Burkina : Léger remaniement ministériel

A l’issue du premier Conseil des ministres, le capitaine Ibrahim Traoré a éjecté deux ministres contestés, seulement deux semaines après la formation du gouvernement de transition.Serge Gnaniodem Poda et Mikailou Sidibé font leur entrée au 2e gouvernement de transition, a appris APA d’un décret lu, ce mercredi 9 novembre 2022, à la télévision nationale.

Le premier est nommé ministre du Développement industriel, du Commerce, de l’Artisanat et des PME (Petites et moyennes entreprises). Quant au second, il est porté à la tête du département de l’Urbanisme, des Affaires foncières et de l’Habitat.

Serge Gnaniodem Poda est un cadre de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO). Il remplace Donatien Nagalo, démissionnaire après une vague de contestations. Plusieurs associations de commerçants lui ont reproché des « malversations » dans sa gestion du syndicat national des commerçants du Burkina (SYNACOM-B).  

Mikaïlou Sidibé est Ingénieur des travaux Publics et Economiste des transports. Il a été nommé en remplacement de Yacouba Dié, également contesté. Il lui est reproché sa « mauvaise réalisation des cités du 11-Décembre à Manga en 2018 », alors qu’il était Secrétaire permanent de la Politique nationale du logement (SP/PNL).

L’annonce de ce remaniement intervient après le Premier conseil des ministres.

Formé le 25 octobre dernier, le premier gouvernement de transition n’a pas résisté aux vagues de contestations de la rue. Le Premier ministre, Me Apollinaire Kyelem de Tambéla a apporté son soutien aux ministres débarqués. En fin octobre, il a affirmé que des enquêtes de moralité n’avaient rien trouvé de compromettant contre messieurs Nagalo et Dié. 

« Notre partenariat n’a de sens que s’il répond à l’expression de besoins des armées africaines » (Emmanuel Macron)

Au Sahel, la présence de l’armée française doit cadrer avec les besoins exprimés des pays de la région.Comme annoncé, Emmanuel Macron a décrété la fin officielle de l’opération Barkhane qui avait vocation à combattre les jihadistes chassés du septentrion malien en 2013 par l’Intervention Serval. Le président français présentait mercredi 9 novembre, à Toulon, la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale.

Pour le chef de l’Etat français, « les formes traditionnelles sur lesquelles se déclinait » la vocation de la France à être pourvoyeuse de sécurité en Afrique sub-saharienne, doivent être réinventées radicalement.

« Notre engagement aux côtés de nos partenaires en Afrique doit être désormais centré sur une logique d’appui et de coopération à leurs armées », réoriente Emmanuel Macron selon qui, « cela doit se traduire par un dispositif plus léger et plus intégré avec elles ». « C’est pourquoi, assure-t-il, nous lancerons dans les prochains jours une phase d’échange avec nos partenaires africain, nos alliés et les organisations régionales pour faire évoluer ce statut, le format et les missions actuelles des bases françaises au Sahel et en Afrique de l’Ouest, afin de bâtir avec les intéressés une organisation des instruments communs et partagés de soutien aux armées de la région ».

Dans cette perspective, le président français se donne six mois pour « finaliser » avec ses partenaires africains une stratégie centrée autour d’ « interventions bornées dans le temps ». Il s’agira surtout de « principes définis avec eux », déclinés « à l’échelle de chaque pays, selon les besoins qui seront exprimés » par chacun en termes d’ « équipements, de formations, de partenariats opérationnels, d’accompagnement dans la durée et d’intimité stratégique ».

Emmanuel Macron est convaincu que « notre partenariat n’a de sens que s’il est un partenariat véritable qui répond à l’expression de besoins explicites venant des armées africaines », s’inscrivant en « complémentarité des partenariats économiques, politique et administratif dans ces pays ».

De 5000, le dispositif militaire français a été réduit à 3000 soldats déployés au Niger, au Burkina Faso et au Tchad.

La décision de la France de sursoir à la forme actuelle du déploiement de ses forces armées en Afrique de l’Ouest intervient dans un contexte de dégradation de ses relations diplomatiques avec le Mali, sur fond de renforcement de la coopération entre ce pays et la Russie. Mais aussi d’une collaboration supposée de la compagnie militaire russe controversée, Wagner avec les décideurs de Bamako.

La junte au pouvoir depuis mai 2021 après un coup d’État contre le président de la transition qu’elle a même installé neuf mois plus tôt, nie la présence de mercenaires russes sur le sol malien et affirme qu’il s’agit plutôt d’ « instructeurs » appelés pour combler le vide laissé par la France accusée d’ « abandon en plein vol ».

« L’expertise en matière de fabrication d’explosifs change la donne sécuritaire au Sahel » (chercheure)

Les groupes jihadistes présents au Sahel n’engagent plus constamment leurs hommes en première ligne pour attaquer les ennemis, préférant recourir aux engins explosifs improvisés (EEI) afin de « poursuivre leur stratégie de terreur à moindre frais », soutient Solène Jomier, chargée de recherche au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grip).1. Ces dernières années, de nombreuses attaques à l’engin explosif improvisé ont été notées au Sahel central (Mali, Burkina et Niger). Comment expliquez-vous cela ? 

Ces armes sont relativement faciles à fabriquer car les composants sont disponibles sur le marché régulier (souvent des biens dits “à double usage”). Ce sont des armes bon marché, avec un rapport qualité/prix avantageux, financièrement abordables pour les groupes terroristes susceptibles de les fabriquer.

Pour confectionner ces armes, il faut cependant avoir à sa disposition l’expertise technique nécessaire. Il y a une dizaine d’années, les groupes terroristes actifs dans le Sahel ne disposaient que de manière marginale de ce type de connaissance. C’est avec l’émergence du conflit libyen et la chute de l’État islamique en Syrie et au Levant (qui a provoqué un exil de combattants vers le continent africain) que cette compétence s’est diffusée au Sahel.

2. Du point de vue stratégique, que représentent les engins explosifs improvisés pour les groupes jihadistes ? 

Les engins explosifs improvisés (EEI) sont une façon très simple et abordable pour les groupes terroristes de causer des pertes à leurs ennemis sans pour autant risquer la vie de leurs propres hommes. On est clairement dans un schéma de conflit asymétrique. Ces engins, par leur discrétion et leur relative imprédictibilité, participent à nourrir la stratégie de peur de ces groupes, qui cherchent à instiller un sentiment profond d’insécurité parmi les populations civiles et les forces de sécurité de l’État.

3. Dans l’arsenal des jihadistes, quelle place occupent les engins explosifs improvisés ? 

L’introduction de l’expertise en matière de fabrication d’engins explosifs improvisés dans le Sahel a clairement changé la donne sécuritaire. Il y a une dizaine d’années, des groupes comme al-Mourabitoun menaient avant tout des attaques armées avec leurs hommes en première ligne. On citera entre autres la prise d’otages du Radisson Blu à Bamako, au Mali (2015) ou bien l’incident d’In Amenas dans le Sud-Est de l’Algérie (2013).

Aujourd’hui, les engins explosifs improvisés sont devenus le mode opératoire privilégié des groupes jihadistes au Sahel. Moins coûteux en hommes et en matériels que des attaques armées coordonnées, les EEI permettent à ces groupes de poursuivre leur stratégie de terreur à moindre frais. Cette méthode n’est pas exclusive aux groupes jihadistes du Sahel, on la retrouve aussi chez les groupes armés islamistes présents au Moyen-Orient, comme en Irak ou bien en Afghanistan.

Cela traduit aussi le changement d’objectif des groupes terroristes dans la région. Ils n’ont plus l’ambition de contrôler des territoires (comme cela avait été le cas avec le contrôle de Tombouctou en 2012 par exemple), mais de les déstabiliser. Un objectif plus réaliste au regard de leurs capacités, mais tout aussi inquiétant pour l’avenir de la région.

Il ne faut cependant pas mettre au second plan les massacres de civils également commis par les groupes terroristes, en particulier dans la zone du Mali centre et celle des trois frontières (Mali, Burkina et Niger). C’est un mode opératoire de plus en plus fréquent ces trois dernières années, et particulièrement préoccupant.

4. Quel est l’impact des engins explosifs improvisés dans la guerre contre les jihadistes ? 

Les engins explosifs improvisés ont mis la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) en difficulté. Depuis sa création en 2013, au moins 177 Casques Bleus (chiffre ONU juillet 2022) sont morts dans des actes malveillants (c’est-à-dire qu’on exclut les morts par accident ou maladie). Cela fait d’elle la mission de maintien de la paix la plus meurtrière pour ses soldats depuis la création des Nations Unies.

Parmi ces 177 morts, au moins 93 ont perdu la vie à cause des engins explosifs improvisés (chiffre de juin 2022). Ces attaques à l’explosif ont également blessé au moins 698 civils et 596 Casques bleus depuis 2013.

Les violences ont connu un pic en 2021 avec la mort de 28 soldats de la paix dans l’explosion d’EEI et autres attaques armées. La mission paie donc un lourd tribut sur le terrain, qu’elle s’attelle à diminuer par d’importants efforts en matière de déminage et de lutte anti-EEI.

En 2022, la mission rapporte de multiples incidents – mortels ou non – toutes les semaines. On peut donc parler d’une fréquence élevée. Pour donner une échelle de grandeur, de juillet 2021 à juin 2022 (soit une année de mandat de la mission onusienne), la Minusma a répertorié 213 attaques à l’EEI, contre 149 pour la période précédente (juillet 2020 à juin 2021).

6. De quels moyens disposent les pays du Sahel et les forces étrangères pour faire face à cette menace grandissante ?

Les capacités des pays du Sahel pour détecter et désactiver en masse les EEI restent limitées au regard des besoins croissants de la région. Le partage de compétences sera un enjeu crucial afin de faciliter le rattrapage nécessaire à cet égard.

Face à des incidents qui se multiplient, la Minusma a mis en place une série d’actions afin de minimiser les risques et de limiter le nombre de victimes. Elle s’est notamment dotée d’équipes spécialisées dans la détection d’engins explosifs improvisés. On citera notamment les contingents cambodgiens déployés actuellement au sein de la mission et qui sont des spécialistes de renommée internationale en la matière.

L’introduction d’équipes spécialisées en déminage et en détection d’engins explosifs improvisés a permis d’améliorer la détection et la neutralisation de ce type d’engin. En 2014, à l’orée de l’émergence de l’utilisation des EEI, la mission ne détectait en moyenne que 11 % d’engins avant leur explosion. Ce chiffre est monté à 50 % en 2020, alors même que les attaques de ce type étaient beaucoup plus fréquentes.

Pour autant, ce travail de fourmi, très fastidieux et difficile, complique la tâche de la mission au quotidien, en particulier ses patrouilles, dont la fréquence régulière aide à prévenir les attaques contre les civils.

