L’Afrique dotée d’une stratégie pour la sécurité sanitaire

Le nouveau plan d’action vise à réduire les impacts sanitaires et socioéconomiques des urgences de santé publique.Conscients des effets dévastateurs de la pandémie de Covid-19 sur des systèmes de santé fragiles, les ministres africains de la Santé ont adopté une nouvelle stratégie pour transformer la sécurité sanitaire et la riposte aux urgences dans la Région au cours des huit prochaines années.

La Stratégie régionale pour la sécurité sanitaire et les urgences 2022-2030, a été adoptée lors de la soixante-douzième session du Comité régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) tenue du 22 au 26 août 2022 à Lomé, au Togo. Elle a pour objectif de réduire les impacts sanitaires et socioéconomiques des urgences de santé publique.

« La Covid-19 rappelle à la Région africaine la nécessité d’accorder la priorité à la construction de systèmes de santé résilients capables de fournir des soins de santé de qualité tout en faisant face à des urgences de santé publique », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. 

Elle a souligné qu’il y a de plus en plus une prise de conscience de la montée de la menace que représentent les urgences sanitaires pour les économies du monde et les sociétés. « Ceci, a indiqué Dr Moeti, souligne la nécessité d’une approche +Une seule santé+ et d’investir dans la prévention et la préparation à ces urgences. En investissant maintenant, nous pouvons prévenir un effondrement économique et social dans le futur ».

L’OMS estime que jusqu’à quatre milliards de dollars américains, provenant de sources internationales et domestiques, sont nécessaires chaque année pour entièrement financer les principales capacités de sécurité sanitaire en Afrique et mieux se préparer à la prochaine pandémie. Ceci représente environ 3 dollars par personne et par an.

C’est pourquoi, la nouvelle stratégie inclut des mécanismes de renforcement des partenariats et de la collaboration multisectorielle, en s’assurant d’un investissement soutenu et prévisible et en réaffectant des ressources dédiées à l’éradication de la polio et de la Covid-19, afin de soutenir des investissements stratégiques dans les systèmes et les outils d’urgences de santé publique.

En adoptant cette stratégie, les pays africains ont convenu d’atteindre, d’ici à 2030, 12 objectifs qui renforceront leurs capacités à prévenir, à se préparer, à détecter et à répondre aux urgences sanitaires. Ainsi, 80 % des États africains doivent disposer d’un financement prévisible et durable de la sécurité sanitaire, 90 % doivent mobiliser une réponse efficace aux urgences de santé publique dans les 24 heures suivant leur détection et tous les pays doivent disposer de 80 % de districts sanitaires dotés de programmes fonctionnels de prestation de services et de programme d’amélioration de la qualité.

« Cette stratégie est le fruit de consultations approfondies avec les ministères africains de la santé et d’un éventail d’autres institutions, d’acteurs techniques et de partenaires partout sur le continent », a ajouté la patronne de l’OMS Afrique, Dr Matshidiso Moeti.

Lors des assises de Lomé, les ministres africains de la Santé se sont accordés à faire preuve de volonté politique et à fournir un leadership technique, à mobiliser des ressources domestiques et externes, à fournir les ressources humaines et logistiques adéquates pour mettre en œuvre la stratégie, ainsi qu’à renforcer le mécanisme de coordination « Une seule santé » et les capacités aux niveaux national et décentralisé.

Afrique : le drone civil, future arme des jihadistes ?

Sur le continent africain, le recours aux drones civils par les groupes djihadistes devient de plus en plus fréquent et inquiète les experts.C’est la plus grande perte subie par les Forces armées maliennes (Fama) depuis 2019. Dimanche 7 août, des jihadistes de l’État islamique au Sahel (EIS) ont attaqué la base de Tessit, dans le cercle d’Ansongo, à 1342 kilomètres à l’est de Bamako, faisant 42 morts parmi les soldats maliens, selon un bilan officiel qui revendique en même temps la neutralisation de 37 assaillants.

Le communiqué publie le 8 août par l’Etat-major général des armées décrit « une attaque complexe et coordonnée de groupes armés terroristes bénéficiant d’un appui drone et artillerie avec usage des explosifs et véhicule piégé ».

Le lendemain, 9 août, Fahad Ag Almahmoud, un influent membre du mouvement armé touareg pro-gouvernemental GATIA (groupe d’autodéfense Imghad et Alliés), confirme l’usage de drones par les jihadistes. « J’espère que les Fama savent que l’EIGS (ancien nom de l’EIS) a des drones. Je profite de l’occasion pour informer les Maliens de cela », a posté sur Twitter, l’activiste touareg.

L’usage de drones par les jihadistes n’est pourtant pas une nouveauté au Mali, même s’il ne s’agit en général que de la version commerciale de moins de 4 kilogrammes avec une autonomie très limitée, destinée initialement à un usage civil, et non d’appareils armés, plus sophistiqués et plus onéreux comme ceux utilisés par les armées régulières.

Véhicule sans pilote (UAV), le drone peut être contrôlé par un logiciel à distance ou d’auto-automatisation, selon un rapport sur le marché des drones en Afrique du Sud publié en 2019. Ce document consulté par APA explique que l’appareil « se compose d’une source d’alimentation, comme des batteries lithium-on ou de cellules solaires à des combustibles et hybride, des rotors, d’hélices, de caméras, un altimètre, des contrôleurs pour communiquer par onde et une carrosserie ».

Le drone est une invention militaire apparue au début du 20ᵉ siècle, précisément pendant la Première Guerre mondiale.

Le 2 juillet 1917, le Français Max Boucher réussit à faire décoller un avion de type Voisin 150 HP. L’aéronef sans pilote s’est envolé sur une distance de 500 m à une altitude de 50 m au-dessus du sol.

Naviguant sur le succès de cette nouvelle technologie, des entreprises ont investi le marché des drones commerciaux qui devrait passer de 14 milliards de dollars en 2018 à plus de 43 milliards de dollars en 2024, d’après le rapport sur le marché sud-africain des drones paru en 2019.

« Entre 60 et 100 bombardements aériens en Irak et en Syrie »

Mais, rapidement, ces appareils volants sont devenus des moyens permettant à des groupes armés non étatiques de s’exprimer autrement.

C’est « la technologie actuelle la plus prémonitoire qui permettra de futures attaques terroristes », estime le major Thomas G. Pledger dans une étude sur « Le rôle des drones dans les futures attaques terroristes » publiée en février 2021.

« Les drones ont la capacité de créer une impasse. Ce qui peut permettre aux terroristes de mener plusieurs attaques presque simultanément, amplifiant rapidement leur effet global », affirme le major Pledger, mentionnant qu’« entre 1994 et 2018, plus de 14 attentats ont été planifiés ou tentés » à l’aide de cette technologie.

« La menace des drones +grand public+ provenant du secteur civil est identifiée depuis près d’une dizaine d’années en Europe. Comme on l’a vu en Syrie ou en Irak, ces drones, dont les plus courants sont les DJI d’origine chinoise, sont très accessibles, car en vente libre sur Internet, via des sites en ligne comme Amazon. Pour quelques centaines de dollars, vous pouvez acheter une petite machine faible et facile à utiliser », assure Olivier Fourt, spécialiste des questions de défense à Rfi et actuellement correspondant en Afrique de l’Ouest pour l’Hebdomadaire spécialisé Air et Cosmos.

Le prix de la gamme de la plupart des drones commerciaux prêts à l’emploi capables de soulever une charge de la taille d’une arme se situerait entre 1000 et 2000 dollars.

Pour garder sa capitale en Irak, Mossoul, l’État islamique avait jeté son dévolu sur ces appareils contre les forces régulières irakiennes. Selon le directeur des initiatives stratégiques du Centre de lutte contre le terrorisme (CTC) de l’Académie militaire américaine de West Point, Don Rassler, l’organisation jihadiste menait, à l’époque où elle occupait une grande partie de l’Irak et de la Syrie, 60 et 100 bombardements aériens à l’aide de drones.

Damien Ferré, directeur de la société Jihad Analytics, spécialisée dans l’analyse du jihad mondial et cyber a, pour sa part, documenté 72 attaques menées par l’État islamique entre octobre 2015 et décembre 2017 dans ces deux pays.

Des documents trouvés à Mossoul, après la défaite de l’Etat islamique, par l’armée irakienne montrent d’ailleurs comment ce groupe a tenté de normaliser et d’institutionnaliser les données sur son programme de drone. « Une brigade subordonnée au comité de fabrication et de développement militaire du groupe avait produit un formulaire de quatre pages contenant la liste de contrôle des drones avant et après le vol et des zones pour enregistrer les commentaires après action et marquer quel type de mission avait été menée », révèle Don Rassler.

Le drone commercial pour des attaques terroristes en Afrique ?

L’organisation jihadiste a tenté d’expérimenter l’utilisation des drones en dehors de la zone syro-irakienne où elle a perdu du terrain, comme en témoigne la publication, en janvier 2016, d’une vidéo avec une vue aérienne d’une bataille à Benghazi, en Libye.

En Afrique sub-saharienne, dès 2018, le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) lié à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) aurait fait recours au drone pour planifier une attaque contre le Super Camp de la Mission multidimensionnelle intégrée des nations unies pour la Stabilisation au Mali (Minusma) à Tombouctou.

Une année plus tard, c’est au tour l’EIS de lui emboîter le pas. Une source sécuritaire soutient que l’ex-EIGS s’est servi des drones pour faire le repérage des camps de l’armée malienne d’Indélimane et des postes avancés d’Inatès et Chinaghodar au Niger en 2019. C’était la période synonyme de la montée en puissance de ce groupe dans la région des trois frontières où se rencontrent le Mali, le Burkina Faso et le Niger, plus connue sous le nom de Liptako-Gourma. Le drone qui aurait servi à collecter des informations sur les camps militaires de ces pays aurait été récupéré par les soldats français de l’Opération Barkhane lors d’une opération menée en 2020 et ayant conduit à l’élimination de l’opérateur.

Mais les militaires français qui viennent de se retirer définitivement du Mali, suite à une longue crise avec les officiers ayant pris le pouvoir à Bamako en 2020, n’ont pas réussi à mettre un terme au recours à ce moyen technique d’espionnage par l’EIS. En avril 2021, des jihadistes appartenant à la même entité sont montrés dans une vidéo non datée en train de manipuler un drone Phantom 3 pro quadricoptère, de fabrication chinoise.

