Mali – Cedeao : Faure Gnassingbé en passe de réussir son pari

Le président togolais était sollicité par les autorités de transition malienne pour jouer un rôle de médiateur avec les chefs d’Etat ouest-africains.Plus d’un mois après avoir accepté un rôle de médiateur dans la crise malienne, le président togolais, Faure Gnassingbé, a réussi à rapprocher les positions entre les militaires au pouvoir à Bamako et l’organisation régionale.

En effet, selon le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop,  les dirigeants ouest-africains ont accepté la transition 24 mois décrétée par la junte avant l’organisation des élections qui doivent permettre le retour des civils au pouvoir en mars 2024.

Si les sanctions sont toujours maintenues, souligne-t-il, c’est qu’il reste « certains détails » à finaliser comme la présentation d’un chronogramme détaillé et la mise en place d’un comité conjoint de suivi. Deux préalables qui seront réglés selon le dirigeant malien avant le sommet de la Cedeao du 3 juillet prochain. 

Si les sanctions venaient à être levées, Faure Gnassingbé, doyen des chefs d’Etat de la sous-région (17 ans au pouvoir), en tirerait à coup sûr « un succès diplomatique éclatant. »

Le président togolais; a toujours milité pour une levée des sanctions contre le Mali s’attirant la sympathie des dirigeants maliens. « Nous avons, au nom du président de la transition, sollicité le président Faure Gnassingbé (…) pour faciliter le dialogue avec les acteurs régionaux et plus largement le dialogue avec l’ensemble de la communauté internationale pour trouver un compromis pouvant nous permettre de sortir de la crise », avait déclaré M. Diop, en visite à Lomé.

Selon lui, la situation dans laquelle se trouve le Mali, « nécessite qu’on fasse preuve de génie politique », avait-il indiqué lors de sa rencontre avec le président togolais.

Un mois plus tard, un dénouement heureux est sur le point d’être trouvé dans cette crise malienne, au grand bonheur des populations.

 

 

Mali : adoption d’un nouveau calendrier de transition (officiel)

Les autorités maliennes ont officialisé ce lundi 6 juin 2022, l’adoption d’un nouveau calendrier de transition de deux ans à compter du 26 mars 2022.Ce nouveau chronogramme de vingt-quatre (24 mois) doit préparer le pays à l’organisation d’élections libres et transparentes, a annoncé le ministre porte-parole du gouvernement, Abdoulaye Maïga.

Après le coup d’Etat du 18 août 2020, contre le défunt président Ibrahim Boubacar Keïta, une transition politique de 18 mois avait été mise en place le 15 septembre 2020, dans le cadre de la charte de la transition. Une transition qui devait s’achever le 27 février 2022 avec la tenue des scrutins présidentiel et législatif .

Mais les autorités de la transition avaient invoqué l’insécurité qui règne dans certaines parties du pays, pour justifier le report des élections générales. Réunie en sommet extraordinaire le 9 janvier 2022, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), avait prononcé l’embargo contre le Mali pour sanctionner le maintien des militaires au pouvoir.

Lors de son dernier sommet extraordinaire du 4 juin à Accra (Ghana), la Cedeao avait annoncé le maintien des sanctions contre le Mali avant d’annoncer la tenue d’un nouveau sommet le 3 juillet prochain.

Ce nouveau calendrier qui vient d’être officialisé par la junte, sera-t-il accepté par les chefs ouest-africains ? L’organisation régionale préconisait une transition de 16 à 18 mois à compter de mars 2022.

D’ici là, le président en exercice de la Cedeao, Nana Akufo-Addo, le président sénégalais Macky Sall et le médiateur de la Cedeao dans le dossier malien, Goodluck Jonathan, sont attendus à Bamako dans les prochains jours. Cette visite a pour but de trouver un consensus sur la durée de transition, pomme de discorde, entre la junte au pouvoir et les chefs d’Etat ouest-africains.

Mali : colère et déception à Bamako contre la Cedeao

Colère et amertume sont les sentiments les mieux partagés à Bamako, la capitale malienne, après le maintien de l’embargo de la Cedeao.« C’était vraiment le sommet de l’espoir. Ce fut vraiment une surprise générale », lance un confrère malien, déçu de la tournure des évènements. Beaucoup de Maliens se disent déçus de l’issue du sommet de la Cedeao du 4 juin dernier, alors qu’ils attendaient une levée des sanctions.

A Bamako, le maintien de l’embargo et le report du sommet au 3 juillet prochain, sonnent comme un coup de semonce. « On sait que le président sénégalais (Macky Sall) a mis tout son poids pour que les sanctions soient levées, mais on apprend aussi que Nana Akufo-Addo du Ghana, Muhammadu Buhari du Nigeria et Mohamed Bazoum du Niger se sont opposés à la levée de l’embargo. Les Maliens sont évidemment très déçus de la tournure du sommet, parce que la situation se tend chaque jour», ajoute notre confrère.

Dans le Grand marché de Bamako, l’embargo de la Cedeao commence à se faire ressentir au niveau des commerces. « Ici, les gens font semblant, mais la situation est devenue intenable. Le kilogramme de sucre est passé de 450 francs à 600 francs, le kilogramme de lait est passé de 2300 à 2800 francs, le riz est passé de 450 à 650 francs, pour ne citer que ces exemples »  indique Moustapha, un Sénégalais, qui vit à Bamako, depuis plus de 30 ans.

Depuis l’entrée en vigueur des sanctions le 9 janvier dernier, le Mali navigue entre inflation et pénurie. « Il faut reconnaître que les Maliens ont une capacité de résilience incroyable motivée en cela par le sens patriotique mis en avant par les militaires » souligne un confère. Mais, « il faut se demander jusqu’à quand, ils vont pouvoir tenir, parce que la situation est devenue difficile pour tout le monde. Il y a des hausses et des pénuries depuis quelques semaines dans le pays », ajoute-t-il. 

Une « colère grandissante » commence même à gagner Bamako et certaines villes du pays pour dénoncer la vie chère. Une marche est même prévue vendredi prochain dans le pays pour fustiger la « hausse des prix », selon une source locale.

Plusieurs secteurs sont paralysés et le pays marche au ralenti. Les banques, l’agriculture, l’élevage et les commerces sont les secteurs les plus impactés par les sanctions. « Les banques sont asphyxiées par les sanctions de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine). Les transactions ne peuvent plus se faire correctement, et dans un pays, quand le système financier est dérégulé, tout est paralysé », reconnaît, ce cadre, chargé de communication d’une grande banque installée à Bamako.

Les fonctionnaires payés en liquide

Le paiement des salaires par virement bancaire est pour le moment « impossible » selon un fonctionnaire qui s’est confié à APA. Le pays vit de « la mobilisation interne des ressources », selon Moussa (nom d’emprunt) fonctionnaire malien. « Tous les agents de l’Etat sont payés en liquide par le bureau de comptabilité de leur service respectif à la fin du mois », indique-t-il.

« Évidemment, la conséquence est que les banques qui avaient prêté de l’argent à des fonctionnaires sont pénalisées parce qu’elles ne peuvent plus opérer des retenues à la source. Les sanctions financières de l’Uemoa ont sérieusement touché le système bancaire. Aujourd’hui le monde est interconnecté », indique ce fonctionnaire.

La tension monte à Bamako et les prix s’envolent. A un mois de la fête musulmane du sacrifice (l’Aïd el-Kébir), les prix des ovins se sont envolés à cause de l’embargo et surtout de l’insécurité dans la région du Sahel. « Le prix des moutons a doublé au Mali en un an. Tout est devenu subitement cher à cause de la guerre et de l’embargo », explique Moustapha, qui opère au Grand marché de Bamako.

Le commerce du mouton est en péril au Mali surtout si les frontières restent fermées au-delà du sommet du 3 juillet. « Beaucoup d’éleveurs maliens sont inquiets. Le Mali ravitaille beaucoup de pays de la sous-région durant la fête de Tabaski. Actuellement, si les sanctions ne sont pas levées, les moutons maliens ne sortiront pas. Il n’y aura pas de dérogation. Pour le secteur de l’élevage, ce serait un coup terrible, puisque c’est plusieurs milliards chaque année » indique un interlocuteur.

Face à « l’orgueil » de la communauté internationale et « l’arrogance » des militaires, le peuple malien est en train de « mourir », selon l’Imam Mahmoud Dicko, personnalité incontournable du paysage politique malien. Le charismatique prêcheur, appelle les autorités de la transition et les chefs d’Etat ouest-africains à trouver un terrain d’entente pour mettre fin à l’embargo.

Dans ce contexte de crise, le prochain sommet du 3 juillet s’annonce crucial pour le Mali et la Cedeao, dont certains des chefs d’Etat adoptent des positions divergentes sur le dossier malien. 

Pour tenter de rapprocher les positions, le président en exercice de la Cedeao, Nana Akufo Addo, le président sénégalais Macky Sall et le médiateur de la Cedeao dans le dossier malien, Goodluck Jonathan, sont attendus à Bamako dans les prochains jours. Cette visite a pour mission de rechercher un consensus sur la durée de la transition, pomme de discorde, entre la junte au pouvoir et les chefs d’Etat ouest-africains.

 

 

Mali : la Minusma encore endeuillée

Deux Casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) sont morts après avoir sauté sur un engin explosif improvisé.Les victimes, dont les nationalités n’ont pas encore été révélées par la mission onusienne, faisaient partie d’une équipe en patrouille sur l’axe Douentza-Tombouctou, dans le Nord du pays. Au nombre de quatre, ils avaient été évacués et le site sécurisé, informe la Minusma. 

« Triste d’annoncer que deux des soldats blessés lors d’une attaque ce matin, non loin de Douentza, sont morts. Une semaine dure, très dure pour nous. On ne dira jamais assez la difficulté de notre tâche et l’extrême dévouement de nos Casques bleus », a écrit sur Twitter le Chef de la Minusma, El-Ghassim Wane.

Mercredi dernier, un assaut attribué à des terroristes a causé la mort d’un Casque bleu jordanien à Kidal (Nord).

Conflit ukrainien : Vladimir Poutine s’engage auprès de Macky Sall

Le chef de l’Etat russe a promis au président en exercice de l’Union Africaine (UA) de lever les restrictions sur l’exportation des céréales de son pays et de l’Ukraine.Ce vendredi 3 juin, au 100e jour de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, Macky Sall et Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union Africaine (UA), ont discuté avec Vladimir Poutine à Sotchi.

Le président en exercice de l’UA s’est félicité de l’ « entretien convivial », dans cette ville de la mer Noire, ayant débouché sur des annonces majeures : « Le président Poutine nous a exprimé sa disponibilité à faciliter l’exportation des céréales ukrainiennes. La Russie est prête à assurer l’exportation de son blé et de son engrais ».

Partant de là, le chef de l’Etat sénégalais a appelé « tous les partenaires à lever les sanctions sur le blé et l’engrais » parce que « des pays éloignés du foyer du conflit en subissent encore les conséquences ».

Dans son discours, Macky Sall a souligné que « les sanctions antirusses ont aggravé cette situation et nous n’avons plus accès aux céréales russes, principalement au blé. Et surtout, nous n’avons pas accès aux engrais. La situation était mauvaise et maintenant elle s’est aggravée, créant une menace pour la sécurité alimentaire en Afrique ».

En mars dernier, l’Organisation des nations unies (Onu) a voté une résolution pour exiger de la Russie qu’elle « cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine ». Le texte a été approuvé par 141 pays sur les 193 de l’Assemblée Générale.

Ce jour-là, 17 Etats africains faisaient partie des 35 dans le monde à s’être abstenus. « La position de l’Afrique est très hétérogène. Malgré de fortes pressions, de nombreux pays n’ont toujours pas dénoncé la position de la Russie », a tenu à préciser le président en exercice de l’UA.