Burkina : démission du ministre du Commerce

Deux semaines après sa formation, le premier gouvernement du capitaine Ibrahim Traoré n’a pas résisté aux vagues de contestation de la rue.Le ministre du Commerce, Donatien Nagalo a annoncé, mardi après-midi, son départ du gouvernement afin de lui « donner toutes les chances de travailler dans un climat serein et apaisé ».

Aux lendemains de sa nomination au poste de ministre du Développement industriel, du Commerce, de l’Artisanat et des Petites et Moyennes entreprises, M. Nagalo a fait l’objet de vives contestations de plusieurs organisations de commerçants. L’accusant de fait « d’escroquerie aggravée » sans jamais présenter de preuves, elles ont empêché son installation dans ses fonctions à plusieurs reprises, en prenant d’assaut la porte principale du Ministère du Commerce. Face à la pression de la rue, le gouvernement avait dû reporter son installation à une date ultérieure.

Le démissionnaire qui s’est décrit comme « un citoyen Burkinabè honnête, intègre, dévoué et engagé » a ajouté être victime d’« accusations non fondées » de la part d’un groupe de « commerçants instrumentalisés ». En fin octobre, le Premier ministre, Apollinaire Kyelem de Tambéla lui avait apporté son soutien en indiquant que des « investigations approfondies » avaient blanchi le ministre contesté. Un syndicat de commerçants dont Donatien Nagalo est le responsable lui avait aussi apporté son soutien.  

« Au vu du contexte social, économique et sécuritaire, je me sens interpelé… C’est pourquoi j’ai jugé utile de renoncer à ma fonction » de ministre du Commerce, a ajouté l’opérateur économique qui n’est pas le seul indésirable dans l’equipe du sankariste, Kyelem de Tambéla. 

La nomination du ministre de l’Urbanisme, Yacouba Dié est également contestée. Il lui est reproché sa « mauvaise réalisation des cités du 11-Décembre (jour de célébration de la fête de l’Indépendance du pays) à Manga en 2018 », lorsqu’il était Secrétaire permanent de la politique nationale du logement (SP/PNL).

Nommé le 22 octobre, le Premier ministre Me Kyelem avait formé un gouvernement de 23 membres, respectant le quota de 25 ministres fixés au cours des assises nationales, du 14 octobre, qui ont désigné le capitaine Ibrahim Traoré, Président de la transition pour 21 mois. Ce dernier avait, deux semaines plutôt, renversé le lieutenant-colonel, Paul-Henri Damiba, lui reprochant ses « choix hasardeux » dans la stratégie de lutte contre les groupes jihadistes. Depuis sept ans, des groupes armés non étatiques écument le pays, causant des milliers de victimes et près de 2 millions de personnes déplacées. 

Sahel : clap de fin pour l’opération française Barkhane

En 2014, cette opération militaire menée au Sahel et au Sahara par l’Armée française, avec une aide secondaire d’armées alliées, avait remplacé l’intervention Serval pour combattre les jihadistes.Après le retrait du dernier soldat français du Mali en août dernier, il était attendu que le président Emmanuel Macron déclare la fin de l’opération Barkhane. Le chef de l’État français va donc passer à l’acte ce mercredi 9 novembre à l’occasion d’un discours qu’il prononcera à Toulon, dans le Sud de la France.

Il s’agira pour le numéro 1 de l’Elysée de « marquer officiellement la fin de Barkhane et d’annoncer une adaptation significative de nos bases en Afrique ». De 5000, le dispositif français dans la région est passé à 3000 soldats déployés au Niger, au Burkina Faso et au Tchad.

L’objectif est de « réduire l’exposition et la visibilité » de leurs forces militaires en Afrique, privilégiant la coopération et l’appui en termes d’équipement, de formation, de renseignement et de partenariat opérationnel avec les pays qui le souhaitent.

Les soldats français se sont retirés du Mali sur fond de crise diplomatique entre Paris et Bamako. Les nouvelles autorités de la transition, issues du coup d’État de mai 2021 accusent la France « d’abandon en plein vol ». Ce, en réponse à l’annonce en juin 2021 par Emmanuel Macron de la « réarticulation » de l’opération Barkhane.

Pour combler le vide laissé par ce dispositif qui a pris le relai de l’intervention Serval depuis 2014 pour combattre les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ou à l’Etat islamique, Bamako a renforcé sa coopération avec la Russie, faisant appel à des « instructeurs » russes considérés comme des mercenaires de la compagnie militaire privée Wagner par plusieurs diplomates et médias occidentaux.

Depuis, les relations diplomatiques entre les deux pays se sont dégradées. Le Mali a dénoncé les accords militaires le liant à la France depuis 2013. En août dernier, Bamako a accusé Paris de collusion avec des groupes jihadistes et a dans la foulée réclamé une plénière aux Nations unies pour exposer ses « preuves ».

Une demande renouvelée lors du passage du ministre des Affaires étrangères malien au Conseil de sécurité, en marge de la réponse au rapport du Secrétaire général de l’Onu sur la situation politique et sécuritaire au Mali. Par la voix de son représentant permanent à l’Onu, la France a qualifié ces accusations de « diffamatoires et mensongères ».

Les engins explosifs improvisés : l’autre arme des jihadistes au Sahel

Dans la guerre non conventionnelle que mènent les mouvements jihadistes au Sahel, leurs munitions explosives hantent les forces qui les combattent sans relâche.Il ne se passe pas un mois sans que les engins explosifs improvisés (EEI) ne fassent tristement parler d’eux au Sahel central couvrant le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Les convois des différentes forces qui y combattent les groupes jihadistes risquent à tout moment de rouler sur ces minutions dissimulées sur les routes ou encore les pistes.

Prohibées à l’échelle internationale, après l’entrée en vigueur de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, le 1er  mars 1999, ces armes sont à classifier en trois grandes catégories : les EEI déclenchés par la victime selon le mécanisme d’une mine terrestre, les engins à temporisation programmés pour exploser à un moment précis et les engins télécommandés dont la charge explosive est déclenchée par la pression délibérée ou non du commutateur.

« L’usage d’un type ou un autre dépend de la cible. Quand c’est par exemple pour frapper la force Barkhane, dont les patrouilles sont plus protégées contre cette menace avec le blindage des véhicules ou le brouillage électronique, les jihadistes ont recours à des techniques différentes de celles utilisées contre les Forces armées maliennes », explique Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes.

Depuis le début de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) en 2013, les engins explosifs improvisés ont tué au moins 93 Casques bleus (chiffre de juin 2022).

Un rapport de la Minusma, arrêté au 31 août dernier, a recensé 245 attaques aux EEI en 2021 et 134 en 2022 pour 103 morts en 2021 contre 72 en 2022. « Presque les trois quarts des victimes se trouvent dans les rangs de l’armée malienne et des forces internationales, plus du quart parmi les civils », souligne le document.

« Le recours aux engins explosifs improvisés n’est pas un phénomène nouveau dans le Sahel. Cette pratique remonte à longtemps. Il y a de plus en plus d’EEI car ils sont désormais faciles à fabriquer », indique M. Nasr, journaliste à France 24.

En fait, le savoir-faire pour ce type d’armes s’est propagé comme une traînée de poudre. « Il y a une dizaine d’années, les groupes terroristes actifs dans le Sahel ne disposaient que de manière marginale de l’expertise technique nécessaire à la mise au point d’EEI. C’est avec l’émergence du conflit libyen et la chute de l’État islamique en Syrie et au Levant (qui a provoqué un exil de combattants vers le continent africain) que cette compétence s’est diffusée au Sahel », avance Solène Jomier, chargée de recherche au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grip).

« Il faudra un jour aussi pointer les responsabilités de certains grands commerçants de toutes ethnies et de députés ou élus locaux dans la constitution des filières d’importation d’engrais et de matériels explosifs miniers dont une grande partie a été volée et vendue en connaissance de cause
aux groupes armés terroristes. Il est inconcevable de voir que les pays sahéliens sont négligents dans le suivi de ces matières alors que les gens meurent dans leurs usages », fustige une source à Amanar-Advisor, cabinet de conseil en intelligence stratégique installé à Strasbourg, en France.

« L’arme du pauvre »

Les groupes jihadistes opérant au Sahel s’adaptent à leurs moyens logistiques pour poursuivre leurs desseins. Dans cette partie de l’Afrique aride, couvrant une superficie de  5,4 millions km2, il y a « une relative facilité d’accès aux matières premières pour la confection d’engins explosifs improvisés, un transfert de compétences via d’abord des forums et messageries cryptées puis grâce à l’avènement des messageries comme WhatsApp », note notre interlocuteur à Amanar-Advisor.

Ce dernier assure que « le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim ou Jnim en arabe) a démocratisé la pratique en l’adaptant aux réalités sahéliennes, montrant une forme d’ingénierie sur le sujet grâce à des artificiers de talent. Le Gsim a importé au Sahel les savoir-faire des talibans (Afghanistan) ».

Le moindre coût des éléments qui entrent dans la préparation des engins explosifs improvisés en fait « l’arme du pauvre », soutient Wassim Nasr, avant d’ajouter que les jihadistes utilisent aussi « les explosifs de militaires capturés » au combat.

Toutes choses qui font que « les EEI sont une façon simple et abordable pour les groupes terroristes de causer des pertes à leurs ennemis sans pour autant risquer la vie de leurs propres hommes. On est clairement dans un schéma de conflit asymétrique. Ces engins, par leur discrétion et leur relative imprédictibilité, participent à nourrir la stratégie de peur de ces groupes, qui cherchent à instiller un sentiment profond d’insécurité parmi les populations civiles et les forces de sécurité de l’État », remarque la chercheure du Grip.

Les engins explosifs improvisés produisent donc un effet psychologique en ce sens qu’ils installent une crainte permanente chez les cibles potentielles en les maintenant sous pression. « Il suffit d’avoir un EEI sur une route pour la bloquer pendant un moment. Le soupçon seulement ralentit la progression de l’ennemi. S’il y a une attaque jihadiste dans un endroit, l’évolution du convoi des militaires sera beaucoup plus lente
avec la prise en compte du risque de rouler sur des EEI », analyse Wassim Nasr.

Quels moyens de lutte ?

Par la force des choses, « les engins explosifs improvisés sont devenus le mode opératoire privilégié des groupes jihadistes au Sahel. Moins coûteux en hommes et en matériels que des attaques armées coordonnées, les EEI permettent à ces groupes de poursuivre leur stratégie de terreur à moindre frais », constate Solène Jomier.