L’Afrique de l’Est et australe ne sont pas en reste. En mai 2020, le ministre mozambicain de l’Intérieur affirmait que les jihadistes d’« Ansar al sunna » communément appelés « al Shabab », affiliés à l’Etat islamique, utilisaient déjà des drones pour « identifier leurs cibles ».

Une étude du journal de la sécurité stratégique titrée « une menace volante à venir au Sahel et en Afrique de l’Est » soutient que la province de l’État islamique en Afrique de l’Ouest a reçu des conseils du noyau de l’EI central sur l’utilisation des drones. Mais à l’heure actuelle, les jihadistes nigérians n’ont pas encore conduit d’attaques avec cet outil. Ils se contentent de l’employer à des fins de propagande, comme l’illustre une vidéo de 27 minutes intitulée « la Génération autonome », diffusée le 18 janvier 2022 avec des prises de vue de drone.

« En réalité, c’est même son utilisation première aux mains d’un groupe armé », assure Olivier Fourt. Pour le spécialiste, le drone « peut aussi être une arme psychologique avec des survols que l’on pourrait qualifier de harcèlement destiné à fatiguer les sentinelles qui devront maintenir un niveau d’alerte élevée dans la durée ».

Le 21 août dernier à Tombouctou, au Mali, un drone a été observé en train de survoler le camp de la Minusma, activant la force de réaction rapide.

« Quand l’opportunité se présentera, l’État islamique utilisera de manière ponctuelle ce type d’arme pour mener certaines de ces attaques », prévient Damien Ferré.

Une source sécuritaire contactée par APA, pense cependant « que tant que l’EI aura assez de combattants, ils n’utiliseront pas cette technique, car ils n’auront pas la même rapidité d’exécution qu’avec les fantassins ».

Les Etats africains en alerte maximale

Selon la même source, ce genre d’appareil est « facile à trouver sur les marchés locaux, que ce soit à Gao, Niamey et autres grandes villes du Niger, du Mali et du Nigeria. Les jihadistes ont accès à ces marchés à travers des intermédiaires ou fournisseurs pour qui ils doublent toujours les prix, par exemple si la marchandise coûte 500.000 francs CFA (près de 600 dollars), ils peuvent l’acheter à 1 million francs CFA (1500 dollars) car ils ont du cash, beaucoup de cash ».

En Afrique, l’achat et l’usage des drones sont pourtant théoriquement « beaucoup plus encadrés qu’en Europe », rappelle Olivier Fourt.

Dans un pays comme le Sénégal, jusqu’ici un des rares en Afrique de l’Ouest à rester épargné par les attaques jihadistes, les autorités ont mis en place des garde-fous pour parer à toute éventualité. « L’importation et l’utilisation des drones sont principalement régies par l’annexe 5 du règlement aéronautique du Sénégal numéro 6 relatif au système d’aéronefs téléportés (…) Les personnes physiques sont éligibles à l’obtention d’une autorisation d’exploiter un drone. Les personnes morales régulièrement établies au Sénégal et celles ne résidant pas au Sénégal, dotées d’un contrat légal de prestation de service, sont également éligibles à la détention et à l’utilisation d’un tel aéronef à des fins professionnelles ou commerciales. Elles doivent être identifiées par l’Autorité qui leur délivre un numéro d’identification », explique Amadou Tidiane Cissé, Inspecteur principal des Douanes et auteur de l’ouvrage « Terrorisme, la fin des frontières », paru aux Éditions Harmattan 2021.

Selon l’officier sénégalais, « la douane veille à l’application stricte des dispositions de la réglementation au niveau du cordon douanier », rappelant que des sanctions administratives, pécuniaires et des poursuites pénales sont prévues à l’encontre des personnes qui utilisent les drones sans les titres exigibles.

Mali : le 2e Bataillon des Casques bleus ivoiriens déployé à Tombouctou

Le deuxième Bataillon des Casques bleus ivoiriens, intervenant dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), a été déployé à Tombouctou, selon une note de l’armée ivoirienne, publiée mardi.« Le deuxième Bataillon projetable des forces armées de Côte d’Ivoire a achevé la semaine dernière son déploiement à Tombouctou dans le cadre de la Minusma », annonce l’Etat-major général des armées ivoiriennes, indiquant que ces Casques bleus viennent en relève de leurs prédécesseurs du Bataillon pilote projetable qui ont totalisé entre 18 et 30 mois en terre malienne. L’opération de déploiement s’est déroulée les 19, 20 et 21 août 2022.

Avec ce déploiement, c’est désormais un contingent au grand complet qui va commencer son mandat huit mois après l’arrivée de ses 225 précurseurs présents à Tombouctou depuis le 6 janvier 2022.

Le Bataillon autonome des forces armées de Côte d’Ivoire est désormais constitué. Et ce, après cet épisode de huit mois qui a vu cette unité scindée en deux, et le déploiement début janvier des 225 premiers soldats qui devaient être rejoints deux semaines plus tard par 425 autres restants.

La relève de ces Casques bleus ivoiriens aura donné à voir un véritable ballet aérien trois jours durant. Tout a commencé le jeudi 18 août 2022 au cantonnement de AK Camp par l’adresse du chef d’Etat-major général des armées, le général Lassina Doumbia, aux soldats.

Le général Lassina Doumbia a dit son soulagement de voir enfin cette relève s’effectuer après plusieurs reports, réitérant ses propos galvaniseurs, tenus sur ce même lieu la veille de la date initiale annoncée de déploiement du contingent, le 24 janvier 2022.

Il a ensuite exprimé toute sa confiance dans la capacité du bataillon à exécuter la mission, tout en évoquant avec cette troupe, les conditions particulières de ce déploiement, notamment, la situation des 49 soldats de la NSE 8.

« Vous devez rester des soldats ivoiriens, c’est-à-dire ceux qui ont une parfaite connaissance de la mission et qui savent l’exécuter avec professionnalisme. Vous devez porter encore plus haut, cette renommée acquise durement en mission extérieure et qui est reconnue dans les instances onusiennes », a-t-il déclaré.

« Mais surtout, vous devrez faire preuve d’élévation sur les contingences du moment et rester concentré sur votre mission. Au Mali, vos faits et gestes seront certainement observés tout comme votre attitude », a-t-il conseillé.

Evoquant les nouvelles dispositions réglementant l’exploitation par la MINUSMA de l’espace aérien malien, il a recommandé le professionnalisme aux soldats, faisant savoir que « les appuis aériens ne viendront certainement pas quand ils seront le plus attendus ».

« Vous ne devrez compter que sur vous-mêmes en cas de coup dur. Si cela advenait, sachez que vous avez été mieux formés que l’ennemi. Il s’agira seulement d’appliquer vos actes réflexes et élémentaires », a-t-il poursuivi.

Au lendemain de cette adresse, un Boeing 737 est posé à Abidjan, et 71 soldats y ont pris place pour rallier directement Tombouctou où les attendaient 71 de leurs prédécesseurs du Bataillon pilote projetable impatients de regagner leur pays au terme de cette mission.

Ce sont, au total, six rotations que l’appareil effectuera pour acheminer la totalité des 425 Casques bleus montants. Avec cette relève, le bataillon pourra effectuer les missions de son mandat au nombre desquelles le contrôle de positions avancées dans le fuseau Ouest.

Le bataillon a également pour mission les patrouilles de sécurisation et des escortes de convois de ravitaillement. Le deuxième « CIV-Batt » est fort de 650 soldats au nombre desquels 56 officiers. Il compte 25 femmes et est déployé pour un engagement de 12 mois à Tombouctou dans le Nord-Ouest du Mali.

Ce déploiement intervient après que 49 militaires ivoiriens, considérés comme des « mercenaires », ont été inculpés et déférés au Mali. Selon l’Etat ivoirien, ces soldats font partie des Éléments nationaux de soutien (NSE) et constituent le 8e détachement.

Chine : les dessous de l’annulation de la dette africaine

Accusée d’entraîner des pays africains dans le « piège de la dette », la Chine a annoncé l’annulation de 23 prêts accordés à 17 pays africains.L’Afrique doit-elle se réjouir de cette apparente générosité de la part de Pékin ?

En effet, la Chine a annoncé qu’elle renonçait à 23 prêts sans intérêt accordés à 17 pays africains et qu’elle offrait dix milliards de dollars de ses réserves aux Fonds monétaires internationaux.

Le Forum sur la coopération sino-africaine, qui s’est tenu la semaine dernière, a été l’occasion pour le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, de confirmer cette mesure. Mais, il n’y a eu aucun détail clair sur la valeur des prêts et sur les nations africaines qui en étaient les bénéficiaires.

Ces prêts sans intérêt (au nombre de 23) sont arrivés à échéance à la fin de l’année 2021, a-t-il précisé.

Les dettes des pays africains vis-à-vis de la Chine varient d’un pays à l’autre. Selon les autorités chinoises, la Chine aurait prêté 153 milliards de dollars à des Etats et à des entreprises africaines, entre 2000 et 2019.

Selon les chiffres fournis par la Chine, au moins dix milliards de dollars de dettes africaines envers la Chine ont été annulés depuis le début de ce siècle.

Un rapport de la China Africa Research Initiative affirme qu’entre 2000 et 2019, Pékin a annulé des prêts à taux zéro d’une valeur de 3,4 milliards de dollars.

La question de la dette africaine est un enjeu par les puissances occidentales. Elle n’échappe pas à la bataille d’influence qui se joue sur le continent entre Pékin et les puissances occidentales.

Cette décision, dont certains détails sont encore enveloppés de secret, au regard de certaines critiques, n’a pas dissuadé les sceptiques de s’épancher sur les véritables intentions de la Chine en Afrique.

Ils font valoir, avec une certaine justification, que les prêts annulés ne représentent qu’une infime partie de la dette financière de l’Afrique envers la deuxième puissance économique mondiale après les Etats-Unis.

La Chine est accusée d’entraîner des pays africains dans le « piège de la dette », dans un contexte de rivalité accrue avec les puissances occidentales. Des accusations que, l’empire du Milieu s’est employé, à coups d’annonces, à balayer auprès de ses partenaires africains.