Vladimir Poutine, de son côté, s’est dit heureux de voir Macky Sall et Moussa Faki Mahamat en Russie dans ce contexte international tendu.

Conflit ukrainien : Macky Sall attendu à Moscou ce jeudi

Le président en exercice de l’Union Africaine (UA) porte un message de paix car la guerre entre la Russie et l’Ukraine « pèse lourdement sur les économies » du continent noir.La paix par la diplomatie. C’est le pari du chef de l’Etat sénégalais. Sur invitation du président Vladimir Poutine, Macky Sall a quitté Dakar aujourd’hui pour se rendre en Russie. Demain vendredi, les deux hommes vont s’entretenir à Sotchi.

« Au menu des discussions, comme annoncé au chancelier allemand Olaf Scholz à Dakar le 22 mai dernier, Macky Sall réitèrera la position africaine de contribuer à l’accalmie, de travailler à un cessez-le-feu et à la paix », précise la Présidence sénégalaise de l’Union Africaine (UA).

En compagnie de Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’UA, le successeur de Félix Tshisekedi évoquera les conséquences du conflit ukrainien pour l’Afrique.

Dans ce sens, le président en exercice de l’UA, sans occulter la question de la hausse du coût des hydrocarbures, « insistera sur la nécessité de la libération des stocks de céréales et de fertilisants » en grande partie importés de Russie et d’Ukraine.

Pour l’heure, la présence de Macky Sall en Ukraine n’est pas confirmée. Mais la demande de Volodymyr Zelensky de s’adresser à l’Union Africaine a été accepté. Le président ukrainien le fera « très prochainement par visioconférence » puisque « la date et les modalités sont convenues d’un commun accord », renseigne la source.

Après sa visite à Sotchi, le chef de l’Etat sénégalais ira à Accra, au Ghana, pour participer au Sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sur la situation au Mali, en Guinée et au Burkina prévu le 4 juin.

Nord-Kivu : jusqu’où ira la crise entre la RDC et le Rwanda ?

En République démocratique du Congo, plusieurs personnes, dont l’opposant Martin Fayulu, appellent à poursuivre les manifestations commencées lundi pour « dire non au Rwanda dans son soutien avéré au M23 », le groupe rebelle qui opère à l’est du pays.Les relations de bon voisinage rwando-congolaises sont-elles compromises ? Depuis quelques jours, chaque camp accuse l’autre de soutenir des rebellions dans son pays. Les tensions sont plus vives en RDC. Dans le Nord-Kivu, située dans la partie orientale du pays, les forces loyalistes mènent des combats acharnés contre les rebelles du M23. Selon les autorités de Kinshasa, ces derniers sont soutenus par le Rwanda qui a rejeté ces accusations.

« Les effets militaires retrouvés sur place, les images détenues par nos forces armées, ainsi que les témoignages recueillis auprès de nos populations, démontrent à suffisance que le M23 est soutenu par l’armée rwandaise », a indiqué samedi 28 mai Patrick Mouyaya, porte-parole du gouvernement congolais.

Kinshasa a pris des mesures conservatoires sans toutefois rompre diplomatiquement avec Kigali. Alors que son expulsion est réclamée par la classe politique et la société civile, l’ambassadeur rwandais Vincent Karega a juste été convoqué hier mardi pour fournir des explications sur le soutien supposé de son pays aux rebelles du M23, considéré comme un groupe terroriste par la RDC.

Dans l’entretien dirigé par la vice-première ministre Eve Bazaiba, le gouvernement congolais s’est voulu être clair et concis compte tenu de la gravité de la situation. C’est ainsi que le diplomate rwandais a reçu le message de « protestation, de désapprobation et de mise en garde sévère face au comportement du Rwanda vis-à-vis de la RDC ».

Accusation contre accusation

Toutefois, Kigali a rejeté en bloc les accusations de son voisin. Profitant du sommet de l’Union africaine (UA) tenue à Malabo, en Guinée équatoriale, le ministre des Affaires étrangères Vincent Biruta a parlé « d’accusations sans fondement » et accusé à son tour la RDC de soutenir les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un autre groupe rebelle composé de réfugiés hutus rwandais partis au Congo après le génocide des Tutsis. Ce mouvement est toujours considéré comme génocidaire par Kigali et représente aujourd’hui, selon le ministre rwandais, une menace pour son pays.

En outre, M. Biruta a insisté sur le fait que le conflit avec le M23 est un « problème strictement congolais ». Pour lui, Kinshasa n’a pas négocié de manière équitable avec tous les groupes armés dans le cadre du processus de paix de Nairobi. C’est le cas probablement avec la branche du M23 dirigée par Sultani Makenga et Bertrand Bisimwa. Écartée des discussions en avril, celle-ci a récemment repris les armes. « Il y a des frustrations liées au fait que le gouvernement congolais n’a pas appliqué ses engagements au sujet de groupes armés qui tentent de déstabiliser le Rwanda », a affirmé le diplomate.

En outre, le porte-parole du gouvernement rwandais préfère s’en remettre aux mécanismes de vérifications régionaux après que Kinshasa a affirmé avoir recueilli des « effets militaires » comme preuves du soutien rwandais au M23. « Attendons de voir, il y a aura des enquêtes. Mais il ne faut pas aller dire : +voilà on a attrapé deux militaires donc cela veut dire que le Rwanda aide le M23+ », a dit Alain Mukuralinda. Ce dernier met en cause la responsabilité du gouvernement congolais sur la crise actuelle : « S’il ne règle pas les problèmes qui lui sont posés par son propre peuple, on a ce genre de réaction ».

Médiations de l’UA et de l’Angola

En revanche, les manifestations entamées depuis le début de semaine en RDC contre le Rwanda ne faiblissent pas. Ce mercredi 1er juin, une marche pacifique a été organisée dans les rues de Bukavu, une ville située non loin de la frontière avec le Rwanda, pour soutenir les efforts des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et dénoncer le supposé soutien du Rwanda au M23.

De son côté, l’opposant congolais Martin Fayulu a appelé à une marche ce vendredi 3 juin pour « dire non au Rwanda dans son soutien avéré au M23 » et soutenir en même temps les soldats des FARDC. « Ce vendredi 3 juin, nous allons marcher pour montrer à la face du monde, que nous ne sommes pas d’accord avec le Rwanda », a-t-il indiqué mardi lors d’une conférence sur la situation sécuritaire dans l’est du pays.

Par ailleurs, le président en exercice de l’Union africaine, le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, s’est dit « gravement préoccupé » par la montée des tensions entre la RDC et le Rwanda. Il a annoncé s’être entretenu avec les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame « dans la quête d’une solution pacifique du différend ». Selon certaines informations, le dirigeant sénégalais a désigné son homologue angolais, Joao Lourenco, comme médiateur dans cette crise.

Respecté dans la sous-région, ce dernier qui assure la présidence de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) entretient de bonnes relations avec Paul Kagamé et Félix Tshisekedi. A son arrivée au pouvoir il y a près de cinq ans, il a fait de la stabilité dans la région une priorité, rappellent certains analystes. « J’encourage le président Lourenço, président de la CIRGL, à poursuivre ses efforts de médiation dans ce sens », a déclaré le président Sall sur sa page Twitter.

Conflit ukrainien : Macky Sall fait encore entendre la voix de l’Afrique

Le président en exercice de l’Union Africaine (UA) a participé, ce mardi matin, à une réunion virtuelle du Conseil européen.La crise alimentaire engendrée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine était au cœur des échanges entre les membres du Conseil européen. Un organe qui définit les orientations et les priorités politiques générales de l’Union Européenne (UE).

Le chef de l’Etat sénégalais a pris part à la rencontre par visioconférence. Sur Twitter, le successeur de Félix Tshisekedi à la présidence tournante de l’Union Africaine (UA) a remercié les dirigeants européens qui l’ont impliqué dans la recherche de « solutions » à ce problème « qui impacte  l’Afrique ».

Macky Sall a assuré que « l’UA poursuivra sa concertation avec l’UE » dans ce dessein. Le président sénégalais, mandaté par l’organisation panafricaine, devrait se rendre à Moscou puis à Kiev à partir du 3 juin prochain pour y rencontrer ses homologues Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky.

Mali : forte hausse des violations des droits humains (Minusma)

Dans sa note trimestrielle transmise à APA, la Mission des Nations Unies au Mali place les groupes jihadistes et l’armée malienne au banc des accusés.Au Mali, les cas de violations des droits humains ont connu une hausse exponentielle. Elle ne s’est pas améliorée sous la transition selon les données publiées lundi par la Minusma sur les tendances des violences et atteintes aux droits de l’homme.

Les enquêteurs de l’Onu affirment avoir documenté du 1er janvier au 31 mars 449 incidents sécuritaires dans la région du Centre, 86 à Gao, 69 à Tombouctou et 37 à Ménaka. 

Selon le rapport publié lundi 30 mai, 812 civils ont été affectés par les actes de violence. Dans cette catégorie, 512 cas de meurtre, 167 enlèvements ou disparitions, 107 blessés et 55 détentions illégales ont été dénombrés.

Le document parvenu à APA indique que ces « données représentent une augmentation de 151% par rapport au trimestre précédent » durant lequel 323 civils ont été affectés par les incidents sécuritaires à l’origine desquels sont cités les groupes jihadistes, les groupes d’autodéfense et les forces de défense et de sécurité maliennes.

Dans la période sous-examen, les actes attribués aux groupes jihadistes tels que le JNIM ou « autres similaires » ont connu une hausse de 78% et concernent « 410 atteintes aux droits de l’homme, soit une augmentation de 50% des violations et atteintes documentées ».

Démenti de l’armée malienne

En outre, la Minusma affirme avoir documenté, entre janvier et mars 2022, 320 violations de droits de l’homme imputables aux forces de défense et de sécurité maliennes (FDSM) dans le cadre des opérations militaires, contre 31 au trimestre précédent. « Au total, 248 civils ont été tués parmi lesquels 18 femmes et six (6) enfants », détaille la note trimestrielle. L’essentiel des faits documentés se sont produits dans le centre du Mali.

Au sujet du massacre présumé de plus de 500 personnes à Moura, village du cercle de Djenné, dans la région de Mopti, la Minusma assure avoir « ouvert une investigation sur les informations et allégations selon lesquelles les forces de sécurités maliennes, accompagnées de personnels militaires étrangers, auraient procédé à des exécutions sommaires à de multiples violations de droits de l’homme ». L’armée malienne a démenti ces accusations, soutenant avoir mené du 27 au 31 mars une opération militaire ayant permis de neutraliser 203 combattants de « groupes armés terroristes » et d’arrêter 51 personnes. Faute d’accès à Mourra, la Minusma n’a pas encore mené une enquête sur ce qui s’est réellement passé.

Néanmoins, le dialogue avec les autorités maliennes pour le déploiement d’une mission d’enquête se poursuit. « Les conclusions de l’enquête de la Minusma feront l’objet d’un rapport public », promet la mission onusienne au Mali.

Transition au Mali : le chérif de Nioro désavoue Imam Dicko

Vingt-quatre heures seulement après la sortie de l’Imam Mahmoud Dicko indexant « l’arrogance » des militaires, le chérif de Nioro, Bouyé Haïdara, a défendu dans son sermon du vendredi 27 mai la junte, appelant les Maliens à rester unis derrière les autorités de la transition.Dans son dernier prêche, le chérif du cercle de Nioro-du-Sahel, dans la région de Kayes (ouest), a soutenu ouvertement les autorités de la transition. Il prend le contre-pied de l’Imam Mahmoud Dicko, leader des manifestations contre le régime de l’ex-président IBK, qui avait critiqué « l’arrogance » des militaires au pouvoir.