Face à la récurrence des incidents liés aux EEI, précise-t-elle, la Minusma met en œuvre « une série d’actions afin de minimiser les risques et de limiter le nombre de victimes. Elle s’est notamment dotée d’équipes spécialisées dans la détection d’EEI. On citera notamment les contingents cambodgiens, au sein de la mission, qui ont une renommée internationale en la matière ».

Pour cette chargée de recherche au Grip, « l’introduction d’équipes formées a amélioré la détection et la neutralisation de ce type d’engins. En 2014, à l’orée de l’émergence de l’utilisation des EEI, la mission ne trouvait en moyenne que 11 % d’engins avant leur explosion. Ce chiffre est monté à 50 % en 2020, alors même que les attaques de ce genre étaient beaucoup plus fréquentes ».

Toutefois, soutient-elle, « ce travail de fourmi, très fastidieux et difficile, complique la tâche de la mission au quotidien, en particulier ses patrouilles, dont la fréquence régulière aide à prévenir les attaques contre les civils ».

À l’évidence, les pays sahéliens en proie au jihadisme ont tous des capacités limitées pour atténuer la menace des engins explosifs improvisés. Pour autant, on ne peut pas encore qualifier cet espace de champ de mines. « Pour le dire, il faut avoir un territoire complètement inaccessible. Ce n’est pas actuellement le cas au Sahel. Il faudrait aussi avoir des engins qui résistent au temps », estime M. Nasr, auteur du livre État islamique, le fait accompli.

Burkina : Le Capitaine Ibrahim Traoré à Djibo

Pour sa première sortie officielle à l’intérieur du pays, le président Ibrahim Traoré a choisi Djibo, ville sous blocus des groupes jihadistes.

En tenue de guerre, le capitaine Ibrahim Traoré s’est rendu, samedi 05 novembre 2022, sur la ligne de front pour « porter du réconfort » aux soldats basés à Djibo (nord), qui ont subi une attaque jihadiste le 24 octobre dernier, rapporte la Présidence du Faso, ce lundi en début de soirée. L’attaque revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) avait coûté la vie à 10 soldats, selon l’armée qui avait affirmé avoir tué au moins 18 terroristes.

« Félicitations pour le travail abattu, beaucoup de courage pour la suite », a dit le capitaine Traoré au personnel du 14e Régiment interarmes de Djibo avec qui il a échangé sur les conditions de travail avant de leur demander de garder le cap. « Partout où le devoir va nous appeler, partout où les populations auront besoin de nous, nous irons. Nous allons reconquérir tout le territoire », a soutenu le Capitaine Ibrahim Traoré, kalachnikov en bandoulière.

Le président Traoré a promis que les soldats déployés depuis « plus de 2 ans » dans cette ville, constamment victime d’exactions des jihadistes, seront relevés afin de leurs « permettre d’aller se ressourcer pour être plus efficaces ».

Première destination officielle du président de la transition à l’intérieur du pays, Djibo est assiégé par des insurgés islamistes. Les populations ont été ravitaillées en vivres les 2 et 3 novembre dernier. Le 26 septembre, un convoi humanitaire en route pour cette ville de la région du Sahel avait été la cible d’une attaque à Gaskindé, revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al Qaida. Elle avait officiellement fait 37 victimes dont 27 militaires, 70 conducteurs de camions restent disparus, selon leur syndicat.

L’attaque de Gaskindé avait précipité chute du lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, renversé par le capitaine Ibrahim Traoré alors qu’il venait de boucler huit de transition après avoir lui-meme déposé Roch Marc Christian Kaboré en janvier dernier.

Burkina : Des proches de l’ex-président Damiba arrêtés

Des procédures judiciaires ont été enclenchées contre trois officiers de l’armée Burkinabè, proches de l’ancien président déchu, le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba.

Les capitaines Sidsoré Ouédraogo Hassan Diallo et Charles Ouédraogo, qui avaient accompagné le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba à Lomé depuis le putsch du 30 septembre, ont été mis aux arrêts par les autorités togolaises et remis à celles du Burkina. Ces officiers sont des pilotes qui avaient évacué Damiba vers le Togo à bord d’un aéronef de l’armée et n’étaient plus revenus au pays.  

Des procédures judiciaires sont en cours à leur encontre, affirme une source au sein de la justice militaire, jointe par APA. L’Agence d’information du Burkina (AIB) précise qu’ils sont « accusés de vol d’aéronef, de désertion et de préparer un complot contre les nouvelles autorités Burkinabè depuis leur terre d’exil ».

« Des messages interceptés par les hommes du Président Ibrahim Traoré auraient trahi les trois capitaines sur leurs intentions d’en découdre avec les nouvelles autorités. Ce qui a poussé Lomé à les renvoyer dans leur pays », a pour sa part, écrit la radio privée, Oméga Fm.

Le capitaine Sidsoré Ouédragodo est celui qui avait lu la déclaration du coup d’Etat du lieutenant-colonel Damiba, le 24 janvier 2022, marquant la fin du pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré, premier président démocratiquement élu du pays.

Des sources concordantes voient la main du président déchu, Paul-Henri Damiba derrière les agissements des capitaines, alors que l’une des conditions de son exil à Lomé est justement qu’il ne tente « rien qui puisse déstabiliser les nouvelles autorités ».

Au lendemain de sa chute, le lieutenant-colonel Damiba s’en était pris au nouvel homme fort du pays, le capitaine Ibrahim Traoré et à ses camarades, les accusant d’avoir pris le pouvoir pour « des motivations individualistes et subjectives ». De leur côté, ces derniers avaient expliqué la destitution de Damiba par ses « choix hasardeux qui ont progressivement affaibli le système sécuritaire » du pays, en proie aux exactions des groupes jigadistes depuis 07 ans.

Le capitaine Traoré, 34 ans, conduit une transition de 21 mois, à compter du 02 octobre 2022, selon une Charte adoptée en mi-octobre par les forces vives de la Nation. 

Burkina: le capitaine Traoré échappera-t-il à la tentation Wagner ?

Les pays de l’Ouest sont décidés à barrer la route à la compagnie militaire privée russe, Wagner suspecté de se rapprocher des nouvelles autorités burkinabè.Ouagadougou fera-t-elle appel à la compagnie privée russe Wagner pour vaincre les jihadistes ? Ce n’est pas envisageable, selon la sous-secrétaire d’Etat américaine, chargée des Affaires politiques.

Au terme d’une visite effectuée au Burkina Faso le 20 octobre dernier dans le cadre d’une tournée qui l’a également menée en Mauritanie et au Niger, Victoria Nuland affirme en avoir discuté avec le capitaine Ibrahim Traoré, investi président de la transition après son coup d’Etat du 30 septembre dernier contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, lui-même à l’origine du renversement du président Roch Marc Christian Kaboré, huit mois plus tôt. « Le capitaine Traoré n’a aucune intention de faire appel à Wagner », a rapporté la diplomate américaine, lors d’une conférence de presse en ligne.

A la veille de cette rencontre entre le chef de l’Etat burkinabé et l’émissaire américaine, le parlement européen avait conseillé « aux autorités burkinabè de ne pas recourir au groupe Wagner pour former leur armée ou parvenir à la stabilité », affichant leur préoccupation quant aux « activités du groupe russe dans la région du Sahel ».

Selon la résolution du parlement européen adoptée le 14 octobre et consultée par APA, « un groupe d’entreprises russes a écrit aux chefs du coup d’Etat au Burkina Faso pour proposer de former l’armée dans la lutte contre le terrorisme », rappelant que « le recours à des entreprises militaires privées telles que le groupe Wagner va à l’encontre de l’objectif d’apporter la paix, la sécurité et la stabilité au Burkina Faso et au Sahel ». Cette pression exercée par les pays de l’Ouest sur les nouvelles autorités de Ouagadougou semble bien motivée par une volonté d’éviter la reproduction du schéma malien chez son voisin du sud.

Dans un contexte de retrait de la force française Barkhane de leur pays après près d’une décennie de guerre contre les jihadistes, les militaires qui gouvernent le Mali depuis mai 2021, neuf mois après un premier coup d’Etat contre Ibrahim Boubacar Keita, ont fait recours à des « instructeurs »  ou « mercenaires » russes pour inverser la tendance dans la lutte contre les insurgés islamistes affiliés à Al Qaïda ou à l’Etat islamique.

Cependant, pour la sous-secrétaire d’Etat américaine, les activités de Wagner au Mali ont contribué à détériorer la situation sécuritaire dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Ces mises en garde des partenaires occidentaux du Burkina Faso n’ont pas empêché le capitaine Traoré d’effectuer son premier voyage au Mali. À la fin de son séjour de quelques heures, l’officier subalterne a déclaré avoir échangé avec le Colonel Assimi Goita « sur comment renforcer la coopération militaire et comment protéger les populations » de leurs pays, notant « le plus important, c’est le défi sécuritaire » auquel font face les deux Etats qui partagent plus de 1000 kilomètres de frontières.

En revanche, pas un seul n’a été consacré à l’option Wagner qui ne manque pourtant pas de soutiens dans son pays.

Précisant que le Burkina Faso est déjà en partenariat avec la Russie depuis les années 60, le premier ministre de la transition, Me Apollinaire Jean Kyelem de Tambela a rappelé lors de sa première prise de parole, qu’il ne n’est pas question pour son pays de « se laisser dominer par un partenaire quelconque ». « Nous négocierons avec tous les partenaires en ayant en vue l’intérêt d’abord du Burkina Faso. Si nous estimons qu’un partenaire n’est pas loyal avec nous, nous attirerons son attention. S’il persiste dans son comportement, nous reverrons nos relations avec ce partenaire. Ça doit être clair pour tout le monde », avait-il clairement dit. Le 20 octobre, son patron a assuré à Victoria Nuland que « seuls les burkinabè défendront leur pays ».

Cette stratégie est matérialisée par une vaste campagne de recrutement de plus de 3000 militaires et de 50 000 Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP). Mais jusqu’à quand, d’autant plus que les attaques jihadistes qui sont à l’origine de deux coups d’Etat au Burkina Faso en moins d’un an, continuent de plus belle dans le Nord et dans l’Est du pays.

Sécuriser la région des trois frontières pour pacifier le Nord du Burkina ?

Les autorités burkinabè, à défaut de redonner vie au G5 Sahel, sont condamnées à nouer une alliance stratégique avec le Mali pour pacifier la partie Nord de leur pays.À l’instar de son prédécesseur, le 3 septembre dernier, le capitaine Ibrahim Traoré a réservé sa première visite à l’étranger, mercredi 2 novembre, au Mali voisin. Le président de la transition burkinabè a été, à cet effet, reçu par son homologue malien, le colonel Assimi Goïta, au pouvoir depuis le 24 mai 2021, suite à l’éviction du colonel-major Bah N’dao et de son Premier ministre Moctar Ouane.