Toutefois, force est de constater que la grande majorité des prêts récents de la Chine en Afrique concernent plutôt des prêts concessionnels et commerciaux. Ils ne sont donc pas concernés par cette politique d’annulation bien que certains de ces prêts aient été restructurés.

Ainsi, l’annonce peut être trompeuse, étant donné que l’annulation quasi totale de la dette ne laisse pas nécessairement de « trace positive sérieuse » sur les énormes concessions commerciales qui maintiennent le continent embourbé dans l’endettement envers la Chine.

En 2021, la dette de l’Afrique envers la Chine est estimée à 21% de l’ensemble de la dette du continent.

Des recherches ont montré que les annulations de dettes de la Chine en faveur l’Afrique n’ont rien de nouveau, celles de ces dernières années témoignant d’un comportement régulier de la part de l’empire du Milieu, devenu un géant économique mondial, qui est, de loin, l’un des principaux partenaires commerciaux du continent.

Des intentions néo-colonialistes ?

Depuis les années 1990, lorsque les intérêts économiques de la Chine en Afrique ont pris de l’ampleur, les pays du continent se sont retrouvés à contracter des dettes croissantes auprès de la Chine, une situation qui perdure à ce jour et qui fait dire à certains sceptiques que Pékin a des intentions néo-colonialistes sur le continent.

Ils parlent des pièges ultimes de la dette qui, à long terme, rendraient les gouvernements africains paralysés par leur endettement envers la Chine. En effet, les conditions de ces prêts finiraient par asservir nos Etats et les enfoncer davantage dans les desseins néocoloniaux chinois.

La position des principaux candidats kenyans aux élections du 9 août est peut-être révélatrice de la méfiance persistante de certains hommes politiques africains à l’égard de la Chine, en dépit de sa politique bien accueillie consistant à offrir de l’aide sans faire preuve de condescendance à l’égard de la politique des pays bénéficiaires, un reproche fait aux pays occidentaux.

Un très grand nombre de dirigeants africains sont à l’aise avec Pékin, qui n’a pas pour politique de joindre le geste à la parole sur le plan politique. Ils n’apprécient guère cette attitude de l’Occident qui leur rappelle volontiers leurs mésaventures coloniales qui ont coûté cher à l’Afrique et aux Africains.

Mais quelque chose dans les prêts et autres aides chinoises à l’Afrique reste profondément suspect du point de vue des Africains, qui sont enclins à penser au cynisme à l’égard de tout ce qui vient de l’extérieur, sur un continent dont les ressources minérales sont convoitées par les puissances occidentales.

Comme tous les prêts annulés dans le passé, ces derniers n’ont aucun poids pour secouer de manière significative l’équilibre inégal du pouvoir économique entre l’Afrique et une superpuissance comme la Chine qui talonne les Etats-Unis et qui ambitionne d’être la première économie du monde.

Présidentielle kenyane : Raila Odinga saisit la Cour suprême d’un recours

L’opposant kenyan a matérialisé sa contestation de la victoire de William Ruto à l’élection présidentielle en déposant un recours lundi 22 août devant la Cour suprême.Raila Odinga joint le geste à la parole. Classée deuxième à l’élection présidentielle du 9 août avec 48,85 %, cette figure de l’opposition kenyane était devancée par le vice-président du pays William Ruto avec 50,49 %, selon la commission électorale. Cela fait une semaine que cet organe indépendant en charge de l’organisation du scrutin a proclamé dans la division les résultats provisoires, qualifiés de « parodie » par M. Odinga.

Bénéficiant du soutien du président sortant Uhuru Kenyatta pour cette élection, il a déposé en ligne un recours devant la Cour suprême contestant les résultats, a indiqué ce lundi un de ses avocats. Le recours « leur a déjà été envoyé et ils le verront bientôt. (…) La copie physique doit arriver avant 14 h (11 h GMT), heure limite pour déposer un recours. Nous espérons avoir bâti un bon dossier et que nous gagnerons », a déclaré Daniel Maanzo, qui fait partie de l’équipe juridique de l’homme politique de 77 ans.

Ainsi, la Cour suprême, plus haute instance judiciaire du pays, dispose de quatorze jours pour rendre sa décision. Et en cas d’annulation du scrutin, une nouvelle élection doit se tenir dans les soixante jours.

Quelques heures avant l’annonce des résultats de la présidentielle par le président de la commission électorale, le 15 août dernier, quatre des sept membres avaient annoncé les rejeter. Ils reprochent à Wafula Chebukati, le président de l’organe, sa gestion « opaque » et son absence de concertation.

Ce dernier a rejeté ces accusations, affirmant avoir exercé ses prérogatives conformément à la loi du pays malgré « l’intimidation et le harcèlement ».

Mali : Abdoulaye Maïga, un Docteur-Colonel à la Primature

Le colonel Abdoulaye Maiga, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation est désigné Premier ministre par intérim du Mali en remplacement de Choguel Kokalla Maïga, hospitalisé depuis une semaine.La nomination de ce colonel de 41 ans est annoncée dimanche soir par décret signé du président de la transition, le colonel Assimi Goïta. Abdoulaye Maïga assure l’intérim de Choguel Kokalla Maïga hospitalisé depuis le 13 août après un malaise. Avec cette nomination, les militaires contrôlent les deux têtes de l’exécutif.

Peu connu du grand public avant son arrivée en juin 2021 à la tête du de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Abdoulaye Maïga est souvent apparu à la télévision publique malienne en treillis pour donner les grandes orientations du gouvernement malien.

Il passe pour ne pas avoir fait partie du cercle des officiers qui ont pris le pouvoir par la force avec le colonel Goïta en août 2020.

Docteur en sécurité international et défense en 2011 à l’Université Jean Moulin (France), le colonel Maïga est aussi titulaire d’un diplôme en diplomatie en droit international décroché en 2005 à l’École nationale d’Administration en Algérie.

En 2016, il était à la tête du programme et analyste en charge du terrorisme, de l’extrémisme violent et de la sécurité maritime à Abuja (Nigeria). Abdoulaye Maïga est revenu ensuite au pays pour devenir commandant du Groupement d’intervention de la gendarmerie mobile.

Lire aussi: Mali: Le Premier ministre admis dans une clinique à Bamako

Connu pour son discours anti-français, le porte-parole du gouvernement malien ne fait pas dans la langue de bois quand il s’agit d’évoquer les relations avec la France.

En juillet dernier, il avait effectué une sortie musclée pour répondre à Emmanuel Macron qui avait évoqué le dossier malien lors d’un voyage en Guinée Bissau. Le nouveau Premier ministre malien avait « exigé » du président de la République française de quitter « définitivement sa posture néocoloniale, paternaliste et condescendante ».

Avant d’ajouter qu’« il est important que le Président Macron se remémore constamment le rôle négatif et la responsabilité de la France dans le Génocide des Tutsi au Rwanda, un événement qui attriste encore l’humanité ».

Sa nomination à la Primature à la place de Choguel Maïga, contesté par une partie de la classe politique malienne, consacre la mainmise de l’armée qui contrôle aussi le Conseil national de transition (CNT) par l’intermédiaire du colonel Malick Diaw.

Abdoulaye Maïga a du pain sur la planche. En plus de diriger le nouveau gouvernement, il doit veiller au respect de la feuille de route convenue avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), pour organiser en février 2024, les élections générales qui doivent marquer le retour des civils au pouvoir.

Bamako promet « plus de succès » après le départ de Barkhane

Pour le gouvernement de transition malien, la force française Barkhane était un frein dans la reconquête d’une grande partie du territoire des mains des groupes jihadistes.Une nouvelle ère pour l’armée malienne ? Cinq jours après la fin du processus de retrait de la force française Barkhane du Mali, les autorités de la transition ne s’inquiètent pas sur les conséquences de la lutte contre les groupes terroristes qui occupent une grande partie du pays depuis plusieurs années. Selon Bamako, Paris a longtemps constitué un obstacle pour les militaires maliens sur le terrain jihadiste.

« Le gouvernement de la transition prend acte de ce retrait définitif de la force Barkhane et rassure la population malienne que grâce à la montée en puissance des vaillantes Forces Armées Maliennes (FAMa), plus de succès seront engrangés contre les groupes terroristes, la sécurité des populations sera considérablement améliorée et les biens ne faibliront point », a indiqué le colonel Abdoulaye Maïga, le porte-parole, dans un communiqué reçu à APA samedi.

Le gouvernement malien « souligne que la détérioration de la situation sécuritaire au Mali et dans le Sahel est une conséquence immédiate de l’intervention de la France et ses alliés en Libye ». Bamako réitère ainsi les accusations formulées mercredi contre Paris en saisissant le Conseil de sécurité des Nations unies. 

Le chef de la diplomatie malienne avait dénoncé les violations de l’espace aérien de son pays par la France. Il affirme détenir des preuves de soutien en « armes » et en « renseignements » de Paris aux groupes terroristes opérant au Mali, et plus généralement dans la région sahélienne.

La France n’a pas tardé à réagir, rejetant les accusations portées par le Mali dans une lettre adressée au Conseil de sécurité des Nations unies. « La France n’a évidemment jamais soutenu, directement ou indirectement, ces groupes terroristes, qui demeurent ses ennemis désignés sur l’ensemble de la planète », a indiqué sur Twitter l’ambassade de France au Mali, rappelant que 53 soldats français étaient morts dans ce pays au cours des neuf dernières années. 

« C’est particulièrement insultant de voir que l’on puisse penser qu’on alimente des terroristes », a noté de son côté le général Bruno Baratz, le commandant de la force française Barkhane, redéployée aujourd’hui au Niger, voisin du Mali.

Malgré la brouille avec la France, le gouvernement de transition malien « réitère sa disponibilité à coopérer avec tous les Etats du monde en vue de juguler la menace terroriste, à condition que cette relation s’inscrive dans le (…) respect de la souveraineté du Mali », le respect de ses « choix stratégiques opérés » et « la défense des intérêts du peuple malien dans les décisions prises ».

Bamako accuse Paris de soutenir les jihadistes et saisit les Nations Unies

Le Mali affirme détenir des preuves d’une assistance de la France aux groupes terroristes opérant sur son territoire.Le bras de fer diplomatique s’intensifie. Deux jours après la fin du processus de retrait de la force française Barkhane du Mali, le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a adressé une lettre au Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies (Onu) pour dénoncer des violations de l’espace aérien de son pays.