Cette sortie de Bouyé Haïdara, l’un des hommes les plus écoutés du pays, constitue un soutien de taille pour le colonel Assimi Goïta et ses hommes. Les autorités de transition sont confrontées à des crises multiformes depuis que la Cedeao a prononcé, en janvier dernier, de lourdes sanctions contre le Mali.

« Aucun pays n’aime être humilié ou vilipendé par une autre puissance quelconque, quelle que soit la richesse ou la diplomatie de cette dernière. Moi, Bouyé, ma position reste intacte face à ces dirigeants tant qu’ils continuent à sauver l’honneur et la dignité des Maliens. Nous avons été humiliés aux yeux du monde entier à travers nos propres dirigeants », a déclaré le guide religieux, de son vrai nom Mohamed Ould Cheiknè Ahmed Hamaoulah Haïdara.

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Pour lui, le Mali doit rester debout et faire bloc malgré les difficultés. « Aujourd’hui, notre pays connaît un régime militaire qui donne un nouvel élan et une nouvelle dignité à son peuple. Raison pour laquelle je réitère, une fois de plus, mon soutien et mon accompagnement à cette transition. Et je demande à mes fidèles et sympathisants de soutenir cette transition », a martelé le fils du saint Cheiknè Hamaoulah, fondateur du Hamallisme, une branche du soufisme ouest-africain qui compte des millions d’adeptes.

Cette sortie du chérif de Nioro tranche nettement avec les dernières déclarations de l’Imam Mahmoud Dicko, considéré par certains comme le nouveau chef de l’opposition malienne. Le peuple malien est « pris en otage » et il est en train de « mourir à petits feux » sous l’effet de « la propagation jihadiste et des pénuries provoquées notamment par les sanctions internationales », avait-il déclaré, le 26 mai 2022, lors de la 22ème édition du Forum de Bamako.

L’Imam Dicko avait aussi pointé du doigt « l’arrogance » des militaires qui sont à couteaux tirés avec la Cedeao sur la durée de la transition. « Le peuple malien est pris en otage par un gouvernement arrogant, je dis bien arrogant ! Et la Communauté Internationale, par leur orgueil, pense que le peuple malien doit être maintenu dans cette situation, mourir à petit feu, assailli par la famine, par l’insécurité, par le jihadisme qu’on n’arrive pas à contrôler, qu’on ne cherche pas à solutionner… »

L’influent imam, principal artisan de la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta, n’avait pas épargné la classe politique malienne presque réduite au silence face « aux dérives de la junte ». « C’est extrêmement grave : une classe politique moribonde, qui ne bouge pas, qui n’existe plus, une société civile qui a cessé d’exister, il faut le dire, et on est trimbalé, le peuple, entre des gens qui veulent une transition indéfinie (la junte) (et) des gens qui ont des principes (Cedeao) », avait-il fustigé.

Soudan : vers une décrispation de la tension sociopolitique ?

Le chef de la junte militaire soudanaise a annoncé la fin de l’état d’urgence qu’il avait instauré depuis plus de sept mois suite à son putsch.Le début de l’apaisement ? Alors que la situation sociopolitique est en ébullition au Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhane « a émis un décret levant l’état d’urgence dans tout le pays ». Il s’agit d’une main tendue « pour créer l’atmosphère nécessaire à un dialogue fructueux et significatif pour la stabilité durant la période de transition », a expliqué dimanche, dans un communiqué, le Conseil dont il est à la tête.

Depuis son coup d’État du 25 octobre, le général Burhane fait face à une forte résistance de la population. La répression a déjà fait une centaine de morts dans les rangs des manifestants pro-démocratie et des centaines d’arrestations. La situation économique du pays, l’un des plus pauvres au monde, est au bord de l’effondrement sur fond de sanctions de la communauté internationale. Celle-ci fait du retour des civils au pouvoir la condition sine qua non pour la reprise de son aide.

Mis en place en 2019, un gouvernement de transition était censé mener le pays vers ses premières élections démocratiques après trente années de dictature d’Omar el-Béchir, déposé par l’armée sous la pression de la rue. Mais cette transition a été interrompue quelques mois plus tard par al-Burhane. Il fait arrêter ses partenaires civils, limoge le gouvernement de transition et impose l’état d’urgence. Sous le feu des critiques depuis lors, le chef militaire appelle au dialogue même s’il est encore seul à la table des négociations.

Par ailleurs, la levée de la mesure d’état d’urgence intervient alors que s’ouvrait, à Khartoum, le procès de quatre manifestants, dont une icône de la contestation. Ils sont détenus depuis quatre mois pour la mort d’un général de police. Des centaines de Soudanais brandissaient leurs portraits devant la salle d’audience, selon l’AFP.

Ce procès est emblématique dans le pays où la police n’a annoncé que deux morts dans ses rangs, dont ce général de police poignardé à mort selon elle dans le chaos de la dispersion en janvier d’une des nombreuses manifestations anti-putsch. « Ce procès n’est pas seulement celui de quatre révolutionnaires, c’est celui de la révolution », a écrit le comité populaire du remuant quartier de Bourri à Khartoum, appelant à « ne pas laisser les forces contre-révolutionnaires reprendre le contrôle de l’État quoi qu’il en coûte ».

« Les risques liés à l’usage abusif des drones armés » (Chercheure)

Chargée de recherche au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité, basé à Bruxelles, Solène Jomier a répondu aux questions de APA sur l’utilisation des drones dans les conflits armés.Les drones armés sont devenus monnaie courante dans l’arsenal de guerre de beaucoup de pays. Qu’est ce qui explique le recours à cette arme ?

Il faut relativiser cette notion de « monnaie courante ». Les drones sont présents parmi l’arsenal de nombreux pays, mais les drones équipés d’armes létales, dits « drones armés », n’en sont qu’une infime partie. Sur 193 pays reconnus à l’ONU, environ une vingtaine, 26 selon l’observatoire « Drone Wars », possèdent un ou plusieurs drones armés. Le nombre de pays capables de les produire est encore plus réduit. Ceux capables de les exporter sont une poignée. Il s’agit d’un marché appelé à connaitre une croissance significative dans les prochaines années.

Les forces armées recourent aux drones car ceux-ci apportent un avantage comparatif sur le terrain : ils sont plus discrets que des avions de chasse, peuvent être mobilisés plus rapidement et sur des plus longues périodes, et ne nécessitent pas de mettre en danger la vie de troupes au sol ou celle du pilote. Ils viennent donc apporter une capacité d’action différente à l’éventail d’options déjà à la disposition des militaires. En d’autres termes, ils ne sont pas plus ou moins décisifs que d’autres armes, ils proposent simplement des modalités d’action différente.

En Afrique, des pays s’intéressent de plus en plus à ce genre d’équipements militaires dans la guerre contre les nouvelles menaces, notamment jihadistes. A votre avis, peuvent-ils être décisifs ?

Les drones armés impliquent une dimension létale. C’est-à-dire qu’on élimine physiquement des personnes et on détruit des infrastructures.

Mais le terrorisme et le djihadisme en particulier s’inscrivent dans des dynamiques politiques et sociétales complexes qui nécessitent des réponses multidimensionnelles et transversales. On est donc loin de mettre fin à ces phénomènes en se confinant à l’outil militaire.

Par ailleurs, l’usage dont en font les forces militaires est ambivalent. Une frappe de drone peut viser des individus qui représentent des menaces directes pour les États et leurs populations. La menace terroriste (et djihadiste) est bien réelle et ne doit pas être minimisée ici. Mais la lutte contre le terrorisme est également utilisée par certains États comme une forme de répression contre toute forme d’opposition politique.

Une telle pratique remet en cause la légitimité des États à recourir à la violence et à justifier leurs actions. Elle crée un climat de défiance au sein des populations. Celles-ci peuvent craindre d’être visées à tout moment par ces armes furtives, puissantes et qui semblent frapper sans distinction. Paradoxalement, cet écueil peut nourrir la popularité des mouvements terroristes et djihadistes dans ces pays, où ils sont perçus comme une forme de résistance à un État oppresseur.

Quels sont les risques liés à l’usage abusif des drones armés?

Sans même parler d’abus, les drones armés facilitent le recours à la puissance de feu comme réponse à un problème sécuritaire donné. Il devient plus simple pour une force armée d’éliminer les menaces, plutôt que de mobiliser d’autres outils de terrain, comme l’interpellation par exemple.

La multiplication des appareils à la disposition des États et donc de leur recours soulève des questions majeures en termes de risques associés.

Tout d’abord, il faut souligner un risque majeur de tuer des civils et des personnes innocentes, quel que soit le contexte. Le recours aux drones armés participe à l’érosion de la protection des civils, portant atteinte à une valeur fondamentale du droit international. Dans son rapport sur l’« Utilisation de drones armés pour des assassinats ciblés » publié en 2020, Agnès Callamard, rapporteuse spéciale de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, pointait du doigt les lacunes majeures des États en matière d’identification des cibles des frappes de drones, ce qui conduit à une multiplication des risques d’erreurs et d’exécutions arbitraires. En d’autres termes, l’usage des drones armés est associé à des victimes collatérales. Leur proportion est régulièrement sous-évaluée par les États selon les ONGs.

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Cela interroge sur la proportionnalité de ces frappes : Tuer les suspects est-il la réponse la plus adaptée ? Le coût humain, en particulier en termes de victimes collatérales, est-il acceptable au regard des bénéfices sécuritaires ?

Il faut également rappeler l’opacité autour des frappes de drones. Beaucoup ne sont pas revendiquées ouvertement par les États les conduisant, ce qui complique l’enquête, l’examen des responsabilités, l’imputabilité des personnes commettant des exactions et limite l’accès à la justice pour les victimes et leurs familles. Par ailleurs, certains États conduisent des frappes de drones armés sur des territoires étrangers sans demander l’autorisation du pays où la frappe est menée. Ces frappes ont souvent lieu en dehors d’une situation de guerre ouverte, ce qui pose problème sur le plan du respect de la souveraineté nationale.

Pour plus d’informations sur les écueils en matière des respects des droits humains et de la transparence, vous pouvez consulter ma publication https://grip.org/wp-content/uploads/2021/04/NA_2021-05-19_FR_SJ-drones-armes-RW.pdf

En Afrique, quels pays mènent la danse dans ce marché et quels sont ses points forts par rapport aux autres ?

À ce stade, les pays africains éprouvent des difficultés significatives à structurer une chaine de production complète et autonome de drones armés opérationnels. Autrement dit, personne ne produit actuellement à grande échelle ses propres drones armés en Afrique. Il faut comprendre que l’armement de drones militaires est une étape extrêmement pointue qui demande une maitrise très avancée de ce type de technologie, ainsi qu’un fort investissement pécuniaire, pour des résultats qui ne sont pas toujours au rendez-vous. Nombreux sont les pays qui développent des prototypes mais ne peuvent pas pousser plus avant leurs efforts, faute de capacités techniques et financières suffisantes. Sur le continent africain, c’est le cas de l’Afrique du Sud et de l’Algérie.

L’Afrique du Sud a testé un prototype armé en 2013, il s’agissait d’une variation du drone de surveillance « Seeker 400 » (développé par Denel Dynamics) équipée d’armes létales. Cependant, le pays ne semble pas avoir donné suite à ces efforts, se concentrant sur le développement de drones militaires de reconnaissance et de surveillance.

L’Algérie a affirmé en 2018 avoir utilisé avec succès des drones armés algériens dits « Djazair 54 » contre des caches d’armes terroristes. L’incertitude plane autour de ces appareils. L’Algérie affirme avoir produit localement ces appareils et les avoir équipés d’armes létales. Toutefois, la presse a mis en doute cette version des faits, estimant que l’Algérie n’est pas capable d’une telle production. Il s’agirait non pas d’un appareil produit entièrement par les Algériens, mais plutôt d’un appareil dérivé d’un modèle émirati, le « Yabhon 40 » qui est initialement un drone de reconnaissance et qui a été modifié pour l’occasion. Son opérabilité semble également très limitée puisque l’Algérie n’a fait que peu voire pas mention de cet appareil ces dernières années. Il s’agissait donc probablement d’un prototype utilisé pour une démonstration. À noter que l’Algérie a depuis fait acquisition de drones armés chinois (CH-3 et Ch4) ce qui soutient sa probable incapacité à produire localement.