Au terme de sa rencontre avec le chef de la junte malienne, le capitaine de 34 ans a déclaré avoir échangé avec son hôte « sur comment renforcer la coopération militaire et comment protéger les populations ». Parce que « le plus important » pour le capitaine Traoré, « c’est le défi sécuritaire » auquel font face leurs deux États partageant « une large frontière de 1200 kilomètres » dans le « Liptako-Gourma ».

« La zone des trois frontières ou le Liptako-Gourma est partagée entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Elle s’étend sur 370.000 km2. Au Burkina, le Liptako-Gourma couvre 19 provinces », explique le Burkinabè Wendpouiré Charles Sawadogo, observateur des mouvements jihadistes sahéliens.

Dans le pays des Hommes intègres, la région du Sahel, qui comprend quatre provinces, est la plus affectée par les activités des groupes jihadistes. « D’ailleurs, la première attaque terroriste sur le sol burkinabè, en 2015, a été commise dans cette zone », rappelle M. Sawadago, soulignant qu’ « à partir de cette attaque, la région du Sahel regroupant l’Oudalan, le Séno, le Soum et le Yagha a été complètement déstabilisée pour ensuite contaminer le Centre-Nord et l’Est
du pays ».

Du 1er  juin 2017 au 15 avril 2021, la branche sahélienne de l’État islamique a revendiqué 62 attaques au Burkina contre 59 au Mali et 24 au Niger. Le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim), affilié à Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), y est aussi actif. Présent essentiellement dans la région du Sahel, ce groupe jihadiste est responsable des attaques meurtrières contre les forces de sécurité burkinabè et assiègent plusieurs villes, dont la plus en vue ces dernières semaines est Djibo, à moins de 100 kilomètres de la frontière malienne.

Pour Ouagadougou, il est donc important « d’être solidaires et de rester unis dans cette lutte ». C’est un impératif pour les nouvelles autorités burkinabè dans un contexte de retrait du Mali du G5 Sahel. En effet, Bamako a annoncé en mai dernier son départ de cette organisation et de sa force conjointe pour protester contre le refus qui lui est opposé d’assurer la présidence de cette alliance régionale anti-jihadiste créée en 2014 avec le Burkina, le Tchad, le Niger et la Mauritanie. Le 14 juin, une note confidentielle fuitée du chef d’État-major des armées maliennes annonce le désengagement de ses 1400 militaires en service au poste de commandement à Bamako, au fuseau Ouest (à Néma, en Mauritanie) et au fuseau Centre (à Niamey), à partir du 30 juin.

Par conséquent, faute d’inviter le Mali à « assumer ses responsabilités et jouer son rôle » au sein du G5 Sahel, comme le réclamait le ministre nigérien de la Défense, au sortir d’une audience avec le lieutenant-colonel Damiba, les nouvelles autorités burkinabè tableraient sur une nouvelle alliance à l’image de ce qui se fait avec Niamey.

Depuis le 10 juin 2021, le Burkina et le Niger mènent une opération conjointe appelée « Tanli » (cohésion, en langue gullamanchema parlée dans l’Est du Burkina). L’objectif est de sécuriser la bande-frontière entre les deux pays. Selon Ouagadougou et Niamey, cela passe nécessairement par la neutralisation des partisans des groupes jihadistes d’un côté comme de l’autre de leurs frontières communes.

À l’issue de la phase 3 de cette opération, une centaine de jihadistes auraient été tués et une quarantaine de suspects interpellés. Mais d’après Wendpouiré Ch. Sawadogo, ces « succès sont minces puisque le Mali n’est pas partie prenante de l’opération ». Or, pour cet observateur des mouvements jihadistes, « le Burkina ne pourra jamais pacifier son septentrion sans la sécurisation de la zone des trois frontières » dont « la vulnérabilité est aussi la conséquence d’une absence de prise en considération des besoins basiques des populations ».

Joe Biden annonce l’exclusion du Burkina Faso de l’AGOA

Washington justifie sa décision par l’absence de progrès vers un retour à la démocratie dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui a connu deux coups d’Etat militaires depuis début 2022.Les Etats-Unis vont exclure le Burkina Faso de son accord commercial avec le continent africain, « African Growth Opportunities Act (AGOA, sigle anglais) », a annoncé ce mercredi la Maison Blanche.

« J’ai pris cette décision car j’ai déterminé que le gouvernement du Burkina Faso n’a pas mis en place ou fait des progrès continus en vue d’établir le respect de l’Etat de droit et du pluralisme politique », éléments nécessaires dans le cadre de l’AGOA, a annoncé le président Joe Biden dans une lettre adressée au Congrès américain.

Le Faso a connu de fin janvier à fin septembre 2022 deux coups d’Etats militaires. Le 30 septembre dernier, le capitaine Ibrahim Traoré a renversé le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, lui-même tombeur de Roch Kaboré huit mois plus tôt. Les officiers ont justifié leur coup de force par l’aggravation de la situation sécuritaire, exacerbée par les exactions des groupes armés non étatiques et le déplacement de prés de deux millions de personnes.

Suite au putsch de janvier 2022, le Millennium Challenge Corporation (MCC) avait annoncé la suspension de son Compact au Burkina, à compter de juillet 2022, jusqu’à nouvel ordre. Il avait indiqué que les putschs « constituent un ensemble d’actions incompatibles avec les critères utilisés pour déterminer son éligibilité à ladite assistance ». Ainsi, Ougadougou a perdu une subvention de 450 millions de dollars qui devaient être investis dans le secteur de l’énergie.

Depuis 2013, le Burkina fait face à une instabilité politique et institutionnelle, doublée d’une crise sécuritaire et humanitaire.

Mali: le président de la transition burkinabè entame sa visite

Le capitaine Ibrahim Traoré a été accueilli par son homologue malien, le colonel Assimi Goïta.Clap de début de la tournée du président de la transition du Burkina Faso au Mali ! Le capitaine Ibrahim Traoré est arrivé, mercredi après-midi à Bamako, pour une visite d’amitié et de travail.

Le nouvel homme fort de Ouagadougou a été accueilli à l’aéroport international président Modibo Keïta de Bamako-Sénou par le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta, en présence du Premier ministre par intérim, Abdoulaye Maïga, du président du Conseil national de Transition (CNT), le colonel Malick Diaw, et des membres du gouvernement.

« Dans l’optique d’améliorer la sécurité de nos populations respectives, le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition du Faso et moi avons eu cet après-midi des échanges fructueux autour des défis majeurs qui impactent la paix et la stabilité de nos Etats », a écrit sur Twitter le colonel Goïta.

Le capitaine Traoré effectue sa première sortie officielle à l’étranger depuis sa désignation comme président du Faso, à l’issue des Assises nationales tenues vendredi 14 octobre 2022.

Son prédécesseur, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, avait également effectué sa première visite officielle à Bamako, en septembre dernier. L’ancien président de la transition avait rencontré le colonel Assimi Goïta avec qui il avait discuté de la nécessité pour leurs deux pays d’œuvrer ensemble pour vaincre les groupes jihadistes qui déstabilisent le Sahel central depuis plusieurs années.

La Cédéao a-t-elle gagné la partie face aux putschistes ?

Les juntes militaires au Mali, au Burkina Faso et en Guinée ont accepté une transition de deux ans après un bras de fer avec la Cédéao.La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) n’entend pas se plier face aux putschistes de la région. Au moment où certains appellent à sa réforme, l’institution régionale travaille à mettre fin à l’épidémie de coups d’Etat, cinq au total, qui a touché, en l’espace de deux ans, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée.

Le président en exercice de l’institution régionale, le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló, qui a lui-même failli être renversé en février dernier dans une tentative de putsch, avait évoqué cinq mois plus tard à Paris, en France, l’idée de la création d’une « force anti-putsch », sans toutefois en dévoiler les modalités concrètes.

Toutefois, la Cédéao a réussi à imposer un agenda de deux ans aux juntes militaires malienne, burkinabè et guinéenne. Mais ces dernières ont gagné beaucoup de temps avant d’accepter de s’aligner sur les 24 mois exigés par la Cédéao.

Au Mali, où le président Ibrahim Boubacar Keïta a été évincé en août 2020 par un groupe de militaires dirigé par le colonel Assimi Goïta, les autorités de transition avaient présenté un calendrier de cinq ans, suscitant une réaction indignée de la Cédéao qui a sanctionné le pays par un embargo entre janvier et juillet 2022. Le pouvoir malien a été obligé de revenir sur sa décision puisque le colonel Goïta allait signer en juin un décret pour fixer à 24 mois la durée de la transition, « à compter du 26 mars 2022 », avec en perspective l’organisation des élections en février 2024.

Des putschistes qui tiennent parole ?

En visite à la mi-octobre à Bamako, la sous-secrétaire d’Etat américaine aux affaires politiques, Victoria Nuland, constate que les autorités maliennes tiennent jusqu’à présent leurs promesses d’organiser les élections présidentielle et législatives à date échue. « Je vais répéter ce que j’ai dit au Mali, à savoir que jusqu’à présent, d’après ce que nous avons pu vérifier, le gouvernement intérimaire malien tient son engagement de respecter le calendrier convenu pour les élections en 2024 », a affirmé la diplomate américaine.

Au Burkina, un pays du Sahel victime comme le Mali de la violence jihadiste, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a dirigé en janvier 2022 le commando qui a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré. S’il s’était accordé avec la Cédéao de mener une transition « raisonnable (…) de 24 mois à compter du 1er juillet 2022 au 1er juillet 2024 », M. Damiba ne restera que huit mois comme chef de la junte burkinabè. Victime à son tour d’un coup d’Etat mené par le capitaine Ibrahim Traoré, âgé de 34 ans, il est contraint à la démission dimanche 2 octobre avant de se réfugier à Lomé, au Togo.

Dès sa prise du pouvoir, le jeune capitaine burkinabè s’est engagé à respecter la durée de la transition conclue avec la Cédéao par son prédécesseur. Après avoir été désigné chef de l’Etat lors des Assises nationales organisées du 14 au 15 octobre dans la capitale Ouagadougou, Ibrahim Traoré a signé la Charte de la transition de 21 mois, « à compter du 2 octobre 2022 ». Il respecte ainsi ses engagements d’un retour des civils au pouvoir en juillet 2024 à l’issue d’une élection présidentielle.

Menacée de sanctions par le président en exercice de la Cédéao, la Guinée est rentrée tardivement dans les rangs. En effet, la junte qui dirige ce pays depuis le coup d’Etat du 5 septembre 2021 contre le président Alpha Condé, a accepté de rendre le pouvoir aux civils au bout de deux ans en lieu et place des trois ans prévus. « Dans un compromis dynamique, les experts de la Cédéao et de la Guinée ont conjointement développé un chronogramme consolidé de la transition étalé sur 24 mois », se réjouissait en octobre dernier l’organisation régionale dans un communiqué.

