fait jusqu’à présent. Nous n’avons vu aucune réforme », a déploré Lina al-Adawi, 54 ans, debout sur le marche-pied de son 4×4.

« Le coronavirus a aggravé davantage la situation économique: le chômage, la flambée du taux de change, la pauvreté et la faim », a ajouté la quinquagénaire, portant un masque et un foulard rouge.

Le Liban croule sous une dette de 92 milliards de dollars, soit 170% du PIB, l’un des taux les plus élevés mondialement.

La monnaie nationale a désormais atteint un plus bas face au dollar depuis des décennies, alors qu’environ 45% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté.

– Plus de dollars –

Nouveau signe de détresse financière, les banques ne donnent plus des dollars, la Banque centrale ayant publié mardi une circulaire demandant à ces établissements de verser à leur clients souhaitant retirer des billets verts de leur comptes en dollars, l’équivalent en livres libanaises au taux de change du marché parallèle.

La livre libanaise se négocie désormais à plus de 3.200 livres pour un dollar sur le marché parallèle, alors que la monnaie nationale est indexée sur le billet vert depuis 1997 au taux fixe de 1.507 livres.

Les observateurs y voient un prélude à une dévaluation officielle de la monnaie nationale.

Depuis octobre 2019, les banques ont imposé des restrictions draconiennes sur les retraits, notamment en dollars -les plafonnant parfois à 100 dollars par semaine.

Elles sont accusées par la rue de complicité avec le pouvoir politique et d’avoir contribué à l’endettement public effréné et la faillite de l’Etat.

Le gouvernement est sur le point d’annoncer un plan de sauvetage économique devant déboucher sur un début de restructuration de la dette et une éventuelle aide externe. Le plan évoque des besoins de financement de plus de 80 milliards de dollars, dont 10 à 15 milliards d’aides étrangères sur cinq ans.