À ce stade, les acteurs africains restent dépendants de l’offre étrangère et risquent de le rester pour les prochaines années.

Comment l’expertise locale africaine peut-elle renverser la tendance actuelle dominée par l’offre étrangère ?

Pour l’heure, le marché international des drones armés reste largement structuré autour de l’offre américaine. Les américains sont les précurseurs de ce domaine et possède la technologie la plus avancée. La Chine et la Turquie sortent également leur épingle du jeu. Israël possède des technologies reconnues en la matière mais n’a pas initié de commerce international. Les drones armés produits dans le pays vont renforcer les capacités de l’armée nationale.  

D’autres pays ambitionnent de produire voire d’exporter leurs drones armés, comme la Russie, l’Iran, l’Indonésie, la Corée du Sud, ou bien encore des pays européens (via le projet commun EuroMALE).

Étant donné les couts élevés de pénétration de ce marché, ainsi que sa très haute technicité, il y a pour l’heure peu de perspectives d’avenir pour une offre africaine.

Sahel : les drones peuvent-ils mettre fin au jihadisme ?

Le drone armé est devenu la nouvelle convoitise pour traquer les jihadistes au Sahel.Les 20 et 21 mai, un Iliouchine IL-76, immatriculé UR-FSE affrété par une compagnie ukrainienne a atterri à l’aéroport international de Niamey. Ce gros porteur avait à son bord un chargement bien particulier destiné au Niger.

Depuis novembre 2021, le président Mohamed Bazoum, arrivé au pouvoir sept mois plut tôt au pouvoir, a décidé de doter son armée de drones Bayraktar TB2 avant d’effectuer une visite de terrain à la firme Baykar au mois de mars 2022. Le Niger devient à cet effet, l’un des rares pays africains à accéder à cette nouvelle arme.

« Un système de drone armé se compose d’une console de contrôle au sol et d’un ou plusieurs appareils sans pilote (dits Unmaned Aerial vehicle – UAVs) équipés d’armes, le plus souvent de type missile ou bombe », décrit la chercheure Solène Jomier dans sa note d’analyse intitulée : « Le Marché international des drones armés : des ventes bourgeonnantes dominées par l’offre américaine », réalisée en novembre 2021 pour le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), basé à Bruxelles.

Destiné à « démocratiser les frappes aériennes à moindre coût », comme l’explique à Apa le fabricant d’armes, Serigne Mactar Bâ, le drone armé est néanmoins une denrée rare. « Sur 193 pays reconnus à l’Onu, environ une vingtaine, 26, selon l’observatoire « Drone Wars », possèdent un ou plusieurs drones armés », précise Solène Jomier, dans une interview avec Apa.

Dominé par les Etats-Unis, le marché des drones s’est ouvert ces dernières années aux chinois suivis des turcs qui se sont lancés dans ce créneau en ciblant une clientèle moins fortunée dont des pays africains. « L’intérêt de certains pays africains pour les drones Bayraktar TB2, c’est qu’ils sont beaucoup moins chers que les drones Reapers américains, beaucoup plus faciles à manier et ont besoin d’une infrastructure logistique moindre », argumente Wassim Nasr, journaliste à France24 et spécialiste des mouvements jihadistes.

Selon le journaliste Jean Dominique Merchet, spécialiste des questions militaires, « un lot de 16 Repears (du constructeur américain General Atomics) avec tous leurs équipements et la formation des personnels, coûterait 1,5 milliards de dollars, soit 1,5 milliards d’euros. Soit, 72 millions d’euros par appareil ».

Le Niger qui est devenu le 14e pays acquéreur de ce système turc, n’a pas communiqué sur les conditions d’achat du lot de 6 appareils reçus de Baykar mais on sait qu’en 2019, l’Ukraine a acheté six systèmes Bayraktar TB2 à 69 millions de dollars. Donc, accessibles pour des pays au portefeuille modeste et faisant face à des défis sécuritaires importants.

Depuis quelques années, cet Etat sahélien est en guerre contre des jihadistes affiliés à l’Etat islamique ou à Al Qaïda qui opèrent dans la partie sud de son territoire. Cette crise sécuritaire qui s’enlise, avec ses victimes militaires et civiles, met le président Mohamed Bazoum et son gouvernement dans une position de recherche de solutions pour inverser durablement la tendance.

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C’est dans cette logique que s’inscrit l’acquisition de drones armés qui ont la particularité d’être plus discrets que les avions de chasse en sus de leur capacité d’être mobilisés rapidement sur de longues périodes en préservant la vie de troupes au sol ou celle du pilote. Ces caractéristiques ont permis à ces nouveaux types d’armement de faire leur preuve dans beaucoup de combats récents. « C’est le cas en Ukraine, entre les ukrainiens et les russes. En Libye, le recours à ce même type de drones a permis au gouvernement de l’Ouest de contrer l’offensive du maréchal Khalifa Haftar pour prendre Tripoli », rappelle Wassim Nasr.

Dans la lutte contre les groupes jihadistes, les pays sahéliens comme le Niger peuvent-ils espérer le même résultat ? Wassim Nasr pense que les efforts visant à s’équiper en drones pour les armées locales, est un pas vers l’indépendance tactique. Cependant, il reste dubitatif quant à l’efficacité du Bakratar TB2 contre les groupes insurrectionnels de type jihadiste même s’il estime qu’ils peuvent être efficaces pour « cibler des colonnes ou déplacements de jihadistes en motos ».

Héni Nsaibia invite à moins d’engouement autour de ces aéronefs sans pilotes. « L’arrivée récente des drones et leur utilisation émergente par les forces locales dans la région du Sahel suscitent beaucoup d’attentes et de nombreuses personnes pensent qu’en acquérant ces moyens, forces de leurs pays pourront surveiller, détecter et détruire les ‘terroristes’ à tout moment et à tout lieu », tempère ce chercheur sénior à l’ONG Armed Conflict Location and Event Data Project (ACLED). « Ce qui est plus important pour un drone, c’est de savoir où l’envoyer. C’est l’équivalent d’une lampe torche, armée ou pas, qui éclaire une cible précise », schématise l’auteur de l’ouvrage : « Etat islamique : le fait accompli ».

Ce préalable est important pour réduire le risque de bavures auquel s’expose ses utilisateurs. C’est d’autant plus nécessaire que des puissances militaires, malgré les nombreux succès enregistrés sur le terrain, n’ont pas toujours été exempts de reproche dans l’utilisation des drones contre des cibles présumées jihadistes au Sahel.

A titre illustratif, le 3 janvier 2021, la force française Barkhane, présente au Sahel depuis 2014, a mené une opération au village de Bounti, dans le centre du Mali, tuant 21 personnes qui assistaient à un mariage. Pour l’État-major des armées françaises, les individus neutralisés appartiennent à un groupe jihadiste. Une thèse affaiblie par l’enquête de la Division des droits de l’homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) qui n’a identifié que trois jihadistes appartenant à la Katiba Serma (JNIM) sur les 21 victimes. Dans cette opération, les renseignements ont été collectés par un drone Reaper MQ-9 alors que les frappes ont été l’œuvre de Mirages 2000.

Wassim Nasr cite l’exemple d’une frappe menée par les américains dans la foulée de leur retrait de l’Afghanistan en août 2021. Un individu supposé appartenir à l’Etat islamique, soupçonné de préparer un attentat a été ciblé par une frappe de drone qui a tué au passage des civils dont un enfant.

Ces épisodes mettent en évidence ce qu’Agnès Callamard relevait dans son rapport sur « l’utilisation de drones pour les drones armés pour des assassinats ciblés ». Selon Solène Jomier, ledit rapport « pointait du doigt les lacunes majeures des Etats en matière d’identification des cibles des frappes, ce qui peut conduire à une multiplication des risques d’erreurs et d’exécutions arbitraires. À cela s’ajoute « l’opacité autour des frappes de drone ». « Beaucoup ne sont pas revendiquées ouvertement par les Etats les conduisant, ce qui complique l’enquête, l’examen des responsabilités, l’imputabilité des personnes commettant des exactions et limite d’accès pour les victimes et leurs familles », soulève la chargée de recherche au GRIP.

Souvent au banc des accusés en termes d’exactions contre les civils, les armées africaines pourront-elles relever le défi de la transparence que nécessite l’usage des drones pour des résultats efficaces sur le terrain ? Rien n’est sûr.

Quoi qu’il en soit, Héni Nsaibia recommande de ne pas se fier « aux solutions-miracles pour mettre fin aux conflits qui durent depuis une décennie ». Le chercheur sénior à ACLED est plutôt favorable à une introspection sérieuse « impliquant une combinaison d’outils comprenant des opérations de contre-insurrection, des programmes de démobilisation et d’amnistie, le dialogue et le rétablissement du contrat social avec les populations ».

Mali : l’imam Dicko charge la junte et la communauté internationale

Figure emblématique de la révolution contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keita (2013 – 2020), l’imam Mahmoud Dicko ne partage pas aujourd’hui la politique des autorités de transition et des acteurs impliqués dans la résolution de la crise malienne.L’imam Dicko refait surface. Intervenant à l’ouverture du Forum de Bamako, jeudi 26 mai, il a été appelé à se prononcer sur le thème « Femmes, paix, sécurité et développement en Afrique ». Un thème qui a fait tilt dans sa mémoire puisqu’il évoque largement la situation alarmante que traverse son pays.

Outre les violences jihadistes notées sur presque deux tiers de son territoire, le Mali est sous le coup de l’embargo de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) après le refus des autorités militaires d’organiser rapidement des élections et permettre le retour d’un pouvoir civil. Au même moment, certaines voix discordantes sont pourchassées dans le pays.

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Mais cette situation ne fait pas peur outre mesure au religieux. Il a été à la tête des manifestations qui ont emporté le régime du président IBK, renversé en août 2020 par un coup d’Etat dirigé par le colonel Assimi Goïta et ses hommes. Face au public du Forum de Bamako, l’imam Mahmoud Dicko n’a pas mis de gants pour s’indigner aujourd’hui de la gestion de la crise politique malienne.

« L’arrogance de nos dirigeants, je le dis ici, je vais sortir et ils vont m’interpeller, mais je le dirai, leur arrogance, et l’orgueil de la communauté internationale, c’est le peuple malien qui est en train de payer ça. C’est extrêmement grave », a-t-il déclaré.

Mahmoud Dicko n’a pas raté aussi la classe politique locale, qu’il trouve « moribonde », et « une société civile qui a cessé d’exister, il faut le dire ». Par conséquent, « aujourd’hui, le peuple est trimbalé entre des gens qui veulent une transition indéfinie, des gens qui ont des principes tuent au nom de ces principes », a poursuivi l’imam.

Pour lui, les acteurs doivent se départir de « l’arrogance » et de « l’orgueil » pour changer le cours des choses. « Le peuple malien, l’Afrique entière doit assister à sa destruction, à son effondrement sans lever le petit doigt ? Je crois que l’histoire retiendra cela », a-t-il dit. Il promet de reprendre la parole plus souvent pour parler de la situation du pays et « défendre les populations » malmenées par les sanctions économiques des pays voisins du Mali.

En outre, les tractations vont bon train pour la levée de ces sanctions asphyxiantes. Plusieurs observateurs ont appelé à leur levée après que la junte militaire a accepté de réduire ses prétentions de se maintenir au pouvoir jusqu’à cinq ans à vingt-quatre mois pour le moment. Dans cet élan, les chefs d’Etat de la Cedeao prévoient de tenir un sommet, le 4 juin à Accra, pour discuter du Mali et d’autres sujets d’ordre régional.