La sécurité, l’autre défi de la Cédéao

Toutefois, le chef de la junte guinéenne, le colonel Mamadi Doumbouya, a précisé que ce calendrier prendrait effet à compter du 1er janvier 2023, soit un peu plus de deux ans après sa prise du pouvoir. La Cédéao n’a pas validé cette décision unilatérale de Conakry. Le calendrier devrait être présenté au prochain sommet de l’organisation régionale, prévu avant la fin de l’année, « pour son approbation afin de déclencher sa mise en œuvre », affirme la Cédéao.

Traitée de « syndicat de chefs d’Etat » par une partie de l’opinion publique ouest-africaine, la Cédéao est appelée à se réformer par d’autres pour mieux prendre en compte les aspirations des peuples ouest-africains surtout au point de vue sécuritaire. En effet, le contexte géopolitique dans la région est marqué par la percée des groupes jihadistes et des réformes constitutionnelles contestées dans certains pays dont l’objectif est de permettre au président sortant de se maintenir au pouvoir. Selon plusieurs observateurs, ces situations expliquent la survenue des coups d’Etat ces deux dernières années au Mali, au Burkina en Guinée.

« Fondamentalement, il me semble que la Cédéao ne doit pas simplement s’intéresser aux aspects politiques. Elle doit aussi s’impliquer dans la sécurisation du territoire. Sur ce point, il n’y a pas jusqu’à présent d’indications claires de la part des organes de la Cédéao pour montrer qu’en tant qu’organisation régionale, comme elle l’avait fait pour le Liberia et la Sierra Leone, elle s’implique vraiment militairement dans la recherche de la paix et la sécurité au Burkina Faso. Si cela ne se fait pas, il va être maintenant difficile d’exiger à ces militaires d’organiser des élections dans » des délais raisonnables pour un retour des civils au pouvoir dans leurs pays respectifs, explique à APA Ibrahima Kane, spécialiste des questions régionales.

Burkina : Hommage aux victimes de l’insurrection populaire, 08 ans après

Le Premier ministre Me Apollinaire Kyelem de Tambela a déposé une gerbe de fleurs en la mémoire des victimes de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et du coup d’Etat de septembre 2015, aux pieds du monument aux héros nationaux à Ouagadougou.

Les événements d’octobre 2014 avaient abouti à la chute de l’ancien président Blaise Compaoré, après 27 ans de règne. Quant à ceux de septembre 2015, ils ont fait échec au putsch du Général Gilbert Diendéré, fidèle du président Compaoré. 37 personnes avaient été tuées et plus de 625 autres blessées au cours des deux événements politiques du pays.

Représentant le président Ibrahim Traoré, le Premier ministre a fait observer une minute de silence à la mémoire des victimes, avant de procéder au dépôt de gerbes de fleurs au pied du monument, suite à l’épellation, par ordre alphabétique, des noms des victimes, devant le monument des héros nationaux.

En dehors des membres du gouvernement, des autorités coutumières et religieuses, des blessés et des parents de victimes ont pris au cérémonial. Huit ans après les faits, les doléances sont les mêmes et ils ont exhorté les militaires au pouvoir depuis le coup d’Etat du 30 septembre dernier contre le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, à avoir un regard sur leur « situation qui traîne » selon eux.

« Nous avons attendu depuis maintenant huit ans. Il y a eu des promesses, des décrets qui ont été signés pour aider les blessés à recouvrer la santé, mais rien n’a été fait », se désole Dramane Ouédraogo, Président d’honneur des blessés de l’insurrection populaire. Il précise que depuis 2015, des blessés ont été evacués pour des soins de santé plus appropriés à l’étranger et n’ont plus bénéficié de suivis après leur retour. « Ceux qui ont été soignés au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo de Ouagadougou sont dans l’impossibilité de poursuivre les soins, parce qu’il y a un désintéressement total de l’État concernant ces choses. Nous sommes déçus », déplore M. Ouédraogo.

Blessé lors des évènements d’octobre 2014, Constant Bassolé appelle l’équipe du Capitaine Ibrahim Traoré à agir pour lui permettre de recouvrer totalement la santé. « L’Etat doit nous prendre en charge comme il se doit. S’il ne le font pas, ils ont failli. Et ceux qui viennent d’arriver si eux aussi, ils ne le font pas, ils ont eux aussi failli à leur mission. Nous, nous voulons être soignés », estime M. Bassolé.

Dans une déclaration, l’Unité d’action syndicale (UAS), le principal regroupement syndical a exigé « la lumière sur les auteurs et commanditaires des tirs contre les manifestants des 30 et 31 octobre 2014, la vérité et la justice sur les crimes économiques et de sang, la sécurisation des populations, la prise de mesures sérieuses contre la vie chère, l’arrêt des atteintes aux droits et acquis des travailleurs et le respect des décisions de justice ».

Une dizaine de personnes, dont le général Gilbert Diendéré et le général Djibril Bassolet, ancien chef de la diplomatie burkinabè, ont été condamnés à des peines de 10 à 20 ans de prison dans le cadre du coup d’État manqué de septembre 2015.

Quant au procès de l’insurrection populaire, il n’a pas encore eu lieu.

Burkina : au moins 13 soldats tués dans une embuscade

Les groupes armés non étatiques ont encore fait des victimes dans les rangs de l’armée Burkinabè.Une patrouille du détachement militaire de Natiaboani, dans l’Est du Burkina Burkina Faso, est tombé dans une embuscade tendue par des hommes armés, hier samedi, a appris APA. 

L’incident s’est produit à hauteur du village de Katamboari, au Nord de Fada N’Gourma. Le bilan provisoire et non officiel de est de 13 soldats et de 2 supplétifs civils de l’armée tués, rapportent plusieurs sources concordantes jointes par APA.

Elles décrivent « une embuscade très violente » qui aurait fait des dégâts matériels importants. « Les assaillants ont aussi emporté du matériel militaire », ajoutent nos sources.

Cette attaque intervient cinq jours après celle qui a visé le 14e régiment interarmes de Djibo et qui a coûté la vie à 10 militaires. Selon l’État-major, la riposte à cette attaque avait permis de neutralisés 18 terroristes.

Le Burkina Faso est confronté depuis setp ans à une insurrection des groupes armés terroristes. Ils ont fait plusieurs milliers de victimes et entraîné le déplacement de près de deux millions de personnes.

Burkina : le Gsim libère des prisonniers à Djibo

La ville de la région du Sahel pourrait connaître un regain de violence après la libération de plusieurs dizaines de prisonniers par des jihadistes affiliés à Al Qaïda au Maghreb islamique.Sans surprise, le groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim) revendique l’attaque du 24 octobre dernier contre une base de l’armée burkinabè à Djibo. Le groupe jihadiste affirme, jeudi 27 octobre, dans sa revue hebdomadaire avoir tué plus de dix « tyrans » et fait « des dizaines de blessés ». L’État-major des armées a reconnu avoir perdu 10 militaires dans cette attaque, précisant que « les éléments du 14e régiment interarmes (RIA) ont vaillamment riposté aux assaillants venus en nombre important ».

Selon l’armée burkinabè, « 18 corps de terroristes ont été dénombrés au cours des opérations de ratissage ». Pertes sur lesquelles l’organisation jihadiste n’a pas communiqué, préférant mettre en avant la « libération de 67 prisonniers » qu’elle qualifie de « musulmans ordinaires ».

Une vidéo non encore authentifiée, diffusée jeudi 27 octobre, montre des hommes censés être les prisonniers libérés par l’aile burkinabè de l’alliance jihadiste née de la fusion de quatre organisations proches d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Les jihadistes ont assiégé la ville de Djibo depuis plusieurs mois, la rendant inaccessible par voie terrestre. Dernièrement, les convois de ravitaillement organisés par les autorités, pour assister les habitants coupés du reste du pays, ont été attaqués par les insurgés islamistes, occasionnant des morts parmi les forces de sécurité et des civils.

Le 26 septembre dernier, un convoi d’approvisionnement à destination de Djibo est tombé dans une embuscade jihadiste à hauteur du village de Gaskindé. Un bilan de l’armée faisait état de 37 morts dont 27 militaires et 10 civils dans cette attaque qui a précipité la chute du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, renversé vendredi 30 septembre par le capitaine Ibrahim Traoré alors qu’il venait de boucler huit mois à la tête de la transition après son coup d’État de janvier dernier contre Roch Marc Christian Kaboré.

Burkina : Le capitaine Ibrahim Traoré ne veut pas de Wagner

L’armée a appelé à la mobilisation populaire et lancé le recrutement de 3 000 militaires de rang et de 50 000 supplétifs pour lutter contre le terrorisme.Le président de la transition Ibrahim Traoré compte d’abord sur les compatriotes pour vaincre les jihadistes. Appelant de moins en moins les troupes françaises à l’aide face aux groupes armés terroristes, le pays tourne le dos cette fois, aux mercenaires russes de la compagnie Wagner.

Le Capitaine Traoré n’a « aucune intention d’inviter Wagner», selon Victoria Nuland, diplomate américaine qui l’a rencontré la semaine dernière, rapporte l’agence Reuters. «Il a été sans équivoque en disant que seuls les Burkinabè défendront leur pays», a-t-elle confié lors d’un point de presse. Victoria Nuland est sous-secrétaire d’Etat chargée des affaires politiques aux Etats-Unis. Elle a effectué une tournée en Afrique de l’ouest, qui l’a conduite au Burkina jeudi 20 octobre.

Les partenaires occidentaux craignent, en effet, que le Burkina Faso ne suive l’exemple du Mali voisin qui, à la fin de l’année dernière, a recruté des combattants mercenaires du groupe russe Wagner, selon plusieurs medias et diplomates occidentaux, pour aider son armée à combattre les insurgés islamistes.

Parmis les soutiens du putsch du 30 septembre, figurent des pro-russes. Pour manifester leur soutien au coup d’Etat du capitaine Traoré, des centaines de personnes ont paradé dans les villes avec des drapeaux russes appelant à un renforcement de la coopération militaire avec le Kremlin. Le patron du groupe Wagner avait félicité les tombeurs du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, en appelant au respect de la « légitimité » du pouvoir. Dans la foulée, les États-Unis avaient mis en garde contre toutes velléités des nouveaux hommes forts du pays de s’attacher les services des mercenaires russes.

La sécurité s’est détériorée depuis l’entrée de Wagner au Mali, des violations des droits ont été signalées et des soldats de maintien de la paix des Nations Unies ont été expulsés, a déclaré Nuland, qui vient de rentrer aux États-Unis après une tournée en Afrique de l’Ouest. L’arrivée des mercenaires russes a davantage isolé le pays Assimi Goïta sur la scène internationale.