Le chef de la diplomatie malienne a également accusé l’armée française de soutenir les groupes jihadistes actifs au Mali et plus généralement au Sahel. « Le gouvernement du Mali dispose de plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes de l’espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions », affirme M. Diop dans la missive datée du 15 août, jour où les soldats français de Barkhane ont annoncé leur retrait définitif du territoire malien.

Depuis début 2022, les autorités de transition maliennes indiquent avoir documenté « plus de 50 cas délibérés de violation de l’espace aérien malien par des aéronefs étrangers, opérés par les forces françaises sous différentes formes ».

Il s’agit de « drones, d’hélicoptères ou d’avions de chasse » qui auraient survolé le Mali « sans autorisation ». Dès lors, le ministre malien des Affaires étrangères a dénoncé des « activités d’espionnage » et de « subversion » à travers la publication d’images collectées illégalement et « montrant des civils tués » en avril dernier à Gossi (Nord), non loin d’une base rétrocédée à l’armée malienne par les militaires français.

« Les résultats de l’enquête judiciaire menée par les services compétents du Mali établissent que les corps y avaient été déposés bien avant l’arrivée des forces maliennes à Gossi », a expliqué Abdoulaye Diop. De son côté, Paris affirmait avoir filmé des hommes blancs en treillis, présentés comme des mercenaires du groupe russe Wagner, en train d’enterrer des corps à proximité de la base de Gossi.

La réaction de Paris attendue

Concernant les nouvelles accusations du Mali, la France n’a pas encore réagi. Mais sa réponse ne devrait pas tarder compte tenu de la guerre diplomatique que se mènent l’ex-puissance coloniale et l’ancien Soudan français.

Le gouvernement du Mali a rappelé que c’est « en raison des suspicions des manœuvres de déstabilisation de la France (qu’il) s’est fermement opposé à la demande de soutien aérien de la France à la Minusma », la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali.

En fait, Bamako ne voulait pas que Paris, sous le couvert de la mission onusienne, mène « des opérations subversives visant à fragiliser davantage » la région du Sahel. Tout en demandant au Conseil de sécurité de l’Onu la tenue d’une « réunion d’urgence sur ces questions », le Mali se réserve « le droit de faire usage de la légitime défense » en cas de « persistance » par la France « dans cette posture qui porte atteinte à (sa) stabilité et à (sa) sécurité ».

Présente militairement au Mali depuis près d’une décennie pour combattre le jihadisme, la France est entrée en conflit avec la junte au pouvoir. Qualifiés d’« illégitimes », les auteurs du coup d’Etat contre le président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020 sont accusés par le président Emmanuel Macron d’avoir favorisé l’arrivée de Wagner, groupe de mercenaires russes. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui ont poussé Paris à ordonner le retrait de la force Barkhane en février dernier.

Sénégal-Mali : ce que Macky Sall et Assimi Goïta se sont dit

Le président de la transition malienne a longuement reçu lundi le président en exercice de l’Union Africaine (UA) au palais de Koulouba.Le président sénégalais a entamé lundi 15 août une mini-tournée africaine. Avant de s’envoler à N’Djamena (Tchad) et à Libreville (Gabon), Macky Sall s’est arrêté quelques heures dans la capitale malienne où il a été reçu par le président de la transition, le colonel Assimi Goïta.

Au palais de Koulouba, les deux hommes ont évoqué plusieurs sujets dont l’affaire brûlante des 49 soldats ivoiriens détenus depuis plus d’un mois à Bamako. Le vendredi 12 août, la justice malienne les a inculpés pour « tentative d’atteinte à la sûreté de l’État » et « complot contre le gouvernement » avant de les placer sous mandat de dépôt. 

Abidjan exige leur libération, non sans assurer que ses militaires étaient en mission dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).

Le chef de l’Etat sénégalais, après son tête-à-tête avec Assimi Goïta, n’a pas mentionné cette affaire dans son compte rendu à la presse. Mais plusieurs sources indiquent qu’elle a été au cœur des discussions.

« Je remercie le président Assimi Goïta pour son accueil convivial. Nous avons échangé sur des sujets d’intérêt commun touchant au processus de transition au Mali et à la coopération bilatérale entre nos deux pays liés par l’histoire, le voisinage et l’espace communautaire de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) », a résumé Macky Sall sur les réseaux sociaux.

Selon l’Agence Nationale de Statistique et de la Démographie (ANSD) du Sénégal, près de 23 % des exportations de ce pays sont destinés au Mali. Plusieurs acteurs du corridor Dakar-Bamako avaient souffert de l’embargo de la Cédéao qui a duré six mois environ. Aujourd’hui, les deux pays veulent tourner la page puisque, avec Macky Sall, Assimi Goïta a déclaré qu’il a « convenu de renforcer la coopération ».

Notant que la transition malienne a réalisé des « progrès après quelques difficultés » liées aux sanctions de la Cédéao, le successeur du Congolais Félix Tshisekedi à la présidence de l’Union Africaine (UA) appelle aujourd’hui à « accompagner le Mali dans cette voie pour le retour à un ordre constitutionnel normal dans le délai prévu conformément aux engagements des autorités ».

Enfin, Macky Sall estime que « l’ensemble de la communauté internationale, notre continent en tête, a l’obligation de soutenir le Mali pour mettre fin à la crise multidimensionnelle qu’il traverse ».

Mali: Le Premier ministre admis dans une clinique à Bamako

Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga a été admis dans une clinique à Bamako. Il souffre d’un malaise sérieux. Son état de santé s’améliore.Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, a été hospitalisé dans une clinique de Bamako après avoir eu un malaise, ont indiqué l’un de ses conseillers et un médecin de la clinique où il a été admis.

« Le Premier ministre Choguel Maïga est effectivement admis dans une clinique privée de Bamako. Il a eu un léger malaise. Je peux vous dire qu’à ce stade, ça va. Il est sous surveillance médicale », a dit l’un de ses conseillers spéciaux.

« Le Premier ministre malien a été admis aujourd’hui (samedi) dans notre clinique pour un malaise sérieux. Je peux vous dire qu’il récupère plutôt bien », a également fait savoir un médecin de cet établissement de santé.

« Après 14 mois de travail sans répit, le Premier ministre, chef du gouvernement, Choguel Kokalla Maïga, a été mis en repos forcé par son médecin », a confirmé la Primature sur sa page Facebook. « Il reprendra ses activités la semaine prochaine », ajoute-t-on de même source.

Choguel Kokalla Maïga, 64 ans, plusieurs fois ministres et trois fois candidat à la présidentielle (2002, 2013 et 2018), avait été nommé chef de gouvernement le 7 juin 2021 par le président de la transition au Mali, Assimi Goïta.

Mali: Reprise lundi des rotations des contingents de la Minusma

Les rotations des contingents de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), suspendues depuis un mois, reprendront, lundi avec un nouveau mécanisme d’approbation, a annoncé, samedi, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, une information confirmée par la Minusma. »La Minusma a marqué son accord sur les nouvelles procédures et les a communiquées à tous les pays contributeurs de troupes. Il n’y aura pas d’exception », a déclaré M. Diop.

Avant, les contingents « nous saisissaient directement. On a mis un terme à cela. Toutes les demandes doivent désormais passer par la Minusma qui doit les valider et transmettre aux Affaires étrangères par note verbale », a précisé le chef de la diplomatie malienne. « Il est prévu que les rotations recommencent dès ce lundi », a confirmé, de son côté, Myriam Dessables, porte-parole de la Minusma.

Les rotations des contingents militaires et policiers de la Minusma avaient été suspendues, le 14 juillet pour une durée indéterminée en raison du « contexte de sécurité nationale ».

Vendredi, l’Allemagne avait annoncé suspendre « jusqu’à nouvel ordre » la majeure partie de ses opérations militaires au Mali dans le cadre de la Minusma, en dénonçant un nouveau refus de survol par les autorités maliennes.

Le président Macky Sall en visite au Mali lundi prochain

Le président sénégalais, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine (UA), effectuera une visite officielle au Mali à partir de lundi prochain, a indiqué une source de la présidence malienne, citée par des médias. Cette visite de travail est la première du président sénégalais au Mali depuis la prise du pouvoir par le président de la transition, Assimi Goïta en mai 2021, a ajouté la même source. 

Elle est annoncée au moment où l’Allemagne a décidé de suspendre « jusqu’à nouvel ordre » la majeure partie de ses opérations militaires au Mali dans le cadre de la mission de l’ONU, la Minusma (Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali). 

Vendredi, la ministre fédérale de la Défense allemande, Christine Lambrecht, a indiqué que « le gouvernement malien a encore une fois refusé d’autoriser un vol prévu aujourd’hui » qui devait assurer une rotation de personnel.

Mali : 42 soldats tués dans l’attaque de Tessit

Le précédent bilan faisait état de 21 victimes dont 17 soldats et 4 civils.Les autorités maliennes annoncent un nouveau bilan de l’attaque du 7 août 2022 dans la commune de Tessit (nord-est) attribuée à des jihadistes. Selon un document officiel circulant, mercredi 10 août 2022, sur les réseaux sociaux, 42 soldats ont perdu la vie dans ces attaques qui ont visé les Forces armées maliennes (Fama) stationnées dans cette zone des trois frontières entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

Dimanche dernier, en début d’après-midi, les Fama indiquent avoir « réagi vigoureusement à une attaque complexe et coordonnée des groupes armés terroristes » à Tessit, dans le cercle d’Ansongo, à 1345 kilomètres à l’est de Bamako.

Des sources locales confient à APA que les combats auraient duré quatre heures à l’issue desquelles, les assaillants se seraient repliés.

Il n’y pas encore de revendication. Mais pour de nombreux observateurs, il n’y a aucun doute. C’est l’Etat islamique au Sahel. Le groupe jihadiste a été très actif dans la même zone depuis le début de l’année.

Le 21 mars dernier, l’armée malienne avait perdu quatre soldats dans une attaque revendiquée par l’Etat islamique au Sahel dans cette localité qui fait partie de la région des trois frontières, où se croisent le Mali, le Niger et le Burkina Faso.

Alassane Ouattara et Macky Sall ont-ils comploté contre le pouvoir à Bamako?