Burkina : une cinquantaine de morts dans une attaque terroriste (officiel)

Des individus armés non identifiés ont pris pour cible, hier mercredi, des habitants de Madjoari sur la route qui devait les mener à Nadiagou dans l’Est du pays.Madjoari pleure encore ses morts. Cette commune a subi, en un mois, trois assauts terroristes qui ont fait au total près de 80 décès. Le 14 mai dernier, 17 civils ont perdu la vie. Cinq jours plus tard, 11 militaires en détachement sont tombés face aux jihadistes. En outre, une vingtaine de personnes ont été blessées dans ces deux attaques.

Une nouvelle fois, les armes ont crépité à Madjoari. Dans un communiqué, publié ce jeudi, Colonel Hubert Yaméogo, gouverneur de la Région de l’Est, a annoncé un bilan provisoire d’une cinquantaine de morts, non sans dire que « des actions de sécurisation sont en cours afin de ramener la quiétude ».

Afrique de l’Ouest : qui arme les jihadistes ?

Les sources d’approvisionnement peuvent tout aussi être des marchés noirs et des réseaux de trafics locaux.C’est une question que tout le monde se pose. D’où provient l’arsenal des groupes armés jihadistes en Afrique de l’Ouest?
Dans une enquête très fouillée rendue publique ces jours-ci, l’Ong Conflict armement research (CAR) a tenté de trouver des réponses à travers le cas du sud-est du Niger.

L’enquête qui a porté sur 160 armes et plus de 6000 munitions saisies dans la région de Diffa et 20 armes récupérées dans les régions de Diffa, Maradi et Zinder identifiées, indexe « les réserves d’armement des Etats de la région et le matériel détenu par les forces de sécurité opérant dans les zones qui jouxtent le Lac Tchad » comme une « source significative, bien qu’involontaire, d’armes et de munitions pour les militants affiliés au JAS (Jama’atu Ahlu Sunna li Dahwati wal Jihad appelé Boko Haram) et l’Etat islamique en Afrique occidentale (EIAO) ».

Boko Haram est un groupe jihadiste fondé en 2002 par Mohamed Yusuf à Maiduguri, capitale de l’Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria. C’est à partir de 2009 que l’organisation a pris le nom de Jama’atu Ahslu Sunna li dahwati wal Jihad ou Jas, sous l’impulsion d’Abubakar Shekau. Le groupe fait allégeance à l’Etat islamique en 2015 et devient sa « province » en Afrique occidentale (PEIAO). Mais en aout 2016, l’Etat islamique central destitue Shekau et nomme Abu Musab al Barnawi comme nouveau gouverneur. Depuis, ces deux factions sont en guerre ouverte, occasionnant plusieurs morts d’un côté comme de l’autre.  C’est au cours de ce conflit fratricide que Shekau est mort, en mai 2021 dans son fief de la forêt de Sambisa.

La grande majorité des 185 armes récupérés auprès des jihadistes de ces deux groupes et documentées par CAR entre 2016 et 2019 sont des fusils d’assaut de calibre 7,62x39mm.

CAR indique qu’« au moins, 32 des armes documentées (17% de l’échantillon) ont été détournées des arsenaux nationaux de trois Etats: le Niger, le Nigeria et le Tchad » alors que « plus d’un cinquième (23 pour cent) des munitions documentées proviennent des stocks du Nigeria ».

Le mode d’approvisionnement des groupes jihadistes qui sévissent dans le sud-est du Niger est aussi scruté. Les résultats montrent que « les combattants affiliés au JAS et à l’EIAO semblent avoir acquis une proportion importante de leur armement de manière opportuniste et directement dans les théâtres où ils opèrent, notamment à l’issue d’attaques contre les forces militaires et de sécurité déployées dans la région du Lac Tchad, en particulier entre 2013 et 2019 ».

Cependant, CAR précise qu’« une proportion inférieure du matériel documenté a initialement été détournée à partir de sources d’approvisionnement situées à des milliers de kilomètres du Niger, tel que l’arsenal rwandais.

Par ailleurs, la découverte d’une arme fabriquée en Bulgarie en 2015 et exportée la même année au ministère de la Défense nigérian fait dire aux auteurs que des armes et des munitions ont été fabriquées après 2010.

Dans le même sillage, CAR soutient que « les trois quarts des munitions de l’échantillon ont été produits dans les décennies 1990 et 2010 » et révèle que « 1958 munitions de calibre 7,62×51, ont été produites en chine en 2012 ».

Les sources d’approvisionnement peuvent tout aussi être des marchés noirs et des réseaux de trafics locaux. CAR a étudié le cas d’un fusil à pompe de fabrication turque étant de la même marque que plusieurs milliers de fusils saisis au Nigeria en 2017 après avoir été clandestinement acheminés depuis la Turquie.

Des similitudes ont été décelées entre certaines armes saisies à Diffa et « l’équipement saisi auprès de combattants d’Al Qaida au Maghreb Islamique et leurs affiliés en Afrique de l’Ouest », soulignant que « les divers groupes peuvent partager les mêmes mécanismes d’approvisionnement, voir connaitre des transfuges de militants et d’équipements ».

L’autre découverte importante de CAR est liée à l’origine africaine de certaines armes documentées. Selon l’étude, 79 armes, soit 43% de l’échantillon, ont été fabriquées en Afrique (Afrique du Sud, Algérie et Egypte) ou ont été exportées vers un pays d’Afrique de l’Ouest ou du Nord (Libye, Maroc, Niger, Nigeria, Tchad ». « Cela indique possiblement qu’une proportion significative du matériel en circulation illicite au Sahel puisse être attribuée à la production et aux activités militaires africaines », analyse CAR.

Burkina Faso : l’armée repousse une attaque jihadiste

Un assaut jihadiste a été repoussé dans le centre-nord du Burkina Faso, selon l’Etat-major général des armées.Samedi 21 mai, le détachement de l’armée burkinabè à Bourzanga, à 170 kilomètres au nord de Ouagadougou a été attaquée vers 05 heures du matin par plus de 200 jihadistes. L’état-major général des armées soutient que l’attaque a été repoussée par les soldats burkinabè.

« Face à la brutalité de feu et de la masse des groupes armés terroristes, nos hommes ont fait preuve de courage pour réagir de façon féroce et déterminée à cette attaque terroriste. Ce qui a permis de les repousser avec brio et surtout de leur infliger de lourdes pertes et de pouvoir récupérer beaucoup de logistiques qu’ils avaient dû abandonner au cours de leur débandade », a déclaré à la télévision nationale, le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni, commandant des opérations du théâtre national (COTN).

Le dernier bilan fourni par l’EMAG fait état de « 35 corps dénombrés coté ennemi » et « 05 soldats tombés et 10 blessés » dans les rangs de l’armée.

Pour intercepter les assaillants « qui tentaient de s’enfuir », l’armée burkibanabè a compté sur ses moyens aériens, mais s’est également appuyé sur une patrouille de chasse Mirage de la Force Barkhane. L’état-major des armées françaises a confirmé dimanche 22 mai, en précisant que « c’est à la demande du Burkina Faso qu’ « une patrouille de M2000 en provenance de la base aérienne de Niamey » est intervenue.

Un « avion ISR CESSNA nigérien » est également intervenu dans les opérations de ratissage alors que le transfert des blessés a été assuré par la Task force Sabre et l’armée de l’air du Burkina Faso.

Cette nouvelle offensive jihadiste intervient une semaine apres l’annonce de Bamako de son retrait des instances du G5 Sahel et de sa force conjointe, sur fond d’une brouille diplomatique aigue avec la France qui a décidé de partir du Mali.

À l’instar du Mali, le Burkina Faso fait face à une insurrection liée aux activités de groupes jihadistes affiliés à Al Qaida ou à l’Etat islamique. Plusieurs attaques ont été menées dans le nord, faisant des victimes civiles et militaires.

Jugeant les réponses de l’Etat insuffisantes, des militaires ont renversé le président démocratiquement élu, Roch Marc Christian Kaboré. Depuis, la situation ne s’est pas améliorée, alimentant des critiques contre la junte qui affiche sa volonté de négocier avec les groupes jihadistes.  Début avril, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba a annoncé son intention de parler avec ses compatriotes « en rupture de dialogue avec la nation », faisant allusion aux jihadistes locaux.

La nouvelle approche de Ouagadougou concrétisée par la mise en place de comités locaux a pris du plomb dans l’aile après une embuscade contre l’armée et ses supplétifs à Gaskindé et Pobe Mengao, dans la région du Sahel, faisant 15 parmi les militaires, les Volontaires pour la défense de la Patrie et les civils. Cette nouvelle tentative des jihadistes de s’emparer du poste militaire de Bourzanga est un autre coup dur porté aux efforts de paix.

Mali : Menace sur le maintien des contingents africains de la Minusma

Les jours des contingents africains de la mission onusienne au Mali sont-ils comptés ?Se dirigerait-t-on vers le rétrécissement des contingents africains engagés au Mali dans le cadre de la mission onusienne?

Vendredi 20 mai, la presse s’est fait l’écho du retard accusé par la rotation du contingent sénégalais, en mission dans le centre du Mali, où opère la Katiba du Macina dirigé par le jihadiste peulh Amadou Kouffa et membre du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans(GSIM), affilié à Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).

Constitué de 850 éléments dont « 21 personnels féminins », ce contingent qui devait être au Mali depuis mars dernier, en remplacement du 10e détachement sous le commandement du Colonel Thedore Adrien Sarr, commence à perdre patience. Le porte-parole de la Minusma, Olivier Salgado a confirmé à Apa news que la mission est toujours en attente des autorisations de survol et d’atterrissage soumises au gouvernement malien.

Bamako aurait appliqué la réciprocité à tous les pays membres de la CEDEAO qui ont fermé leur espace aérien au nom du respect des sanctions  de l’organisation ouest-africaine contre le Mali, pour l’absence de volonté des autorités de la transition de transmettre le pouvoir aux civils le plus tôt possible.

Cette situation stressante qui « affecte le moral des troupes », selon Olivier Salgado, est un fait parmi d’autres dans une période de tension entre la Minusma et les autorités de la transition. Bamako qui reproche à la mission onusienne de « se comporter parfois comme une ONG », lui impose des contraintes réduisant son champ d’action déjà très limité, avec un mandat dont la robustesse est remise en question.

Prétextant des opérations militaires dans la zone, l’armée malienne a interdit d’accès la Minusma au marché hebdomadaire de Djenné, un cercle de la région de Mopti, à 574 de Bamako. Dans cette zone, le gouvernement s’était opposé à ce qu’une mission de l’Onu se rende sur les lieux pour enquêter sur les circonstances de la mort de plus de 200 personnes dans une opération de l’armée malienne à Moura. Des organisations de défense des droits humains ont réclamé une enquête sur des allégations d’exactions contre des civils que la version officielle considère comme des jihadistes.

Dans ce climat de méfiance exacerbé par la crise diplomatique entre le Mali et la France, des pays préfèreraient rapatrier de leurs casques bleus.

Contributeur de casques bleus pour la Minusma, le Benin a décidé de rappeler, à partir de novembre 2022, ses 250 soldats et 130 policiers, selon le porte-parole adjoint de l’Onu, Fariq Haq.

Cette décision que Cotonou n’a pas encore commentée aurait un lien avec les attaques jihadistes de plus en plus fréquentes dans le septentrion de ce pays côtier. Les autorités se seraient résolues à renforcer la sécurité dans cette partie proche du Burkina Faso et du Niger où l’incident le plus récent à visé un poste de police, dans le Kirmama, occasionnant un mort parmi les policiers. Deux semaines auparavant, 5 soldats béninois sont morts au cours d’une attaque à l’engin explosif improvisé dans le Parc de la Pendjari.