La diplomate américaine a averti que l’insécurité mettrait à l’épreuve le processus de transition, mais a déclaré qu’« au moins les civils responsables de l’élection semblent maintenir les préparatifs sur la bonne voie ».

 Au cours des assises nationales tenues le 14 octobre dernier, les forces vives ont désigné le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition pour une durée de 21 mois. 

Burkina : le Premier ministre dégage les priorités du gouvernement

Le gouvernement de Me Apollinaire Kyelem de Tambéla fait de la lutte contre le terrorisme sa principale priorité, à l’image du capitaine Ibrahim Traoré.La Transition Burkinabè va au pas de course. A peine nommés hier mardi, les membres de l’exécutif ont échangé avec le Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré et pris langue avec ses priorités, mercredi 26 octobre 2022, à la Primature.

La première mise en garde vient du chef du gouvernement, chantre du « Sankarisme », lui-même. « C’est un gouvernement de combat qui a été formé. Ce n’est pas un gouvernement de diner gala», prévient Me Apollinaire Kyelem de Tambéla.        

Il indique que l’action de son gouvernement va concourir à l’atteinte de trois principaux objectifs. « Le premier objectif, le principal et le prioritaire, c’est la sécurisation du territoire », affirme le Premier ministre. Chaque burkinabè peut y contribuer, soutient-il. 

L’armée a lancé de recrutement de 3 000 militaires de rang et de 50 000 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) pour faire face aux exactions des groupes djihadistes qui occupent environ 40% du territoire.

Le second volet touche à « l’amélioration de la qualité de vie des Burkinabè », pour que chacun « puisse vivre de façon agréable dans son environnement », souligne le chef du gouvernement. Il insiste sur le « pouvoir d’achat ». En mai et en août 2022, le prix du carburant avait connu des hausses successives, entrainant une augmentation générale des produits de première nécessité, du coût des transports en commun. Le taux d’inflation est passé de 7,2% en janvier 2022 à 17,8% en juin 2022, soit une hausse de 10% en six mois, de loin le plus fort taux d’inflation de la zone UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), selon l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD).

Enfin, l’équipe de Me Kyelem de Tambéla compte « améliorer le système de gouvernance » en questionnant les causes de « l’instabilité politique » au Burkina Faso. 

Le pays a connu deux coups d’Etat en moins de 08 mois. En fin janvier 2022, le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba a renversé Roch Kaboré, premier président démocratiquement élu du pays. En fin septembre, il est déposé par le capitaine Traoré.

Le pays fait face à une insurrection djihadiste depuis 07 ans, rendant les pouvoirs politiques vulnérables.

Burkina : 35 000 VDP supplémentaires seront recrutés

Ouagadougou a lancé le recrutement de 35 000 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) supplémentaires pour lutter contre les groupes jihadistes.Les nouvelles autorités burkinabè veulent en finir avec les jihadistes. En plus du recrutement de 15 000 Volontaires pour la défense de la Patrie  (VDP) lancé lundi 24 octobre, les nouveaux maitres de Ouagadougou sont à la recherche de 35 000 autres supplétifs dans les communes.

Le communiqué du colonel Boukari Zoungrana, commandant de la Brigade de Veille et de Défense Patriotique (BVDP) en date du mardi 25 octobre indique que « la mission dévolue à ces VDP communaux est de protéger aux côtés des Forces de défense et de sécurité, les populations et les biens de leurs communes ».

Cette vaste campagne de recrutement s’inscrit dans le cadre « de la nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme du capitaine Ibrahim Traoré », avait commenté un officier de l’armée burkinabè contacté par APAnews. « Cette stratégie est peaufinée autour de la Force spéciale anti-terroriste, basée sur une remobilisation de toutes les forces combattantes, en l’occurrence des volontaires », avait-il ajouté.

Les VDP ont été créés en novembre 2019, par le président Roch Kaboré, dans un contexte de recrudescence des attaques jihadistes dans le septentrion du pays. En  septembre 2022, la loi portant création des auxiliaires des forces de défense a été modifiée, en vue de mieux prendre en charge leurs préoccupations.

Depuis l’accession au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré par un coup d’Etat contre le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, des attaques jihadistes dans le nord du pays ont fait au moins 18 morts parmi les soldats burkinabé et 4 VDP.

A l’occasion de son investiture vendredi 21 octobre, le capitaine Traoré a assuré que « notre objectif est de reconquérir les parties du territoire occupées et de donner un nouveau souffle aux populations, rappelant que « la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire du pays était le motif de l’intervention des militaires dans la conduite des affaires d’Etat le 24 janvier ».

Le putsch du 30 septembre dont il est le chef d’orchestre a visé à rectifier le tir face « aux dérives du lieutenant-colonel Paul Henri Damiba ».

Burkina : Un gouvernement de 23 membres dont d’anciens ministres sous Damiba

Après la nomination du Premier ministre, vendredi dernier, le président Ibrahim Traoré continue de mettre en place les organes de la transition.Le gouvernement de la Transition a été dévoilé, mardi soir, à la télévision nationale. L’équipe de Me Apollinaire Kyelem de Tambéla compte 23 membres dont 20 ministres et trois ministres délégués.

Cinq ministres sous le lieutenant-colonel Paul-Henri Damida ont été reconduits. Il s’agit de Olivia Rouamba aux Affaires étrangères, de Dr Robert Kargougou à la Santé, de Jean Marie Traoré à la Coopération régionale, de Aminata Zerbo à la Transition digitale et du « bouillant » syndicaliste Bassolma Bazié à la Fonction publique. Il est d’ailleurs « bombardé » ministre d’Etat.

Le gouvernement compte deux ministres d’Etat. L’autre est un militaire, le colonel-major Kassoum Coulibaly qui est en charge de la Défense.

Les hommes en treillis ont fait la part belle aux civils. En plus du colonel-major, seulement trois autres sont membres de l’exécutif dont le Boukaré Zoungrana, nommé ministre de la Sécurité. « L’homme a la confiance des militaires », commente Obissa Juste Mien, journaliste. En effet, c’est la 3e nomination du colonel sous le MPSR (Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration), la junte au pouvoir depuis janvier dernier. En février 2022, il avait été nommé gouverneur du Centre-est, avant commandant de la Brigade de veille pour la défense patriotique (BVDP) fin aout.  

La parité n’a pas été respectée, comme exigée par plusieurs organisations féminines. Seulement cinq femmes font leur entrée dans l’équipe gouvernementale. A côté de la diplomate Olivia Rouamba et de l’informaticienne Aminata Zerbo, on note la présence de la magistrate Bibata Nébié au portefeuille de la Justice, de l’administratrice civile Nandy Somé à l’Action humanitaire et à la Réconciliation nationale et de Fatoumata Bako, ministre déléguée chargée du Budget.

Le gouvernement brille également par sa jeunesse. A commencer par le ministre de l’Economie, des Finances et de la Prospective, Dr Aboubacar Nakanabo. Il est inspecteur des impôts, expert en fiscalité internationale. Aussi, Jean Emmanuel Ouédraogo, journaliste et présentateur vedette de la télévision nationale, est nommé ministre de la Communication, des Arts, de la Culture et du Tourisme.

Le nouveau gouvernement effectue sa rentrée des classes, ce mercredi 26 octobre, selon des sources concordantes à APA. Les ministres recevront leurs lettres de mission et les consignes du capitaine Ibrahim Traoré investi président de la transition après son coup d’Etat du 30 septembre contre le lieutenant-colonel Damiba, lui-même tombeur du civil Roch Marc Christian Kaboré en janvier 2022. 

Les liens du nouveau Premier ministre britannique avec l’Afrique

L’ex-ministre de l’Économie a été nommé lundi dernier chef du gouvernement britannique, quatrième occupant du poste depuis 2016.Les Indiens le revendiquent peut-être, mais le nouveau Premier ministre du Royaume-Uni, Rishi Sunak, a des liens profonds avec l’Afrique dont très peu ont parlé depuis qu’il a été confirmé comme le prochain homme politique en charge du « Number 10 Downing Street » (siège du Bureau du Premier ministre).

A 42 ans, cet homme politique formé à Oxford est le plus jeune Premier ministre de Grande-Bretagne après Robert Jenkinson, qui a occupé ce poste entre 1812 et 1827.

Il a été confirmé comme le quatrième Premier ministre du Royaume-Uni depuis 2016, son prédécesseur immédiat, Mme Truss, n’ayant tenu que 45 jours du fait d’une succession de politiques économiques désastreuses qui ont rendu sa position de Premier ministre de plus en plus intenable.

Avec plus de 150 députés soutenant sa candidature au poste de Premier ministre, M. Sunak a battu sa rivale Penny Mordaunt, qui n’a pas pu réunir le seuil de 100 soutiens au sein du Parti conservateur pour l’empêcher d’avoir une deuxième chance pour le poste.

Depuis lors, on parle beaucoup de cet homme marié et père de deux enfants. Les parents de Sunak sont d’origine indienne et ont quitté le Kenya pour s’installer en Grande-Bretagne dans les années 1960.

Avec un père né au Kenya et une mère née en Tanzanie voisine, les liens de Sunak avec l’Afrique ont montré à quel point la politique britannique a évolué depuis l’époque où la seule place pour les noirs et les métis était en marge de la société britannique de l’après-guerre.

Les parents de Sunak ont émigré en Grande-Bretagne au milieu d’un exode sauvage d’immigrants d’Inde et d’autres pays du Commonwealth qui a commencé à la fin des années 1940.

Il est né à Southampton le 12 mai 1980, une année mémorable pour la Grande-Bretagne, où le Premier ministre conservateur Margret Thatcher a exercé son influence sur la politique du pays, marquée par les grèves, et sur la guerre coûteuse contre l’Argentine, dirigée par une junte, pour les îles Falkland (les îles Malouines), deux ans plus tard.

L’ancien chancelier de l’Echiquier (ministre des Finances et du Trésor) sous Boris Johnson de 2020 à 2022 a hérité des défis de Liss Truss pour ramener l’économie britannique en difficulté vers des climats plus calmes et combler le fossé qui divise le parti conservateur au pouvoir, qui talonne le parti travailliste dans les sondages d’opinion.

C’est la raison pour laquelle M. Sunak n’a exprimé aucun désir de répondre à l’appel des travaillistes à organiser des élections générales et à tester la popularité des conservateurs au pouvoir.

Entre-temps, c’est un curieux coup du sort que Sunak, qui avait prédit la catastrophe d’un programme de réduction des impôts inspiré par Truss lorsqu’ils se sont affrontés pour les votes au poste de Premier ministre en septembre 2022, soit maintenant destiné à les réparer alors que le temps ne joue pas en sa faveur.