Dans la foulée de l’arrestation à Bamako de 49 ivoiriens à Bamako, le mois dernier, Abidjan et Dakar ont été accusés de comploter contre les autorités de transition maliennes. Aliou Sall, frère cadet du président sénégalais est cité comme acteur central dans cette affaire. Enquête exclusive.Que s’est-il vraiment passé le Dimanche 10 juillet à l’aéroport international Président Modibo Keita de Sénou, près de Bamako? Ce jour-là, la cinquantaine de soldats ivoiriens qui s’étaient présentés aux autorités de la principale plateforme aéroportuaire du Mali, avaient-ils essayé d’entrer illégalement sur le sol malien,  avec « le dessein funeste de briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali, ainsi que du retour à l’ordre constitutionnel », selon les  mots du gouvernement malien?
Pour les autorités de transition au pouvoir à Bamako, il n’y a pas de place au doute: ces soldats ivoiriens ne sont rien d’autres que des « mercenaires », car n’ayant pas réussi à montrer des preuves attestant de la légalité de leur présence sur le sol malien.

Dès le lendemain de la première sortie des autorités maliennes sur cette affaire, le chef de l’Etat Ivoirien, Alassane Ouattara a convoqué une réunion du Conseil national de sécurité pour exiger la libération sans délai de ses militaires. Le gouvernement ivoirien affirme que ces soldats sont inscrits dans l’effectif de l’armée et se sont trouvés au Mali dans le cadre du dispositif des éléments nationaux de soutien (NSE). Un mécanisme de l’Onu qui permet aux pays contributeurs aux troupes des missions onusiennes de maintien de la paix, comme celle présente sur le territoire malien, la Minusma, de disposer d’un appui logistique.
La veille, Olivier Salgado, porte-parole de la Minusma à Bamako, est intervenu, dans un fil de discussion sur son compte personnel du réseau social Twitter, renforçant indirectement la thèse ivoirienne. Selon lui, les soldats ivoiriens ne sont certes pas des « casques bleus », surnom des militaires onusiens. Mais « leur relève aurait été communiquée aux autorités nationales ». En raison de cette sortie, le fonctionnaire onusien a été prié par les autorités de Bamako de quitter le Mali dans un délai de 72 heures.

Aliou Sall, frère du président sénégalais  

L’affaire aurait pu rester une histoire classique de tension diplomatique entre deux pays voisins, surtout qu’aux premières heures ayant suivi l’arrestation des soldats ivoiriens l’idée a circulé comme comme quoi cette affaire n’était vraisemblablement  qu’un coup de pression de Bamako pour obtenir d’Abidjan l’extradition de Karim Keita. C’est le fils du président malien renversé en août 2020 par les colonels qui dominent actuellement le pouvoir à Bamako et il était sous le règne de son père le patron de la commission de défense à l’assemblée nationale malienne que la justice de son pays accuse de malversations financières.

Mais l’affaire prend une tournure inattendue au sein des opinions et des chancelleries de la sous-région, lorsqu’une vidéo qui devient très vite virale sur les réseaux sociaux vient donner une version de faits qui dépasse largement les accusations du gouvernement malien.
Ce clip de 16 minutes 38 secondes est signé du célèbre avatar ivoirien Chris Yapi. Un compte anonyme très suivi en Afrique francophone depuis qu’au lendemain de la rupture en 2109 entre le président Alassane Ouattara et son ancien bras droit et dauphin constitutionnel, Guillaume Soro, il s’est fait connaître par une série de révélations inédites sur certains cercles du pouvoir Ivoirien. Depuis quelques temps, cependant, celui qui signe ses sorties par « Chris Yapi ne ment jamais » semble, de l’avis de plusieurs spécialistes, avoir moins d’informations de première main que de « fake News ».

Titrée « Comment Alassane Ouattara et Macky Sall s’enrichissent sur le sang des maliens », la vidéo de Chris Yapi, laisse penser que les présidents ivoiriens et sénégalais avaient tenté une opération de déstabilisation visant les autorités maliennes de transition issues des deux coups d’Etat d’août 2020 et mai 2021.
Pour justifier ses accusations, Chris Yapi fait d’Aliou Sall, frère cadet du chef de l’Etat sénégalais la pièce maîtresse de sa démonstration, en affirmant que la compagnie aérienne, Sahel Aviation Service (SAS) qui a transporté les 49 soldats ivoiriens interpellés et dont les installations dans la zone aéroportuaire de Bamako sont gardées par des unités ivoiriennes, est une « propriété de la famille Sall avec pour partenaire Alassane Ouattara ».

Chris Yapi avance que SAS a été créée par Aliou Sall lorsqu’il « brassait des milliards en tant que directeur général de la Caisse des Dépôts et de Consignations (CDC), gérant de la société pétrolière Petrotim Limited, administrateur et  actionnaire à la Banque de Dakar (BD) et maire de Guédiawaye (ville côtière, située au nord de Dakar)…».
Dans ces « révélations » de Chris Yapi, il y a des faits incontestablement vrais. Mais il y a aussi du faux. Beaucoup de faux.
Une recherche sur Dun and Bradstreet, une compagnie américaine fournissant des données commerciales et financières sur les entreprises dans le monde entier, permet de constater qu’il y a au moins quatre sociétés dénommées « Sahel Aviation service », avec des activités différentes les unes des autres et installées dans quatre pays distincts: Mali, Etats-Unis, Singapour et Afrique du Sud.
Le nom du frère cadet du président sénégalais n’apparaît nulle part dans les documents de ces compagnies. En revanche, un acte notarié établi à Dakar, indique que l’ancien maire de Guédiawaye a créé une compagnie aérienne dénommée  Sahel Aviation Sarl. Une homonymie nettement imparfaite avec Sahel Aviation Service ou SAS, la société impliquée dans l’affaire des 49 ivoiriens arrêtés à Bamako.

La déclaration notariée de conformité de l’entreprise fondée à Dakar par le frère du président sénégalais a pourtant été exhibée par Chris Yapi lui-même. On y apprend que Sahel Aviation Sarl a été créée en 2012 par Aliou Sall et un associé nommé Patrick Correa. Contrairement aux affirmations de la vidéo de Chris Yapi, à cette époque Aliou Sall n’était pas encore directeur général de la CDC à la tête de laquelle il n’a été porté qu’en 2017 avant d’en être évincé en 2019.
Contacté par Apa, Aliou Sall s’étonne que son nom soit associé à cette histoire. « Je suis totalement étranger à cette opération de transport de militaires ivoiriens au Mali. Je ne connais pas et n’ai jamais été en contact avec Sahel Aviation Service », se défend-il.
« J’avais créé en 2012 au Sénégal une société dénommée Sahel Aviation avec deux autres partenaires. Mes parts d’un montant de 333 000 francs, représentant 33% ont été gracieusement offerts à un de mes partenaires, Patrick Corréa en 2019, parce qu’il en avait la demande et parce que la société ne comptait aucune activité à cette date », ajoute-t-il.

Sur le site du bureau d’appui à la création d’entreprise (BCE), une entité de l’Agence pour la Promotion des investissements et grands travaux (APIX) du Sénégal, il est indiqué que Patrick Corréa est le gérant de Sahel Aviation Sarl dont le capital est de 1 000 000 francs CFA.

Un simple coup d’œil sur le site de la compagnie Sahel Aviation Service (SAS), aurait pourtant pu aider Chris Yaoi à être plus prudent. Selon son site, cette société a été fondée en 1988 et elle est basée à l’aéroport de Bamako.

Un document mis en ligne en 2015 par la compagnie aérienne privée sud-africaine, Cemair, consulté par APA News, apprend  davantage sur la compagnie SAS. Selon ce texte, celle-ci est en activité depuis 20 ans, se développant chaque année et acquérant une expertise dans les régions de l’Afrique de l’Ouest sous la direction de son président-directeur-général, Erik Van Der Gragt. Cependant, les opérations commerciales sont supervisées par son directeur général, Stefan Köhler, un ancien pilote allemand.
Au Mali, la compagnie est dirigée par une citoyenne ivoirienne d’origine béninoise, Agossou Concepte. Selon nos informations, elle occupe ce poste depuis un an après avoir été responsable de la flotte la compagnie de 2015 à 2021.

A ses débuts, SAS intervenait dans le transport de missions étrangères. « Aujourd’hui basée à Bamako, au Mali, elle est devenue un service d’affrètement, bien organisé qui opère pour les Nations unies, le Programme mondial alimentaire (PAM), la Croix rouge et diverses sociétés minières basées en Afrique occidentale », relate le magazine de la société sud-africaine Cemair.
Au départ, sa flotte était composée de 12 appareils dont 7 Beechcrafts 1900 D à double turbopropulseurs et 5 Beechrafts 1900 C à double turbopropulseurs. Actuellement, la compagnie dispose de 15 avions avec une moyenne d’âge de 28 ans, d’après l’association du transport aérien international (IATA), autorité de référence internationale dans le monde de l’aviation, y compris le fret qui est une activité légale réglementée par des conventions internationales et des accords régis par cet organisme.

C’est à bord d’un Embraer immatriculé ZS-BBI et d’un Antonov UR-CTH appartenant à SAS que, respectivement, les 49 soldats en tenue militaire et leur armement ont atterri à l’aéroport de Sénou.
Dans l’ordre de mission diffusé par le gouvernement ivoirien et dont Bamako conteste avoir reçu une copie lors du débarquement des militaires ivoiriens, on peut lire que Sahel Aviation Service est le transporteur de ce contingent censé être la relève du 7e détachement des éléments nationaux de soutien (NSE). Une note de la Minusma reconnait que les Ivoiriens ont été envoyés pour assurer la sécurité de la base des NSE allemands. En revanche, la mission onusienne nie être en connaissance d’un contrat entre l’Allemagne et des tiers pour la protection de la base allemande des NSE.