Présents également au sein de la Minusma, le Togo, le Ghana et la Cote d’Ivoire pourraient bien suivre l’exemple du Bénin car soumis à la même pression jihadiste. Ce qui risque de représenter une menace sérieuse pour la poursuite de la participation des africains à la Mission multidimensionnelle intégrée des nations unies au Mali, créée le 25 avril 2013 par la résolution 2100 du Conseil de sécurité de l’Onu.

En mars, les effectifs de la Minusma envoyés au Mali s’élevaient à 12 266 militaires, 1120 policiers et 1180 civils pour un total de 75 pays contributeurs. Un tiers des effectifs militaires (21 sur 61) et la moitié des policiers (14 sur 29) étaient africains.

G5 Sahel : le Mali invité à reconsidérer sa position

Le retrait du Mali préoccupe le Général Mahamat Idriss Déby Itno, président en exercice de l’organisation régionale.Sa réaction était très attendue. Le Général Mahamat Idriss Déby Itno, chef de l’Etat du Tchad, quatre jours après la décision du Mali de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la force conjointe, rompt le silence.

C’est avec une « vive préoccupation » que le président en exercice du G5 Sahel dit avoir appris la nouvelle. Dans un communiqué daté du 19 mai, le fils du défunt Idriss Déby Itno note « avec regret une décision prise sans consultation préalable », mais tient compte des « raisons avancées » par le gouvernement malien.

Dimanche dernier, le Mali a dénoncé des manœuvres visant à l’empêcher d’assurer la présidence du G5 Sahel à partir de février 2022 comme le veut le principe de présidence tournante de cette organisation formée en 2014 avec le Burkina, le Tchad, la Mauritanie et le Niger.

Malgré tout, le président tchadien invite Bamako à « reconsidérer sa position (car il y a) des efforts en cours pour apporter une solution à ses préoccupations à travers la tenue imminente d’une conférence des chefs d’Etat et de gouvernement » en Mauritanie où se trouve le siège du Secrétariat permanent du G5 Sahel.

A cet effet, le Général Mahamat Idriss Deby Itno promet de tout mettre en œuvre pour « préserver l’unité et la cohésion du G5 Sahel. Un instrument irremplaçable en matière de mutualisation d’efforts, des moyens et d’actions de ses Etats membres face aux défis du développement et de la sécurité ».

Pour le président tchadien, il est hors de question de « laisser le G5 Sahel se disloquer ». Une position partagée par Nouakchott favorable à la recherche de solutions pour « surmonter les obstacles qui se dressent » devant l’organisation régionale.

Dans cette perspective, un déplacement à Bamako du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’Extérieur, Mohamed Salem Ould Merzoug, était annoncé pour jeudi 19 mai.

Le Niger ne semble pas être sur la même longueur d’onde. Mohamed Bazoum a regretté, dans un entretien avec La Croix, la mort du G5 Sahel, tout en accusant le Mali d’être dans une position « de fuite en avant qui l’isole en Afrique et nous prive d’une stratégie concertée et coordonnée pour lutter contre le terrorisme ».

Burkina : la Russie « disqualifiée » dans la lutte contre le jihadisme

Le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, le président de la transition, a déclaré que son pays ne compte pas sur l’aide militaire étrangère pour combattre le jihadisme.Dans la guerre contre les jihadistes, le Burkina ne devrait placer ses espoirs que sur ses propres forces de défense et de sécurité. Telle est la position affirmée par l’actuel homme fort du pays. « Si les gens pensent que ce sont les Chinois, les Russes ou les Vietnamiens qui vont venir nous sauver, (ils se trompent). Ce sont de faux débats. C’est nous d’abord », a soutenu le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba.

Le président de la transition s’exprimait hier jeudi à Bobo-Dioulasso, dans le Sud-Ouest du pays, à 365 kilomètres de la capitale Ouagadougou lors d’une rencontre avec les militaires de cette ville de garnison.

À travers cette déclaration, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba a répondu à une partie de ses compatriotes qui lui demandent de faire appel aux mercenaires russes pour contenir les assauts jihadistes devenus permanents.

Car le Mali, confronté au péril jihadiste, s’est rapproché de la Russie via le groupe de sécurité privée Wagner. En septembre 2021, le Premier ministre malien, Choguel Maïga, justifiait le recours « à d’autres voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d’autres partenaires » par l’ « abandon en plein » de la France.

Cependant, Bamako a toujours employé le terme « instructeurs » même si à l’occasion de plusieurs sorties médiatiques, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a reconnu que Wagner est présent au Mali sur une base commerciale.

En plus des Russes, dont la présence sur le théâtre des opérations est appréciée par l’opinion nationale selon une enquête réalisée par la fondation allemande, Friedrich Ebert, le Mali s’intéresse au modèle rwandais pour reprendre l’initiative sur le terrain. Une option qui n’emballe pas pour le moment Ouagadougou.

Le chef de l’exécutif burkinabè est convaincu que « l’engagement du cœur va nous aider à gagner cette guerre.
C’est un idéal de patriotisme, de restauration et de sauvegarde de notre pays qui anime la transition ».

Le 24 janvier dernier, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, à la tête du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR), a renversé Roch Marc Christian Kaboré, le président réélu, pour insuffisance de résultats dans la lutte contre le jihadisme.

Mali : des Casques bleus de la Minusma bloqués à Dakar

Après quinze mois d’engagement dans le centre du Mali, le 10e détachement sénégalais de la Minusma n’a toujours pas quitté ce pays, provoquant par conséquent un retard du déploiement de la relève prévu depuis mars.Selon le journal sénégalais Le Quotidien, le gouvernement de transition aurait appliqué la réciprocité aux pays de la Cedeao suite aux sanctions économiques et financières de l’organisation ouest-africaine contre le Mali, pour non-respect du calendrier électoral devant permettre une transmission du pouvoir aux civils dans des délais raisonnables.

Contacté par APA, l’armée sénégalaise n’a pas encore réagi. Pour sa part, le porte-parole de la Minusma, Olivia Salgado a confirmé que « cette relève a accusé un retard significatif qui affecte tant le moral des troupes concernées que leur efficacité opérationnelle. »

« Tous les vols utilisés pour la relève des troupes à destination ou en provenance du Mali sont soumis aux autorisations de survol et d’atterrissage du gouvernement malien », explique la voix de la mission onusienne au Mali.

Composé de 850 éléments dont 21 femmes, le 11e détachement sénégalais de la Minusma, commandé par le Colonel Mathieu Diogoye Sène a reçu le drapeau le 23 février à la promenade des Thiessois, lors d’une cérémonie dirigée par le Général Fulgence Ndour, chef d’Etat-major de l’armée de terre. « « J’en suis particulièrement ravie car cette cérémonie symbolise la confiance renouvelée des autorités onusiennes en l’engagement exemplaire des contingents sénégalais au sein de la Minusma », se félicitait le Général Ndour.

« En effet, les succès des contingents précédents, fruit d’une synergie d’efforts du commandement en termes d’encadrement d’équipement, préparation opérationnelle et le soutien, justifient la confiance et l’estime que la communauté internationale place en notre armée. Ces succès sont également le résultat d’énormes efforts consentis par les hommes et les femmes, engagés depuis 2013 sur le théâtre malien pour marquer l’élan de solidarité du Sénégal envers ce pays frère et amis dans son effort de retour à la stabilité et à la sécurité », avait ajouté le Général Fulgence Ndour.

Il avait exhorté le colonel Mathieu Diogoye Sène et ses hommes à « maintenir le cap dans un souci de préserver l’image de marque des forces armées sénégalaises au sein des opérations de maintien de la paix à travers le monde dans un contexte de plus en plus complexe ».

Mais voilà que ce contingent, déjà mis dans les conditions que requiert un engagement militaire au Mali, doit encore attendre « les autorisations requises » pour prendre le relais du 10e détachement.

Le porte-parole de la Minusma a confié à Apa que les démarches nécessaires sont en cours auprès des autorités maliennes « sur la base des arrangements qui gouvernent le déploiement des opérations de la Minusma », notant « qu’il est crucial que cette question soit réglée (…) dans les meilleurs délais ».

La Minusma a été créée en avril 2013 par la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations unies.

Le torchon brûle entre l’armée malienne et la Minusma

Les Forces armées maliennes ont bloqué un contingent de la Minusma à Djenné évoquant des « opérations militaires en cours dans la zone. »Les choses se compliquent pour la mission onusienne depuis le départ de la force française Barkhane au Mali. La mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali n’est plus « libre » d’aller où elle veut dans le cadre de ces patrouilles au Mali.

Dimanche 15 mai, elle a été stoppée par l’armée malienne à Djenné dans la région de Mopti, à 574 km de la capitale Bamako. La Minusma voulait se déployer dans cette zone pour sécuriser le marché hebdomadaire. Mais l’Etat-major général des armées du Mali a interdit à la force onusienne de s’y rendre. Cette décision qualifiée de « souveraine » par les autorités maliennes, est déplorée par la mission onusienne.

La ville de Djenné est sous les feux des projecteurs depuis les événements de Moura à la fin du mois du mars. L’armée malienne y avait mené des « opérations antiterroristes », affirmant avoir tué plus de « 203 combattants jihadistes » dans la région.

Mais, l’ONG Human Rights Watch (HRW) avait soutenu le contraire, parlant dans son rapport de « pire épisode d’atrocités » commises contre des civils en dix ans au Mali. Human Rights Watch faisait état de l’exécution sommaire de 300 civils par des soldats maliens associés à des combattants étrangers, présumés russes.

La mission onusienne qui voulait mener une enquête sur ces événements, s’est heurtée au refus des autorités maliennes malgré une demande formulée début avril. Une requête qui serait toujours à « l’étude » selon les militaires.

La mission onusienne déployée depuis 2013 au Mali, expire le 30 juin prochain 2022. Elle ne sera probablement pas renouvelée dans sa forme actuelle, avait annoncé le secrétaire général des Nations unies. Dans une sortie médiatique lors de sa tournée africaine, António Guterres soutenait l’envoi d’une force africaine avec un mandat onusien plus robuste au Mali pour éviter « l’effondrement » du pays.

Cedeao : comment se portent le Mali et ses voisins après l’embargo ?

En janvier dernier, des économistes ouest-africains ont noté que plusieurs pays de la Cedeao allaient « pâtir des mesures économiques et financières adoptées contre le Mali ». Qu’en est-il de la situation actuellement ?Il y a un mois, le président Macky Sall, faisant son petit pèlerinage en Arabie Saoudite, marchait dans les rues de la Mecque quand il fut subitement interpellé par une dame africaine, d’origine malienne apparemment. Barrée par la sécurité, elle tente par tous les moyens de s’approcher de lui pour délivrer un message qui lui tient à cœur.

« L’embargo sur le Mali ! Il faut enlever l’embargo sur le Mali. On a faim, on a soif », lance-t-elle à l’adresse du chef de l’Etat sénégalais, non moins président en exercice de l’Union africaine (UA). Elle insiste, insiste, jusqu’à ce qu’il s’arrête, se retourne vers elle, tout sourire, en la désignant par l’index : « In cha Allah », lui lance-t-il en guise de promesse. C’est une façon de faire comprendre à cette femme ainsi qu’à tous les acteurs qui vivent des échanges entre le Mali et les quatorze pays de la Cedeao qu’il a entendu leurs supplications, même si cet embargo ne vient pas de lui.

Depuis le 9 janvier dernier, ce pays ouest-africain vit sous le coup de lourdes sanctions économiques, prononcées par cette organisation sous-régionale, après un désaccord avec la junte militaire qui a proposé un calendrier de transition de cinq ans maximum. Outre la fermeture des frontières au sein de l’espace sous-régional, le gel des avoirs financiers du pays au sein de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) plonge dans le désarroi de nombreux Maliens.