S’exprimant pour la première fois depuis qu’il est clair qu’il sera Premier ministre, l’ancien homme d’affaires a déclaré qu’il faudrait du temps pour s’attaquer aux pièges de l’économie et stabiliser à nouveau la livre sterling (monnaie britannique) après avoir connu une période torride ces deux derniers mois.

Une série de politiques économiques peu judicieuses, résumées dans un mini-budget proposant des réductions d’impôts, l’abolition du taux supérieur d’imposition de 45%, des réductions de l’impôt sur le revenu de base et la suppression des droits de timbre, entre autres, ont fait chuter les marchés financiers et la livre sterling a atteint des niveaux sans précédent au début du mois d’octobre.

Cette situation a précipité la chute de Mme Truss après seulement 45 jours de mandat et a donné lieu à des tractations en coulisses pour savoir qui devait la remplacer.

L’homme politique originaire de Southampton a perdu le vote au profit de Truss le mois dernier, mais a rapidement réalisé un retournement de situation quelques semaines plus tard, lorsque le Premier ministre britannique a connu la plus courte durée de vie (du 6 septembre au 25 octobre 2022).

Le reste du monde a depuis été fixé par les profondes divisions au sein du parti conservateur qui, en l’espace de six ans, a dû changer de Premier ministre, passant de David Cameron à Theresa May, Boris Johnson, Liss Truss et Rishi Sunak.

La tâche urgente de Rishi Sunak est non seulement de combler les divisions au sein du parti conservateur, mais aussi de surmonter la tempête économique causée par les mesures désastreuses prises par son prédécesseur et de restaurer la place de la Grande-Bretagne en tant que nation respectée en Europe et dans le reste du monde.

Comme on pouvait s’y attendre, l’Inde s’est enflammée à l’annonce de l’imminence de la nomination de M. Sunak au poste de Premier ministre, après avoir parcouru un long chemin depuis une relative obscurité politique jusqu’à devenir l’homme politique le plus puissant de Grande-Bretagne.

En tant que Premier ministre d’origine asiatique, certaines chaînes de télévision indiennes se sont réjouies de voir l’un de leurs fils « s’élever au-dessus de l’empire’ et assister avec plaisir à la boucle de l’histoire en Grande-Bretagne ».

Il y a quelques mois, l’opinion de Sunak sur une société ouverte a été relativisée lorsqu’il a exprimé son désir ardent de voir la réputation de la Grande-Bretagne comme le pays le plus sûr et le plus agréable au monde pour être gay.

Bien que les sondages d’opinion menées il y a deux ans l’ont hissé au rang de Chancelier britannique le mieux noté depuis Denis Healey, sa popularité a depuis légèrement diminué en raison de ce qui est perçu comme une réponse inadéquate à la période économique éprouvante que traverse la Grande-Bretagne.

Burkina : 10 soldats tués et une cinquantaine de blessés dans une attaque jihadiste

Les groupes armés non étatiques continuent de faire des victimes dans les rangs de l’armée Burkinabè. »Des hommes armés ont attaqué la ville de Djibo, lundi 24 octobre 2022, vers 4:30. Aucun bilan disponible », alertent des sources concordantes, sans aucune précision. D’autres font état « d’attaques complexes contre des positions de l’armée à Djibo » dont le « bilan serait alarmant ».

En début de soirée, l’armée informe que c’est la base du 14e Régiment interarmes (RIA) de Djibo, dans le nord du pays, qui a fait face à une attaque jihadiste.

« Le bilan provisoire établi fait état de 10 militaires tombés au cours des combats et d’une cinquantaine de blessés qui ont été pris en charge », précise le Chef d’état-major général des armées.

Il ajoute que les éléments du 14e RIA ont « vaillamment » riposté aux assaillants, venus « en nombre important ». Des renforts aériens ont été déployés.

« Au moins 18 corps de terroristes ont dénombrés au cours des opérations de ratissage », peut-on lire dans la note officielle.

La ville de Djibo est assiégée par des jihadistes appartenant à la branche locale du Groupe de soutien  à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) lié à Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), la rendant inaccessible. 

Fin septembre 2022, un convoi humanitaire en route pour Djibo avait été la cible d’une attaque terroriste. Cette attaque, revendiquée par le Gsim, a officiellement fait 37 victimes, dont 27 militaires. 70 conducteurs de camions sont comptés disparus, selon leur syndicat. La même attaque avait précipité la chute la chute du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba et le « couronnement » du capitaine Ibrahim Traoré, nouvel homme fort du pays.

Depuis 2015, le Burkina Faso fait face des exactions des groupes armés terroristes.

Burkina : Recrutement de 15 000 volontaires pour lutter contre le terrorisme

A la suite de militaires de rang, le l’armée burkinabè lance le recrutement de supplétifs civils.Le capitaine Ibrahim Traoré, officiellement investi Président de la Transition, met en place sa stratégie de lutte contre les groupes armés non étatiques.

Le pays a lancé le recrutement de 15 000 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), dans un communiqué signé, lundi 24 octobre 2022, par le commandant de la Brigade de veille pour la défense patriotique (BVDP), le Colonel Boukari Zoungrana.

Ce recrutement s’inscrit « dans le cadre de la mobilisation populaire de défense du territoire national contre le terrorisme », précise la note consultée par APAnews.

Les candidats doivent être Burkinabè, « patriote de bonne moralité » et avoir 18 ans et plus. Ils doivent aussi postuler avant le 04 novembre prochain. Les nouvelles recrues « prendront part aux opérations militaires sur le théâtre national », précise le colonel Zoungrana.

L’annonce intervient, moins de 10 jours, après le lancement de recrutement de 3 000 militaires de rang au profit des forces armées nationales.

Un officier à confié à APAnews que cette campagne de recrutement entre dans le cadre de la nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme du capitaine Ibrahim Traoré. Celle-ci est peaufinée autour de la Force spéciale anti-terroriste (FORSAT), basée sur une remobilisation de toutes les forces combattantes, notamment des Volontaires. « Ils seront désormais mieux formés (02 à 04 semaines de formation militaire), mieux équipés, mieux organisés et mieux payés », assure-il.

Vendredi dernier, le président Traoré avait reçu à la Primature, son quartier général, le commandement militaire à qui il avait fait part de sa nouvelle vision de lutte contre les groupes armés terroristes.

Les VDP ont été créés en novembre 2019, par le président Roch Kaboré, dans un contexte de recrudescence des attaques terroristes. En septembre 2022, la loi portant création des auxiliaires des forces de défense a été modifiée, en vue de mieux prendre en charge leurs préoccupations.

Depuis 2015, le Burkina fait face à une insurrection terroriste, qui a causé des milliers de victimes et entraîne le déplacement de près de 2 millions de personnes.

Burkina : Apolinaire Kyelem de Tembela, un « sankariste » à la Primature

Au soir de son investiture, le président de la Transition Ibrahim Traoré a choisi un avocat pour diriger son gouvernement.L’avocat et président du Centre de recherches internationales et stratégiques (CRS), Me Apolinaire Joachim Kyelem de Tembela, 64 ans, a été nommé, vendredi 21 octobre 2022, Premier ministre, selon un décret signé par le capitaine Traoré. 

Cette nomination intervient quelques heures seulement après la prestation de serment suivie de l’investiture du capitaine Ibrahim Traoré en qualité de président de la Transition, prévue pour prendre fin en juillet 2024. 

Il devrait former dans les plus brefs délais un gouvernement, conformément à la vision du président Traoré qui insiste sur l’urgence de renverser la situation sécuritaire et humanitaire préoccupantes.

Le choix de l’homme de droit est une surprise d’autant plus qu’en mi-octobre, il a appelé le capitaine Traoré à ne pas mettre en place un gouvernement et à diriger par ordonnance. 

« Pour moi, il n’y a pas quelqu’un d’autre qui peut assumer le pouvoir d’Etat plus que le capitaine Ibrahim Traoré. Moi, je souhaiterai qu’il n’y ait meme pas de Premier ministre. Qu’il assume Thomas Sankara. Il légiféra par ordonnance ; là, les choses iront vite. Parce que nommer un Premier ministre crée un intermédiaire entre le gouvernement et le président. Ce qui croit les lourdeurs administratives », philosophait le nouveau chef de gouvernement.

Analyste politique, il est chroniqueur de la célèbre émission de la télévision privée BF1, dénommée « Press Echos ». Il est connu pour être prolixe dans les débats intellectuels, faisant des rappels historiques et beaucoup de références au président Thomas Sankara.   

Le journaliste Nicolas Bazié le qualifie de « nostalgique de la révolution sankariste ». 

« J’étais ici (à Ouagadougou) quand cela s’est déclenché le 04 aout 1983. Nous étions organisés en groues, par cellules de soutien à la révolution. Et le président Thomas Sankara voulait que je travaille dans son cabinet, mais moi, je tenais à poursuivre mes études », se rappelle Me Apolinaire Joachim Kyelem de Tembela. 

En 1982, quand éclatait la Révolution, avec Ablassé Compaoré, un proche de Sankara, ils ont créé le Club des étudiants juristes de l’Université de Ouagadougou (CEJUO) pour, dit-il, « sensibiliser et éveiller les consciences ».

En 1983, alors étudiant à Nice, Me Kyelem et des camarades créent et animent le Comité de défense de la révolution (CDR) qui, à son avis, deviendra « le plus dynamique » de France. Il est auteur du livrel « Thomas Sankara et la Révolution au Burkina Faso: une expérience de développement auto centré », paru aux Esitions Harmattan. Dans cet ouvrage, l’auteur fait une synthèse complète et très bien documentée de la révolution burkinabè, incarné par le capitaine Thomas Sankara, tué en octobre 1987.

Parmi les nombreux soutiens au nouveau régime, figurent des partisans d’une coopération avec la Russie et pour le départ de la France. Ce qui n’est forcément pas le cas du chef de l’équipe sur laquelle compte le jeune capitaine de 34 ans pour redresser la barre. 

Dans une interview, début octobre, au doyen des quotidiens, L’Obervateur Paalga, le nouveau Premier ministre avait montré sa méfiance visi-à-vis de Moscou. 

« Je suis pour la diversification (des partenaires) mais pas pour le départ de X ou Y. ce qu’il faut, c’est la banalisation de notre partenariat avec la France pour qu’elle ne soit pas dominatrice. (…) La Russie est plus exploiteuse que la France ; demandez des nouvelles à la Somalie, à l’Ethiopie et à l’Angola », disait le natif de Koupéla, à 138 km à l’est de Ouagadougou. 

Le capitaine Traoré a renversé le 30 septembre, le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, lui-même tombeur du président civil et élu du Burkina, Roch Marc Christian Kaboré en janvier dernier. 