Ursula Von Der Leyen, ex ministre allemande de la Défense

Ce qui semble évident, c’est le lien entre Sahel Aviation Service et les forces armées allemandes. Le journaliste allemand, Thomas Wiegold, spécialisé sur les questions de défense écrit dans un article en date du 13 juillet que « le contingent allemand est hébergé avec d’autres partenaires multinationaux dans les locaux de la SAS », précisant que la « zone était gardée par des forces ivoiriennes pour le compte de la SAS.
Contacté par Apa News, Thomas Wiegold soutient que « l’entreprise est régulièrement utilisée par le contingent allemand de la MINUSMA tant à l’intérieur du Mali qu’à destination de Niamey ».
Le journaliste germanique évoque d’ailleurs le voyage effectué à Gao, au Mali, par Ursula Von Der Leyen, alors qu’elle était ministre de la Défense d’Allemagne. Elle a été transportée par SAS qui serait « à capitaux hollandais » selon un rapport d’information de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire de l’Assemblée nationale de France daté de 2019, sur l’externalisation du soutien aux forces en opérations extérieures, qui évoque ses connexions avec Dynami Aviation, une compagnie similaire française, qui a bénéficié de 40% de parts des 70,1 millions d’euros alloués par la France à quatre sociétés intervenant dans l’affrètement aérien entre 2015 et 2017.
Sollicitée par Apa News, la responsable de SAS au Mali n’a pas voulu répondre. 

Mali : l’Etat islamique veut le départ de l’armée du Gourma

Une attaque jihadiste attribuée à l’Etat islamique a fait 4 morts parmi les soldats maliens, selon l’Etat-major général des armées.Les Forces armées maliennes (Fama) continuent de compter leurs morts. Dimanche 7 août 2022, en début d’après-midi, elles ont « réagi vigoureusement à une attaque complexe et coordonnée des groupes armés terroristes » à Tessit, dans le cercle d’Ansongo, à 1345 kilomètres à l’est de Bamako.

Des sources locales confient à APA que les combats auraient duré quatre heures à l’issue desquelles, les assaillants se seraient repliés.

Il n’y pas encore de revendication. Mais pour de nombreux observateurs, il n’y a aucun doute. C’est l’Etat islamique au Sahel. Le groupe jihadiste a été très actif dans la même zone depuis le début de l’année.

Le 21 mars dernier, l’armée malienne avait perdu quatre soldats dans une attaque revendiquée par l’Etat islamique au Sahel dans cette localité qui fait partie de la région des trois frontières, où se croisent le Mali, le Niger et le Burkina Faso.

Le groupe venait d’être promu province à part entière, après avoir été pendant trois années rattaché à l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest, placé sous l’autorité d’un « wali » (Gouverneur) nigérian.

Un peu plus d’un mois avant ce raid, les Fama ont perdu huit soldats en réponse à une embuscade du même groupe.

Selon une source sécuritaire, l’attaque du dimanche 7 août pourrait occasionner plus de victimes, même si un bilan officiel fait état de six morts. Il s’agit de quatre militaires et deux civils qui sont des adjoints au maire de Tessit.

L’objectif, sous la houlette du chef jihadiste Moussa Moumini, serait d’éliminer toute présence des Fama dans cette région et d’envoyer un message aux civils accusés de collaboration avec les forces de défense et de sécurité.

C’est un défi sécuritaire de plus pour les autorités de la transition déjà obligées de faire face à la volonté exprimée du Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), proche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) de s’attaquer à Bamako et aux centres urbains, après son audacieuse offensive à la voiture piégée du 22 juillet contre le camp militaire de Kati, considéré comme le cœur du pouvoir malien représenté depuis le 21 mai 2021 par le Colonel Assimi Goita.

Le Mali prend d’importantes mesures pour atténuer l’inflation

La hausse généralisée des prix des denrées de première nécessité au Mali a motivé, dimanche 7 août, la tenue d’un conseil des ministres en session extraordinaire.Les Maliens sont fatigués. Vivant déjà sous une menace sécuritaire permanente, ils assistent depuis plusieurs semaines à une hausse « anormale et injustifiée » des prix du sucre, du lait en poudre, de l’huile alimentaire, du riz importé, entre autres. Cette situation s’est empirée « depuis la levée de l’embargo » de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), survenue il y a un mois. Certains acteurs, comme le Front Populaire Contre la Vie Chère (FPCVC), sont montés au créneau pour dénoncer l’impuissance de l’Etat.

Réuni hier en « session extraordinaire », le gouvernement de transition a décidé de prendre des mesures fortes pour soulager les populations. Face à ses collègues et le colonel Assimi Goïta, le président de la transition, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mohamed Ould Mahmoud, a indiqué que « les prix convenus lors de la réunion du Conseil national des Prix du 06 avril 2022 ne sont pas respectés » par les commerçants.

« A titre illustratif, le prix du sucre importé fixé à 600 FCFA le kilogramme, prix plafond détaillant, est cédé aujourd’hui anormalement et de manière injustifiée jusqu’à 800 FCFA », a-t-il regretté, rappelant que le gouvernement avait accordé une subvention de 14 milliards de FCFA pour atténuer l’impact des crises liées à la Covid-19 et aux sanctions de la Cedeao sur les populations maliennes.

Ainsi, pour faire face à la nouvelle situation, le gouvernement a décidé de réaffecter les quantités subventionnées non exécutées au cordon douanier représentant au moins un mois et demi de consommation à d’autres opérateurs économiques. Cette réaffectation, en ce qui concerne le sucre, pourra être accompagnée éventuellement par l’allocation d’une quantité supplémentaire correspondant à environ un mois de consommation.

Pour obliger les commerçants à se conformer aux mesures édictées, il sera procédé aussi à la vérification de l’affichage obligatoire des prix des différents produits dans les lieux de commerce et au contrôle du respect des conventions et règlements en vigueur. Le gouvernement invite, en outre, la population à dénoncer systématiquement les cas de violation des prix des produits subventionnés en appelant aux numéros mis à sa disposition à cet effet.

Outre ces mesures, le Front Populaire Contre la Vie Chère (FPCVC) avait proposé, mardi dernier, au gouvernement de transition un plan de « quatre grands axes » pour réguler le marché au profit du consommateur malien et « éradiquer de manière progressive la cherté de la vie » dans le pays. « Le premier axe résout des problèmes d’exonération au Mali ; le deuxième axe pallie les problèmes d’entreposage au Mali ; le troisième axe se base sur la tierce détention des produits de première nécessité ; le quatrième axe est le warrantage, qui prend en compte la problématique de la rupture du marché en stock de céréales ; (mil, sorgho, riz, fonio etc.) », explique le FPCVC.

Mali : des regrets après le départ d’employés de l’ambassade des USA

Une partie du personnel de l’ambassade des États-Unis au Mali est rentrée à cause des attaques jihadistes à Bamako et dans d’autres centres urbains du pays.Pour le gouvernement malien de transition, ce n’est clairement pas un bon message envoyé aux groupes jihadistes. « Nous regrettons la décision souveraine des autorités américaines de diminuer leur présence de 25 %. J’ai eu des échanges très francs, très directs avec l’ambassadeur américain », a réagi Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères du Mali.

Le patron de la diplomatie malienne s’est exprimé, hier vendredi, à l’occasion d’une conférence de presse conjointe avec le Secrétaire Général de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI), Hissein Brahim Taha, en visite officielle au Mali du 4 au 6 août.

« À Paris, quand le Bataclan a été attaqué, nos ambassadeurs n’ont pas fui. Quand New York a été attaqué, ils n’ont pas fui. Mais pourquoi quand ça se passe chez nous, on dit que c’est à 15 kilomètres de Bamako, il faut qu’on parte », a fustigé M. Diop. De son côté, le département d’Etat américain affirme que « l’ambassade continue d’avoir une capacité limitée pour fournir une aide d’urgence » à ses ressortissants.

Le 21 juillet dernier, la ville garnison de Kati, à l’entrée de Bamako, a été la cible d’une attaque aux véhicules piégés menée par la Katiba Macina du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim) affilié à Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).

Selon un bilan de l’État-major général des armées maliennes, un soldat a perdu la vie lors de cette offensive qualifiée d’audacieuse par plusieurs observateurs de l’insurrection jihadiste que traverse le Mali depuis une décennie.

« Quand des kamikazes se lèvent, ils renoncent à leur vie. Ils peuvent donc frapper partout. Si les terroristes décident, ils vont le faire », a expliqué le ministre malien des Affaires étrangères.

À Kati, s’est félicité Abdoulaye Diop, la riposte des Forces armées maliennes a été « immédiate, vigoureuse et décisive » car « l’essentiel des suspects ont été arrêtés » avec le concours de la population.

Mali : la Cedeao, l’UA et l’Onu pour la libération des 49 soldats ivoiriens

La Cedeao, l’Union africaine (UA) et l’Organisation des Nations Unies (ONU) sont impliquées pour la libération des 49 militaires ivoiriens au Mali, indique une note du Conseil national de la sécurité de Côte d’Ivoire (CNS), tenu jeudi.Le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara a remercié lors du Conseil national de sécurité, M. Umaro Sissoco Embalo, président de la Guinée-Bissau et président en exercice de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao.

Il a également remercié M. Macky Sall, président du Sénégal et président en exercice de l’Union Africaine, ainsi que Mme Amina Mohammed, vice-secrétaire générale des Nations Unies, pour leur « solidarité et leur implication en vue de la libération des militaires ivoiriens ».

Le CNS a entendu une communication du ministre ivoirien en charge de la Défense sur la détention, depuis le dimanche 10 juillet 2022, de 49 militaires ivoiriens au Mali, en particulier, qu’après plusieurs refus des autorités maliennes, le Chargé d’Affaires et l’Attaché militaire de l’ambassade de Côte d’Ivoire au Mali ont finalement pu rencontrer les 49 soldats.

Selon le texte, ces derniers, comme de vaillants militaires, ont le moral au beau fixe et supportent, avec courage, leurs conditions de détention. Le CNS déplore le fait que les autorités de la transition du Mali continuent de détenir ces soldats, de façon arbitraire, en dépit de toutes les explications et preuves fournies.

Le président ivoirien exprime, par ailleurs, ses vifs remerciements au président du Togo M. Faure Gnassingbé, pour sa médiation et pour toutes les initiatives qu’il entreprend, en vue d’une résolution diplomatique de ce malentendu entre la Côte d’Ivoire et le Mali.

Le président de la République de Côte d’Ivoire a exprimé à nouveau, sa solidarité et son soutien aux familles des détenus, tout en rassurant leurs familles ainsi que tout le peuple ivoirien, qu’« il suit personnellement cette situation pour la libération de (ces) vaillants soldats ».