Au bord de la rupture ?

Ces mesures visent à asphyxier l’économie d’un pays « très extravertie » car dépendant fortement des exportations, surtout le coton, selon l’économiste malien Modibo Mao Makalou. « Notre Produit intérieur brut (PIB) est dépendant du commerce international à hauteur de 60% », a-t-il précisé.

Malgré tout, le Mali semble afficher une certaine solidité depuis plus de quatre mois. Pour contourner les sanctions, les autorités ont diversifié les partenariats en multipliant leurs échanges avec la Guinée et avec des pays non membres de la Cedeao, tels que la Mauritanie et l’Algérie.

« En réalité, il y a une capacité de prévision et de réaction. Depuis le 16 septembre 2021, lors de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao, une liste a commencé à être compilée pour sanctionner des personnalités maliennes. Je pense qu’à partir de ce moment, le gouvernement a dû prendre des précautions par rapport à d’éventuelles sanctions », explique M. Makalou, ancien conseiller économique à la présidence malienne, regrettant juste le fait que ces sanctions n’aient pas été graduelles comme le « prévoient » les textes de la Cedeao et de l’Uemoa.

Il s’exprimait lors d’un Spaces, une conversation publique sur Twitter organisée la semaine dernière par l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité, un think tank malien, sur l’impact des sanctions de ces deux organisations régionales sur le secteur privé national.

En revanche, plusieurs observateurs s’accordent à dire que la situation au Mali devient de plus en plus intenable. Récemment, la junte malienne a proposé de revoir la durée de la transition à deux ans et demandé la médiation du Togo dans la crise politique. Cependant, la Cedeao maintient toujours le statu quo. Aujourd’hui, des opérateurs économiques maliens de premier plan sont au bord de la rupture.

Des transactions quasi impossibles

« En tant qu’entrepreneur malien, on sent ces sanctions. Il y a aujourd’hui des industriels qui envisagent de fermer parce que leurs approvisionnements sont coupés. Les transactions bancaires sont très difficiles, on ne peut pas faire de transfert à l’intérieur de l’Uemoa et de la Cedeao. Personnellement, je l’ai vécu » en voulant effectuer des transactions financières pour l’exécution de projets à Ouagadougou et à Dakar, a confié Mossadeck Bally, fondateur du groupe hôtelier Azalaï. Il rappelle que son pays se trouve « au milieu de sept pays » et « n’a pas accès à la mer », faisant que le Mali « se coupe en quelque sorte de son espace naturel » en se coupant de ses voisins.

« On ne peut plus se mouvoir facilement pour les affaires ou les actions de supervision. Il faut passer par Conakry ou Nouakchott. Un billet Bamako-Ouagadougou, qui coûtait un peu moins de 300 mille FCFA avant l’embargo, coûte maintenant 900 mille. Vous êtes obligé de passer quasiment une nuit ou une journée en route », déplore l’homme d’affaires malien qui fait aussi écho à ces transporteurs « coincés » au niveau des frontières. Ils sont Maliens, Sénégalais, bref des ouest-africains.

Transitaire malien basé au port de Dakar, Lassana Kanté assiste depuis quelque temps à une chute vertigineuse de son chiffre d’affaires. Si cet embargo n’est pas levé, il craint de ne plus pouvoir joindre les deux bouts et nourrir sa famille. « Cet embargo nous fait beaucoup de peine. Avant la fermeture des frontières, on travaillait 24 heures sur 24. Mais maintenant, c’est très difficile. Du lundi au vendredi, on était occupés à sortir des containers. Mais aujourd’hui, il est très difficile pour un transitaire d’en avoir dix », a-t-il indiqué à APA.

C’est le même son de cloche pour Mamadou Wade, coxeur sénégalais. « La situation est difficile pour tout le monde, que vous soyez transitaire, chargeur ou transporteur. Nous demandons au président Macky Sall de penser à ces pères de famille », a-t-il appelé.

Le prix de la viande en hausse

En outre, la crise touche les transporteurs de bétail. Le prix de la viande de bœuf ou de mouton a grimpé de façon exponentielle à moins de deux mois de la fête de Tabaski ou Aïd el Kebir. Avant l’embargo, le kilogramme coûtait autour de 3000 FCFA alors qu’il faut débourser maintenant entre 4000 et 5000 pour les deux variétés. « Le gros du stock de viande que nous consommons au Sénégal, surtout à Dakar, vient du Mali. Avec le blocage du transport transfrontalier, les répercussions sur le prix de la viande se font sentir. C’est très difficile pour les ménages avec qui nous sommes en contact régulier. J’espère que les autorités vont prendre des décisions qui vont dans le sens de soulager les populations », a noté Kader Sèye, un boucher opérant dans la capitale sénégalaise.

Ainsi, le Mali n’est pas le seul à souffrir des sanctions de la Cedeao. En tant que premier partenaire commercial du Sénégal, il fait entrer plusieurs milliards de francs CFA dans les caisses de l’Etat. Deux mois après la mise en œuvre de l’embargo, la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE) a évalué les pertes du Sénégal à hauteur d’une vingtaine de milliards. « Il convient de noter que les exportations vers le Mali, sous embargo de la Cedeao depuis la première quinzaine du mois de janvier, ont diminué de 28,1 % (-24,2 milliards) entre décembre 2021 et janvier 2022, particulièrement celles des produits pétroliers (-20,6 %) et du ciment (-44,4 %) », indiquait en mars dernier cet organe du ministère sénégalais de l’Economie.

Dans la même période, certains spécialistes renseignaient sur la position difficile du Sénégal d’appliquer cette décision au regard des enjeux économiques non négligeables. « Le Mali se trouve dans une situation extrêmement difficile et intenable. Mais les autres pays seront impactés, principalement son premier fournisseur qui est le Sénégal. Ce dernier a exporté (des biens et services) pour 470 milliards FCFA en 2020 et plus de 500 milliards en 2019. Donc les échanges entre le Mali et le Sénégal tournent par an autour de 500 milliards FCFA », affirmait pour APA Dr Souleymane Diakité, enseignant-chercheur à l’École nationale de la statistique et de l’analyse économique (ENSAE) de Dakar.

Un chronogramme de la discorde

Par ailleurs, des chercheurs du Centre universitaire de recherches économiques et sociales (CURES) de Bamako ont indiqué le 25 janvier dernier, dans une étude intitulée « Effets des sanctions de la CEDEAO sur le commerce extérieur du Mali », que le Burkina Faso, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Bénin allaient « pâtir des mesures économiques et financières adoptées contre le Mali ».

« En cas de rupture commerciale totale, le Sénégal réaliserait une perte de plus de 1,3 milliards de FCFA par jour, suivi de la Côte d’Ivoire avec plus de 612 millions de FCFA puis vient, en troisième position, le Bénin avec un peu plus de 151 millions de FCFA par jour », soulignaient ces chercheurs, cités par l’Agence malienne de presse (AMAP).

En dépit de toutes ces alertes, le bras de fer entre le Mali et la Cedeao continue de priver beaucoup de citoyens de la région de leur moyen de subsistance. Certains acteurs comme Mossadeck Bally pensent toujours que les « sanctions ont été prises sur des bases qui n’existent pas juridiquement ». Toutefois, cela ne doit pas constituer une entrave à la reprise du dialogue en vue d’un retour à la normale qui serait salvateur pour tous.

« Il est plus qu’urgent que le gouvernement, non seulement, prenne le taureau par les cornes en faisant son chronogramme, en commençant déjà les réformes essentielles. On est tous d’accord qu’il faut faire des réformes avant de partir aux élections. Il faut négocier avec la Cedeao pour que, d’ici à la fin du mois de mai, on puisse sortir de cette situation qui devient de plus en plus intenable pour les Maliens et les opérateurs économiques », a préconisé l’homme d’affaires malien alors que les positions semblent toujours figées de part et d’autre.

L’Union Européenne regrette le retrait du Mali du G5 Sahel

La décision du Mali de se retirer des instances du G5 Sahel a fait réagir l’Union Européenne.Dimanche 15 mai, le Mali a quitté le G5 Sahel, l’organisation régionale dont il était membre avec la Mauritanie, le Burkina, le Niger et le Tchad. Bamako a justifié cette décision par le refus qui lui est opposé d’accéder à la présidence de l’organisation régionale alors que la règle de la présidence tournante lui en confère le droit depuis février 2022.  

Si au sein du G5 Sahel, on semble s’être passé le mot pour ne pas commenter publiquement la décision malienne, tel n’est pas le cas pour l’Union Européenne, l’un des principaux bailleurs de cette institution censée servir de cadre de coopération entre les États membres dans la lutte contre les groupes jihadistes actifs dans plusieurs parties du Sahel. 

Par la voix de son haut-représentant, Joseph Borell, l’UE dit prendre note de cette décision. Le haut responsable européen reconnait que la « décision ou non d’un membre du G5 Sahel appartient à chacun des membres souverains », mais regrette cette sortie d’un instrument qui, selon lui « répondait à une reconnaissance par tous ses Etats membres – dont le Mali – de l’absolue nécessité d’une coopération renforcée et à terme d’une intégration régionales, seules à même de relever les multiples défis de la région ». 

Selon Joseph Borell, la décision de Bamako de claquer la porte du G5 Sahel, « s’ajoute à d’autres décisions récentes de repli des autorités de transition » et s’inquiète « davantage des conséquences de ce choix sur la sécurité des populations au Mali et dans la sous-région ». L’annonce en juin 2021 par le président français, Emmanuel Macron, de la réarticulation de l’opération Barkhane a été décriée par le Mali comme un « abandon en plein vol ». Depuis, les relations diplomatiques entre Bamako et Paris n’ont cessé de se détériorer. 

Le Mali qui s’est rapproché de la Russie aurait fait appel à des mercenaires de la société militaire privée controversée Wagner. De quoi rendre furieux ses partenaires traditionnels. Début mai, le pouvoir à Bamako, dominé par les militaires auteurs de deux putschs entre août 2020 et mai 2021, a dénoncé les accords de défense liant le Mali et France, accusée d’avoir violé les clauses de ces accords organisant l’intervention sur le territoire malien de Serval lancée en 2013 puis Barkhane en 2014 et la Task Force européenne, Takuba créée en 2020.

Macky Sall attendu à Moscou et Kiev

Le président en exercice de l’Union Africaine (UA) se rendra très prochainement dans les deux capitales pour plaider en faveur de la paix.Dans les pays africains, les impacts de la guerre en Ukraine commencent à se faire rudement ressentir. L’inflation repart de plus belle, menaçant du coup la stabilité de plusieurs nations. Face à cette situation, l’Union Africaine (UA) ne veut plus rester attentiste.

« Nous avons reçu mandat de l’Afrique pour nous déplacer à Moscou et à Kiev pour demander au président Vladimir Poutine de créer les conditions qui permettront à l’Ukraine d’exporter ses graines dont nous avons besoin, mais également pour que certaines sanctions infligées à la Russie soient levées. Cela va nous permettre de commercer avec elle et d’acheter des fertilisants indispensables pour notre agriculture », a déclaré Macky Sall.

Le président en exercice de l’UA s’est exprimé ce lundi à la cérémonie officielle d’ouverture de la 54e session de la Commission économique pour l’Afrique qui se tient du 11 au 17 mai au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio, à la périphérie de Dakar.

Après deux années de Covid-19, l’espoir d’un retour à la normale renaissait peu à peu dans le monde. Mais « voilà que la guerre en Ukraine a commencé. Et ses impacts sur la planète entière, surtout sur l’Afrique, vont définitivement compromettre toute perspective de reprise économique. Toutes les solutions préconisées avant sont aujourd’hui obsolètes », a déploré le successeur de Félix Tshisekedi à la présidence tournante de l’organisation panafricaine.