Burkina: le capitaine Traoré nomme un Premier ministre

La formation d’un gouvernement est imminente au Burkina Faso.Investi president de la Transition ce vendredi 21 octobre, le capitaine Ibrahim Traoré à nommé un Premier ministre en début de soirée. 

Le nouvel homme fort de Ouagadougou a porté son choix sur Me Apollinaire Jean Kyelem de Tembela pour diriger le premier gouvernement de la phase 2 de la transition au Burkina Faso. 

Vendredi 30 septembre, le capitaine Traoré à renversé le lieutenant-colonel Paul-Henri  Sandaogo Damiba, lui-même auteur d’un coup contre Roch Marc Christian Kaboré, neuf mois plus tôt.

[Live – Burkina] L’investiture du Capitaine Traoré, minute par minute

APAnews suit à la minute près la cérémonie d’investiture du Capitaine Ibrahim Traoré, désigné chef de l’Etat du Burkina Faso suite à l’adoption d’une charte de transition par les Assises nationales des 14 et 15 octobre.

Une soixantaine de personnes vont assister, ce vendredi 21 octobre, à l’investiture du capitaine Traoré. Il s’agit de Présidents d’institutions, de militaires et paramilitaires, de représentants de partis politiques et d’Organisations de la Société Civile. L’ensemble du corps diplomatique n’a pas été convié. « Le président souhaite que la cérémonie soit sobre », selon un officier proche du nouveau président.

100h00. Burkina (21 octobre 2022): Le capitaine Ibrahim Traoré est arrivé au Conseil constitutionnel.

COP27 : la Francophonie veut « inspirer le changement »

La 27e Conférence des Nations unies sur le climat (COP27) est prévue en novembre prochain au pays des pharaons.Les 88 États et gouvernements membres de l’Organisation internationale de la francophonie préparent leur participation à l’édition 2022 de la Conférence des Nations unies sur le climat (COP27) qui se tiendra à Charm el-Cheikh, en Égypte, du 6 au 18 novembre 2022. Ils comptent y défendre leurs priorités en matière d’atténuation, d’adaptation et de mobilisation de ressources pour faire face au changement climatique.

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) annonce également sa présence afin de soutenir les efforts de ses pays membres et des partenaires mais également pour faire valoir son action climatique.

« Sous le thème Inspirer le changement, le Pavillon de la Francophonie présentera les initiatives locales et nationales en lien avec la mise en œuvre des engagements nationaux en matière de lutte contre les changements climatiques », rapporte l’organisation dans un communiqué reçu ce jeudi à APA.

Le texte souligne qu’en marge de la COP27, la Francophonie organisera le 9 novembre une Concertation ministérielle autour de « L’accès facilité à la finance climat en faveur des pays francophones : synergies et initiatives ». Cette rencontre vise à favoriser une solidarité francophone pour des solutions et des initiatives pertinentes qui réduisent les obstacles à l’accès accru à la finance climat en Francophonie.

« L’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD) déploie des actions de renforcement de capacités, d’information, de concertation et d’appui à des projets concrets de développement durable (en énergie et en environnement pour le développement durable) », conclut le communiqué.

Covid-19 : la vaccination stagne en Afrique (OMS)

Le nombre de doses mensuelles de vaccin contre la Covid-19 administrées en Afrique a diminué de plus de 50%, rapporte l’OMS.Entre juillet et septembre 2022, l’analyse de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) montre que le pourcentage de personnes ayant reçu une série de primovaccination complète contre le nouveau coronavirus a à peine bougé dans 27 des 54 pays africains.

Même si l’Afrique est loin d’atteindre l’objectif mondial de fin d’année consistant à protéger 70% de la population, des progrès modestes ont été réalisés dans la vaccination des groupes de population à haut risque, notamment les personnes âgées.

Par exemple, en septembre dernier, 23 millions de doses ont été administrées, soit 18% de moins qu’en août, et 51% de moins que les 47 millions de doses administrées en juillet. Le nombre de doses administrées le mois dernier représente également environ un tiers du pic de 63 millions de doses atteint en février 2022.

Toutefois, l’OMS observe des signes d’amélioration ce mois-ci, avec 22 millions de doses administrées au 16 octobre 2022, soit 95% du total administré en septembre.

De manière générale, au 16 octobre 2022, seuls 24 % de la population du continent avaient terminé leur série de primovaccination, alors que la couverture est de 64 % au niveau mondial.

Le Libéria a maintenant rejoint l’île Maurice et les Seychelles comme l’un des trois pays ayant dépassé les 70% de personnes avec une couverture vaccinale complète. Le Rwanda est aussi sur le point de franchir ce cap.

« La fin de la pandémie de Covid-19 est à portée de main, mais tant que l’Afrique sera loin derrière le reste du monde pour atteindre une protection globale, il y aura une faille que le virus pourra exploiter dangereusement pour revenir en force », a déclaré ce jeudi la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

S’exprimant ce jeudi au cours d’une conférence de presse, Dr Moeti a soutenu que la plus grande priorité est de protéger nos populations les plus vulnérables des effets les plus désastreux de la Covid-19. « Sur ce plan, a-t-elle indiqué, nous constatons quelques progrès. Les pays redoublent d’efforts pour renforcer la couverture chez les travailleurs de la santé, les personnes âgées et celles dont le système immunitaire est affaibli ».

D’après les données de 31 pays, au 16 octobre 2022, 40% du personnel de santé africain avait terminé leur série de primovaccination. Ces dernières données se basent sur les estimations en termes de taille de la population par pays au lieu des chiffres précédents qui utilisaient les estimations du personnel de santé de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Dans 15 de ces pays, plus de 70% des travailleurs de la santé ont été entièrement vaccinés, contre 27% au début de l’année. 31% des adultes âgés (de 50 à 65 ans et plus selon les limites d’âge fixées par les pays) ont été entièrement vaccinés selon les données de 27 pays, soit une augmentation de 21% par rapport à janvier 2022.

« Après des débuts difficiles, le partenariat Covax a donné de bons résultats, assurant un approvisionnement régulier de l’Afrique en vaccins contre la COVID-19. Aujourd’hui, nous sommes victimes de notre propre succès. Comme les vaccins ont contribué à faire baisser le nombre d’infections, les gens ne craignent plus la Covid-19 et sont donc moins disposés à se faire vacciner », a conclu la patronne de l’OMS pour l’Afrique.

Burkina : le capitaine Ibrahim Traoré sera investi vendredi

Le jeune capitaine de 34 ans remplace le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba à la présidence de la transition.Le Conseil Constitutionnel a annoncé, ce mercredi, dans un communiqué que l’audience solennelle de prestation de serment du capitaine Ibrahim Traoré en qualité de président de la transition est fixée au vendredi 21 octobre 2022 à 10h.

Le vendredi 14 octobre dernier, les forces vives de la nation ont tenu des assises nationales, à l’issue desquelles elles ont choisi, à l’unanimité, le capitaine Traoré, président de la transition et adopté une Charte de la transition.

Deux semaines plus tôt, à la tête de plusieurs mutins réclamant plus de matériels pour affronter les groupes jihadistes, Ibrahima Traoré, 34 ans, a renversé le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba.

Exilé au Togo voisin, le tombeur de Roch Kaboré, le 24 janvier dernier, avait affirmé, dans une vidéo de 6mn21, avoir quitté le pouvoir « devant les risques de divisions et de fractures » au sein de l’armée et pour préserver « l’intérêt supérieur du Burkina ».

Les neuf membres du Conseil constitutionnel ont donc dit « prendre acte de la démission » du lieutenant-colonel Damiba. Ils ont également « constaté officiellement » la vacance de la présidence de la transition depuis le 2 octobre.

« Conformément à la Charte de la transition, Ibrahim Traoré, capitaine des Forces armées nationales, président du MPSR (Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration), président de la transition, Chef de l’État, sera investi par le Conseil constitutionnel », ajoute le communiqué de l’institution.

Au Burkina Faso, le changement de régime est intervenu les 30 septembre, 1er et 2 octobre, à la suite d’un coup d’Etat, au lendemain d’une attaque jihadiste contre un convoi humanitaire à Gaskindé, sur l’axe Bourzanga-Djibo.

Depuis 2015, le pays est confronté à des insurrections de groupes armés non étatiques qui ont fait, à la date du 30 septembre, 1.719.332 personnes déplacées.

Burkina : Près de 2 millions de déplacés internes après des attaques jihadistes

Au 30 septembre 2022, le nombre de personnes déplacées est en hausse de près de 12% par rapport la situation après nettoyage de fin avril qui était de 1 520 012 de déplacés internes, selon les données officielles, consultée par un journaliste de APAnews.Les exactions des groupes armés non étatiques accroissent, sans cesse, le nombre de personnes déplacées au Burkina Faso.

A la date du 30 septembre 2022, le pays enregistre 1 719 332 déplacés internes, selon le Secrétaire permanent du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (SP/CONASUR).

Entre le 30 avril et le 30 septembre 2022, 199 320 déplacés supplémentaires ont été enregistrés. Ainsi, le nombre de personnes déplacées internes est passé de 1 520 012 à 1 719 332.

Les enfants et les femmes constituent les plus grands lots de déplacés, soit respectivement 60.40% et 22.89%.

Les déplacés proviennent essentiellement de la province du Soum (Sahel) avec 502 299 personnes, du Sanmatenga (Centre-nord) avec 297 878 personnes et le Gourma (Est) avec 154 942 personnes.

Les provinces du Sanmatenga (Kaya), du Soum (Djibo) et du Yatenga (Ouahigouya) accueillent les gros lots de personnes déplacées. Soit respectivement 375 995, 336 127 et 170 177 PDI.

L’alimentation constitue le premier besoin prioritaire des déplacés (77.78%) alors que la sécurité vient en 5e position.

Le pays vit une crise humanitaire sans précédent, s’alarment plusieurs ONG et organisations de la société civile.

Depuis 2015, le Burkina Faso traverse une crise sécuritaire en lien avec l’activité de groupes jihadistes liés à Al Qaida où à l’Etat islamique. D’ailleurs, l’une de ces organisations, notamment le Groupe de Soutien à l’Ilslam et aux musulmans (GSIM) a attaqué, le 26 septembre, un convoi de ravitaillement à destination de la ville de Djibo a fait 37 morts dont 27 militaires et 10 civils.

Le groupe jihadiste a affirmé dans une revendication diffusée par ses canaux officiels avoir porté « un coup économique qui a provoqué un coup d’Etat », en allusion au putsch du Capitaine Ibrahim Traoré, survenu vendredi 30 septembre contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même à l’origine de l’eviction de Roch Marc Christian Kaboré en janvier dernier.