La Côte d’Ivoire juge que ses 49 militaires ont été « injustement » arrêtés le 10 juillet à l’aéroport de Bamako, accusés par les militaires maliens au pouvoir d’être des « mercenaires » cherchant à déstabiliser leur pays.

Mali : Boubou Cissé clame son innocence

L’ancien Premier ministre malien est sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour « faux, usage de faux et atteinte aux biens publics ».Depuis la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) dont il fut le Premier ministre, le 18 août 2020, Boubou Cissé ne s’était plus exprimé publiquement. Ce lundi, il a rompu le silence à travers un communiqué pour se disculper dans l’affaire de l’achat de véhicules blindés à la société sud-africaine Paramount. Une transaction de 60 millions de dollars, soit 37 milliards F CFA.

« Contrairement à ce que veulent croire les personnes chargées d’instruire le dossier, je n’ai en aucun cas posé un acte illégal dans l’exercice de mes fonctions », affirme Boubou Cissé puisqu’étant seulement ministre des Mines « au moment de la conclusion du marché, en octobre 2015 ». 

En exil en Côte d’Ivoire, l’ex-dirigeant malien explique qu’il n’a « jamais cherché à fuir (ses) responsabilités ou à échapper à (ses) devoirs de justiciable, pour autant que la justice de (son) pays demeure indépendante et impartiale ».

Pour Boubou Cissé, c’est la « visite musclée des forces de l’ordre à son domicile en décembre 2020 » suite à l’affaire dite « complot contre le gouvernement » et les « pressions » exercées sur sa famille qui l’ont poussé à s’éloigner « momentanément » du Mali.

De plus, il soutient que son absence « obéit à la volonté d’observer une posture de réserve afin de permettre aux autorités de la transition d’oeuvrer au plus vite pour le rétablissement des équilibres socio-politiques nécessaires au retour rapide à un ordre constitutionnel régulier ».

Par conséquent, selon l’ex-Premier ministre, « il ne faudrait donc pas que la justice malienne, qui a toujours été digne, puisse faire l’objet d’une instrumentalisation et ainsi
détourner l’opinion publique des vrais enjeux du moment en matière sécuritaire, sociale et économique ».

Le mandat d’arrêt international émis par la justice malienne concerne également deux autres anciens ministres d’IBK et un Directeur de banque. Boubou Cissé, pour sa part, est aussi dans le collimateur du parquet de la Commune IV de Bamako à cause d’un enregistrement téléphonique dans lequel il aurait parlé en mal de la junte malienne avec Alassane Ouattara, le président de la Cote d’Ivoire.

Mali : le GSIM vise désormais le pouvoir de Bamako

Le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), affirme officiellement qu’une stratégie est mise en place pour frapper le pouvoir central à Bamako.L’attaque de la ville garnison de Kati, vendredi 22 juillet, n’a pas suffi au GSIM pour manifester son intérêt pour la capitale du Mali.

 Moins d’une semaine après cette offensive complexe dans laquelle un militaire a perdu la vie, selon le communiqué de l’Etat-major général des Armées maliennes, la fédération d’organisations jihadistes liés à Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) exprime ouvertement ses intentions pour Bamako.

Dans une nouvelle vidéo de 4 minutes 50 secondes datée du mercredi 27 juillet, visionnée par APA, Mahmoud Barry, membre du Conseil consultatif du groupe jihadiste dirigé par le Touareg Iyad Ag Ghali déclare qu’une stratégie a été mise en place pour encercler le pouvoir central à Bamako, incarné par le président de la transition Assimi Goïta. « Il y aura des attaques régulières jusqu’à l’application de la Charia », menace Abou Yahya, qui s’exprime en bambara, langue qu’il maîtrise bien pour avoir séjourné à Bamako en tant qu’Imam.

« Les Maliens doivent savoir qu’ils n’ont d’autre choix que de retourner à Allah. Tout cela ne se terminera que lorsque tout le monde aura accepté la Charia (la loi islamique) », insiste le jihadiste.

« Cette allusion à Bamako est une première pour ce groupe », reconnaît une source sécuritaire, invitant les autorités maliennes à « prendre au sérieux le GSIM ». « Ils ont les capacités de faire un blocus sur Bamako car ils s’y préparent depuis 2018-2019 », ajoute notre source.

Pour Bah Traoré, analyste politique et sécuritaire au Sahel, « Bamako ne sera pas un morceau facile » pour le groupe jihadiste. « Par contre, ils peuvent davantage détériorer la situation sécuritaire et installer la psychose au sein de la population », concède-t-il. Pourtant, le groupe jihadiste semble vouloir épargner les civils. Mais cela n’est pas sans condition.

Une vidéo à l’endroit à Bamako

Dans son intervention, Mahmoud Barry, dont la dernière sortie remonte au mois d’avril 2022, après la triple attaque du GSIM à Sévaré, Bapho et Niono, dans le centre du pays, demande aux civils de ne pas soutenir leurs dirigeants, précisant que « les opérations visent les infidèles, leurs alliés et leurs proches ».

Plusieurs observateurs de la crise sécuritaire qui secoue le Mali depuis 2012, relient cette nouvelle stratégie du GSIM aux opérations de ces derniers mois de l’armée malienne et de la controversée compagnie militaire privée russe, Wagner, dans le centre du pays, pour reprendre l’initiative après le repli de l’opération Barkhane sur fond de crise diplomatique entre Paris et les autorités de la transition malienne.

En effet, du 27 au 31 mars 2022, les FAMa ont affirmé avoir neutralisé 203 jihadistes à Moura, un village du cercle de Djenné, dans la région de Mopti, à 545 kilomètres à l’est de Bamako.

Des organisations de défense de droits de l’homme ont demandé à ce que la lumière soit faite sur des allégations de meurtres de civils par l’armée.

Pour en rajouter une couche, Amadou Kouffa, chef de la Katiba du Macina a remis en cause la version officielle, accusant les autorités maliennes d’avoir ordonné le « massacre de civils » dans ce village, où selon sa thèse, n’étaient présents que trente jihadistes.

Tournée africaine : Emmanuel Macron en opération séduction

Le président français a esquissé les contours de la nouvelle politique de son pays sur le continent noir en matière de sécurité.Réélu fin avril dernier pour un second mandat de cinq ans, Emmanuel Macron se lance dans une offensive pour renforcer l’influence de la France en Afrique. Depuis qu’il dirige l’Hexagone, il se rend pour la première fois au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau avec une importante délégation d’hommes d’affaires afin de saisir les opportunités.

La France, chahutée en Afrique de l’Ouest où son armée intervient au nom de la lutte contre le terrorisme, se tourne notamment vers l’Afrique centrale, une région à laquelle le président Macron « souhaite consacrer plus de temps lors de ce quinquennat ».

Mais sur le continent noir, des pays comme la Chine ou la Russie avancent leurs pions pour concurrencer les intérêts français. « Il nous appartient d’être meilleurs, plus efficaces et d’œuvrer ensemble pour une plus grande transparence des marchés, une concurrence loyale », a déclaré, hier mardi en conférence de presse, le chef de l’État français devant son homologue camerounais, Paul Biya.

La Russie dans la ligne de mire

Cette puissance politique et militaire s’intéresse de plus en plus à l’Afrique. Du côté de l’Europe occidentale, particulièrement la France, le schéma utilisé par le Kremlin pour arriver à ses fins est tout sauf acceptable.

« Nous serions naïfs de ne pas nommer la présence hybride de la Russie en Afrique qui passe par le développement de la propagande. La Russie a diffusé beaucoup de fausses informations à travers ses médias Russia Today et Sputnik que nous venons d’interdire en Europe. Elle a complété son offre diplomatique par les interventions de la milice Wagner. Ce que nous avons vu ces dernières années en Centrafrique et au Mali est très préoccupant parce que ce ne sont pas des coopérations classiques », a indiqué Emmanuel Macron.

Sans prendre de gants, le locataire de l’Élysée a attaqué la Russie qui, selon lui, soutient « des pouvoirs politiques affaiblis ou des juntes qui n’ont aucune légitimité politique
en échange d’une captation des matières premières et souvent avec des exactions documentées par la Commission des droits de l’Homme des Nations Unies ».

Interpellé sur le renouvellement pour cinq ans de l’accord de défense liant la Russie au Cameroun, le président Paul Biya a pour sa part souligné que Yaoundé et Moscou entretiennent « des relations diplomatiques anciennes ».

Pour gagner des points dans la bataille sécuritaire, la France s’engage auprès des pays du centre de l’Afrique, autour du bassin du Lac Tchad, touchés par le jihadisme. « En Afrique, nous n’avons pas seulement livré des armes. Nous avons aussi envoyé des troupes à la demande du Mali pour la défense de sa souveraineté. Si aujourd’hui, il n’y a pas là-bas un khalifat territorial, c’est parce qu’il y a eu l’Armée française (opération Serval puis Barkhane). Des dizaines de nos enfants sont morts en Afrique pour lutter contre le terrorisme », a rappelé le successeur de François Hollande.

Même son de cloche au Bénin 

Ce mercredi, au Palais de la Marina, à Cotonou, en compagnie du président Patrice Talon, Emmanuel Macron a encore parlé de « l’engagement historique de la France dans la lutte contre le terrorisme aux côtés des Africains ».

Pour le cas spécifique du Bénin, qui subit des attaques dans sa partie Nord frontalière du Burkina, la France « s’inscrira en appui aux stratégies de développement des zones les plus vulnérables et les plus exposées aux tentatives d’implantation des groupes terroristes. Conformément à la réorganisation sécuritaire que nous avons adoptée à l’échelle de la région, nous serons au rendez-vous pour répondre à vos demandes en termes de formation, de renseignement et d’équipement », a précisé Macron.

Dans cette dynamique, a-t-il promis, « les pickups, les équipements de déminage, les gilets pare-balles, les équipements de vision nocturne demandés par le Bénin seront livrés incessamment. Pour les drones de surveillance et autres, nous allons avancer dans les prochaines semaines ».

Au plan régional, la France salue l’Initiative d’Accra lancée en septembre 2017 par le Bénin, le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo en réponse à l’extrémisme violent. « Je me rendrai disponible pour assister à une réunion des pays qui la composent. La philosophie de la présence française repose au fond sur deux principes clés : nous intervenons en soutien et sur demande. Mais la réponse militaire doit s’accompagner de politiques de développement », a affirmé Emmanuel Macron.