A en croire Macky Sall, toutes les économies du continent noir « se trouvent dans un état de fatigue générale dont hélas, nous ne mesurons encore ni l’ampleur ni la durée ». Poursuivant, le président sénégalais a fustigé l’impossibilité pour son continent de s’approvisionner dans les deux pays en conflit à cause des sanctions occidentales alors que « les robinets du gaz ne sont toujours pas fermés et continuent d’alimenter certains pays européens ».

Le chef de l’Etat sénégalais a fait remarquer que des projections sont aujourd’hui difficiles car « personne ne sait quand est-ce que cette crise va s’arrêter ». Partant de là, il a réitéré « l’appel pressant
de l’UA
pour
un cessez-le-feu et une solution négociée du conflit pour éviter le pire ».

La 54e Conférence des ministres africains de l’Economie et des Finances (COM2022), organisée à l’initiative de la Commission économique pour l’Afrique de l’Organisation des Nations Unies, a débuté mercredi dernier ses travaux avec la réunion des experts. Celle-ci s’est déroulée sur trois jours et se poursuit avec la réunion ministérielle qui prend fin mardi au Cicad.

La Namibie crée un fonds souverain

La Namibie a créé un fonds souverain pour protéger le pays contre les chocs économiques futurs, a déclaré jeudi le président Hage Geingob.M. Geingob a précisé que le fonds souverain serait alimenté par les redevances provenant de la vente de ressources minérales et de certaines recettes fiscales, ainsi que par l’argent collecté par le gouvernement en se séparant de ses participations et par les contributions de certaines entreprises publiques.

« Il est impératif de mettre de côté une certaine épargne pour amortir l’économie en cas de catastrophes imprévisibles », a déclaré M. Geingob lors du lancement du fonds dans la capitale.

Comme la plupart des autres pays africains, la Namibie se remet des effets de la pandémie du Covid-19 et de la guerre Russie-Ukraine.

M. Geingob a déclaré que le Welwitschia Fund recevrait une injection initiale de 262 millions de dollars namibiens (environ 16,3 millions de dollars américains) et investirait 2,5% de son portefeuille localement pour combler le déficit de financement des infrastructures du pays.

Le lancement du fonds intervient dans le sillage de la découverte récente de vastes réserves de pétrole offshore par TotalEnergies SE et Shell Plc en février, et des plans du gouvernement pour développer et exporter de l’hydrogène vert.

La Namibie devient le dernier pays africain riche en ressources à créer un fonds souverain. Les autres pays sont l’Angola, le Botswana, la Libye et le Nigeria.

Mali : l’armée perd plusieurs soldats

Quatre soldats maliens sont morts dans l’explosion d’un engin explosif à MoptiUn véhicule d’une unité des Forces armées du Mali (FAMa) en patrouille à Djenné a sauté sur un engin explosif improvisé. L’incident qui s’est déroulé ce jeudi 12 mai 2022 aux environs de 8h 54 minutes a fait quatre morts et un blessé selon un communiqué de l’armée malienne.

Dans le document, les FAMa présentent leurs condoléances aux compagnons d’armes et familles des victimes et souhaitent prompt rétablissement au blessé. L’armée, dit-elle, continue « ses offensives sur tous les fronts pour venir à bout de ces assaillants qui continuent d’endeuiller des familles sur le sol malien ».

Les pertes s’accumulent dans les rangs des forces armées maliennes. Le 24 avril dernier, l’armée avait déjà perdu six soldats dans trois attaques simultanées de groupes « terroristes » contre des camps militaires dans le centre du Mali.

Des attaques revendiquées par la Katiba du Macina du prédicateur peul Amadou Koufa, dans un message audio. La Katiba du Macina est subordonnée à Iyad Ag Ghali, chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ou Jnim, selon son acronyme anglais, lié à Al-Qaïda.

Le 4 mars dernier, c’est le camp de Mondoro, proche de la frontière avec le Burkina Faso, au centre du pays, qui avait été pris pour cible par des groupes jihadistes.  L’armée malienne y avait perdu 40 soldats, en plus de 33 blessés, dont 21 graves, et sept « portés disparus » parmi les soldats. L’attaque meurtrière a été revendiquée par le Jnim comme une vengeance au massacre de Dogofry dans la nuit du 1er au 2 mars, où plus de 30 corps de jihadistes présumés avaient été retrouvés brûlés et entassés les uns sur les autres.

Malgré les pertes, l’armée malienne a réussi à neutraliser des centaines d’assaillants appartenant à des groupes jihadistes dans ses opérations de sécurisation à l’intérieur du pays. Le 17 avril, les FAMa annoncent avoir tué plusieurs jihadistes dont Samir Al-Bourhan, un cadre jihadiste franco-tunisien du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) au centre du pays à Moura.

Toutefois, il faut noter que les attaques se sont multipliées ces derniers mois alors que la France et ses alliés ont annoncé en février dernier, leur départ du Mali, à la suite de vives tensions diplomatiques avec les autorités de la transition.

Pays enclavé de l’Afrique de l’Ouest, le Mali tente de sortir de la crise politique depuis le coup d’Etat perpétré par l’armée le 18 août 2020 contre le président Ibrahima Boubacar Keïta, décédé le 16 janvier 2022. Les militaires qui reprochaient au régime d’IBK son inaction face aux attaques jihadistes, se retrouvent à leur tour englués dans une tourmente sécuritaire depuis la prise du pouvoir.

Les insurrections indépendantistes de 2012 ont cédé la place ces dernières années à des attaques jihadistes souvent attribuées aux groupes comme Al-Qaida et à l’Etat islamique.

Pretoria condamne le meurtre de la journaliste d’Al Jazeera

L’Afrique du Sud vivement condamné la mort de la journaliste palestinienne, tuée par l’armée israélienneLa journaliste américano-palestinienne d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh couvrait des affrontements en Cisjordanie avant d’être touchée par balle, dans la matinée du mercredi 11 mai. L’Organisation des Nations unies a exigé l’ouverture d’une enquête pour mettre toute la lumière sur ce meurtre au moment où l’Afrique du Sud a condamné une tentative de réduire au silence la presse dans des zones de conflit.

La journaliste a été abattue d’une balle dans la tête mercredi matin alors qu’elle couvrait un raid militaire dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée. Une zone considérée comme le bastion du mouvement palestinien Fatah et point névralgique historique du conflit israélo-palestinien.

Le Directeur général du ministère sud-africain des Relations internationales et de la Coopération, Zane Dangor, a déclaré que le fait de prendre pour cible des journalistes dans les territoires occupés et dans des zones de conflit comme l’Ukraine et l’Afghanistan « semble faire partie d’une stratégie visant à réduire au silence la presse libre et constitue une violation flagrante du droit international ».

« Le droit international des droits de l’homme oblige la puissance occupante à autoriser la liberté d’expression et de manifestation », a déclaré M. Dangor. Il a noté que dans d’autres zones de conflit, les civils et autres non-combattants sont protégés « conformément au principe de distinction et aux autres mesures de protection des Conventions de Genève ».

« La capacité des journalistes à couvrir les événements tels qu’ils se déroulent est essentielle, et les efforts visant à intimider et assassiner les membres de la presse ne peuvent pas être autorisés à se poursuivre en toute impunité ».

Le gouvernement israélien réfute toute responsabilité dans le meurtre de la journaliste et affirme que des Palestiniens armés avaient probablement tiré par erreur sur le journaliste.

Mali-France : Pourquoi Le Drian est convoqué par un juge de Bamako ?

Pour comprendre cette affaire, il faut remonter à l’année 2015.Nouvel épisode dans le bras de fer diplomatique entre Bamako et Paris. Le juge d’instruction du deuxième cabinet au tribunal de Grande instance de la Commune III du district de Bamako (Pôle économique et financier) a « invité » le ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, à se présenter le 20 juin prochain à 8 heures, devant ladite juridiction pour « affaire le concernant ».

Au bas de la convocation émise le 20 avril, le juge malien rappelle que cette affaire a un lien avec la « société civile et MP/C Jean Yves et Thomas, tous Le Drian, pour atteintes aux biens publics et autres infractions aux dépens de l’Etat du Mali ».

Pour comprendre cette affaire, il faut remonter à l’année 2015. A l’époque, Jean Yves Le Drian, alors ministre français de la Défense, aurait fait pression sur l’alors président du Mali, Ibrahim Boubacar Keita dit IBK pour que l’entreprise Oberthur Technologies (actuelle Idemia) obtienne le juteux marché des passeports biométriques pour une durée de quinze ans. Une « manœuvre » dénoncée par le mouvement Maliko (en français, l’affaire du Mali), constitué par plusieurs organisations de la société civile malienne qui a introduit une plainte déposée le 22 février auprès du pôle économique et financier de Bamako contre Jean Yves Le Drian et son fils Thomas, pour « complicité de prise illégale d’intérêts et favoritisme ».

Le mouvement proche de la junte au pouvoir estime que « ces malversations ont conduit à porter atteinte aux deniers publics du Mali », littéralement les mêmes termes repris par le juge du 2e cabinet qui, à travers cette convocation risque d’envenimer davantage les relations déjà pourries entre la France et le Mali.

Les deux pays ne parlent plus le même langage depuis quelques temps. Dépassées par une insurrection jihadiste qui a fait une partie du pays une zone de non-droit, les autorités maliennes reprochent à la France « un abandon en plein vol », après que le président français, Emmanuel Macron a annoncé en juin 2021 la réarticulation de l’Opération Barkhane au Sahel.

Le recours présumé des autorités maliennes à la société militaire privée russe très controversée, Wagner, n’a pas facilité les choses entre les deux parties. Le 2 mai, Bamako a d’ailleurs unilatéralement décidé de mettre fin aux accords de défense avec Paris pour « atteintes flagrantes » et « multiples violations » de son espace aérien par les aéronefs français.

Pour réponse, la France a dénoncé une « décision injustifiée » et assure que le retrait déjà amorcé des forces françaises du territoire malien se poursuivra « conformément aux engagements pris à l’égard de ses partenaires et dans un souci de coordination et de dialogue respectueux avec les forces maliennes ».

Zimbabwe : une loi interdit aux banques d’accorder des prêts

Cette loi vise à mettre fin à la spéculation contre le dollar zimbabwéen.C’est une mauvaise nouvelle pour les fonctionnaires zimbabwéens et les sociétés zimbabwéennes qui ne peuvent plus recourir à des prêts dans les banques locales. En application de la loi, le gouvernement interdit désormais aux banques d’accorder des prêts. L’objectif de cette mesure est d’arrêter la dévaluation de la monnaie locale sur le marché noir.

L’inflation en glissement annuel a atteint 96,4 % en avril, contre 60,6 % en janvier. Aujourd’hui, le dollar zimbabwéen est officiellement coté à 165.94 par rapport au dollar américain. Sur le marché noir, un dollar américain s’échange entre 330 et 400 dollars zimbabwéens.

Réintroduit dans le pays en 2019, le dollar zimbabwéen a fortement chuté à cause de la conjoncture internationale et la récession de l’économie zimbabwéenne.  

Le président Emmerson Mnangagwa estime que cette situation est grandement causée par des spéculateurs anonymes. Ces derniers empruntent des dollars zimbabwéens à des taux d’intérêt inférieurs à l’inflation et l’utilisent pour faire du commerce en devises.

En 2015, Harare avait pris la décision historique d’abandonner la monnaie locale à cause de la crise économique que traversait le pays et surtout de l’hyperinflation.

Après avoir perdu momentanément sa souveraineté monétaire, le gouvernement avait demandé aux populations d’utiliser huit monnaies étrangères dont le dollar américain, le yuan chinois, la roupie indienne ou encore le rand sud-africain qui étaient devenues ses devises officielles.