Après le Cameroun et le Bénin, le dirigeant français sera reçu jeudi matin en Guinée-Bissau par Umaro Sissoco Embaló, actuel président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Où va le Mali, après l’attaque de Kati?

Allons-nous vers des attaques plus sophistiquées avec des cibles plus diversifiées pour faire le maximum de victimes ? », s’interroge un analyste.Une semaine après l’attaque jihadiste menée vendredi 22 juillet dans la banlieue de Bamako contre le camp militaire Soundjata Keïta à Kati, plus grande garnison du Mali et residence du colonel Assimi Goïta, le chef des militaires qui tiennent le pouvoir à Bamako, on ne sait toujours pas grand chose de ce qui s’est réellement passé. Pourtant, l’audacieuse opération pourrait annoncer un nouveau virage dans le conflit malien, avertissent des spécialistes.  
Quelques heures après l’attaque, l’Etat-major général des armées du Mali (EMAG) a indexé la Katiba Macina, la filiale active au centre du pays de la branche locale d’Al Qaida, Le Groupe pour la Défense de l’Islam et des Musulmans, plus connu par son acronyme en arabe Jnim.
« Les forces armées viennent de contenir encore des tentatives désespérées des terroristes de la Katiba Macina qui, tôt ce matin aux environs de 5 heures du matin, ont tenté des actions kamikazes avec deux véhicules piégées bourrées d’explosifs contre une installation de la Direction du Matériel des hydrocarbures et des transports des armées (DMHTA) », lit-on dans le communiqué publié ce jour-là par l’EMAG.
L’armée malienne n’avait pas tort. Samedi 23 juillet, « Az-Zallaqa », organe médiatique du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) a revendiqué le raid qualifié dans la foulée de réponse aux opérations des Forces armées maliennes (Fama) et de la compagnie militaire russe, Wagner contre les « opprimés et les fiables ».
« Si vous pouvez acheter des mercenaires pour tuer des innocents sans défense, c’est aussi notre droit de vous détruire et de vous cibler », insiste le communiqué en arabe.

Depuis leur prise du pouvoir fin mai 2021, après l’éviction du président et du premier ministre de transition qu’ils avaient eux-mêmes installés neuf mois plus tôt, les militaires qui dirigent le Mali ont décidé de reprendre l’initiative contre les groupes jihadistes. Leur nouvelle stratégie contre l’insurrection jihadiste partie du nord du pays en 2012 pour ensuite gagner le centre avec la naissance la Katiba Macina en 2015, sous l’impulsion du prêcheur peul Amadou Kouffa, a connu des succès, selon les médias pro-gouvernementaux. Mais aussi quelques fois des accusations d’exactions contre les civils, comme ce fut le cas à Moura où fin mars l’armée avait affirmé avoir neutralisé 203 jihadistes dans une opération sur plusieurs jours, combinant actions terrestre et aérienne.

Arbitrage au sein du GSIM

Selon Wassim Nasr, journaliste à France24 et spécialiste des groupes jihadistes, « depuis le massacre de Dogofry, de Nampala et de Moura qu’au sein du Jnim, et la Katiba Macina en particulier, qu’il y a eu des préparatifs et des arbitrages pour savoir quel message passer pour venger les leurs ».  Selon lui, « l’arbitrage était autour de la nature de cible à viser, soit une cible molle à Bamako, notamment un lieu de rassemblement ou un bâtiment gouvernemental mal protégé, voire une ambassade occidentale, ou encore se concentrer sur des cibles militaire ce qui est théoriquement plus difficile ».
D’après l’expert, ces « arbitrages » et «  allers et venues » qui y sont liés sont d’ailleurs à l’origine de plusieurs alertes émises par des chancelleries occidentales, comme celle des États-Unis d’Amerique, ces derniers mois à Bamako. Entre le 29 avril et le 16 juin, les diplomates américains en poste au Mali ont émis trois alertes sur la planification d’attentats contre des cibles gouvernementales, l’aéroport ou des représentations occidentales dans la capitale malienne.

Finalement, le groupe jihadiste a préféré s’en prendre au camp le plus important du Mali.

« La cible qui a été attaqué est assez particulière. C’est le cœur du pouvoir malien qui a été qui a été attaqué. Il s’agit non seulement du pouvoir militaire, mais aussi du pouvoir politique parce qu’aujourd’hui, Kati a un double symbole. Le symbole de la puissance militaire du Mali, parce que c’est une ville garnison. C’est là où vous avez l’essentiel des chefs militaires. C’est aussi là où la plupart des chefs militaires du Mali ont été formés. Le chef de l’Etat et le ministre de la Défense y  résident ainsi qu’un certain nombre d’officiers supérieurs. C’est donc le cœur du pouvoir politique au Mali», analyse Ibrahima Maiga, chercheur sur les questions de paix et de sécurité dans la région du Sahel.

Dans sa revendication, le Jnim fait état d’une attaque menée par « deux kamikazes dont un burkinabé et des « inghimassi », des « immersionnistes », volontaires à la mort, contre la « caserne la plus puissante de la capitale, près de la maison du président et de la résidence du ministre de la Défense ».
Selon le communiqué du groupe jihadiste, « les moudjahidines ont brulé plusieurs voitures, puis se sont retirés en toute sécurité », 

Un message à l’intention de la junte

« En agissant de la sorte, le GSIM lance un message au pouvoir malien. Ils veulent prouver qu’ils sont en mesure de frapper au cœur du dispositif de gouvernance et sécuritaire de Bamako. Ce qui est un message fort, même si on peut considérer qu’en terme d’impacts militaires, ce n’est pas une réussite », décrypte Wassim Nasr.
« Le choix de mettre des ressources rares, deux kamikazes et leurs véhicules piégées, sachant qu’ils auraient pu faire beaucoup plus de dégâts en s’attaquant à une cible civile est un message politique qui s’adresse aussi à la population malienne », explique le journaliste. Il note chez les jihadistes « une certaine capacité de renseignement », mais aussi de « vraies brèches » dans le dispositif sécuritaire malien.

« Ils sont aussi en train de dire : Wagner est là depuis quelques mois, mais, ça nous empêche pas d’agir dans nos zones d’activités où on a beaucoup de liberté parce que l’armée française s’est retirée du pays. Donc, la couverture aérienne n’est plus là. La capacité de renseignement technologique français n’est plus là aussi. Ce qui laisse aux jihadistes une grande liberté d’action et de mouvement qui leur permet d’agate désormais plus au sud de leur bases historiques jusqu’aux portes de la capitale », ajoute le spécialiste.

Juan Diego Castillo, analyste du jihad au Sahel voit, lui aussi, dans l’attaque de Kati, « un affaissement progressif de la barrière de sécurité autour de la capitale » du fait de l’audace montrée par les insurgés islamistes qui avaient déjà montré la veille une capacité de coordination impressionnante en agissant simultanément à Douentza, Koro, Sevaré, de Bapho, Ségou et Kolokani, des localités du centre du Mali où trois soldats auraient trouvé la mort, selon l’armée malienne.

L’analyste craint que l’opération de Kati ne soit que le début d’une série d’opérations prochaines plus complexes et sanglantes. « Allons-nous vers des attaques plus sophistiquées avec des cibles plus diversifiées pour faire le maximum de victimes ? », s’interroge t-il?
Wassim Nasr estime que « ça pourrait être sujet à de nouveaux arbitrages, entre ceux qui privilégient les attaques ciblées et ceux qui veulent assouvir des vengeances ».

Quelques jours après l’attaque de Kati, un enregistrement sonore largement partagé sur les réseaux sociaux et dont l’auteur se revendique de la Katiba du Macina, met en garde la population civile contre tout appui aux forces armées maliennes, sinon, averti l’orateur, les jihadistes pourraient être amenés à frapper des cibles civiles. 

Mali : la tension diplomatique monte entre Bamako et l’Onu

Les relations entre Bamako et l’Organisation des Nations unies (Onu) sont devenues tendues après l’expulsion du porte-parole de la Minusma François Olivier Salgado.Le secrétaire général adjoint de l’Onu pour les opérations de paix, le Français Jean-Pierre Lacroix, est attendu à Bamako du 24 au 28 juillet au Mali,

L’Organisation onusienne a jugé nécessaire de dépêcher son chargé de maintien de la paix dans un contexte de tensions avec Bamako pour aplanir les divergences.

Au cours de cette visite de quatre jours, Jean-Pierre Lacroix s’entretiendra avec la pouvoir militaire en place sur la prolongation d’un an du mandat de la Minusma, la force militaire de l’Onu déployée au Mali depuis 2013.

D’autres sujets seront sur la table, car cette visite du haut responsable de l’Onu, intervient dans un contexte de malentendus entre les autorités de la transition et la Minusma.

 En effet, le Mali a ordonné le 21 juillet, l’expulsion du porte-parole de la Minusma François Olivier Salgado, pour avoir posté sur le réseau social Twitter des « informations inacceptables » au lendemain de l’arrestation de 49 soldats ivoiriens à Bamako le 10 juillet.

Le 14 juillet dernier, les militaires ont annoncé la suspension de toutes les rotations militaires et policières de la Minusma. Le pouvoir malien avait jugé nécessaire de tenir une « réunion » entre les deux parties pour « faciliter la coordination et la réglementation » de ces rotations.

Un imbroglio qui avait poussé L’Egypte qui compte 1.035 soldats à la Minusma à suspendre sa participation début août. 

Le pouvoir de Bamako a désormais mis des gardes fous  qui réduisent fortement la liberté d’action de la Minusma. Dorénavant, la force onusienne devra obtenir le feu vert de Bamako pour enquêter sur d’éventuelles violations des droits humains au Mali.

Une nouvelle donne qui est « incompatible » avec le mandat de la Minusma, qui s’accompagne d’une liberté de mouvement, selon l’Onu.

Un épisode de plus dans les accrocs diplomatiques entre Bamako et les différents protagonistes dans cette lutte contre le Jihadisme dans le Sahel. 

Mali : Assimi Goïta échappe à une « attaque terroriste »

Des explosions et des tirs nourris ont été entendus à l’aube au camp militaire de Kati à 15 kilomètres de Bamako, où vit le président de la transition malienne.Une déflagration a retenti ce vendredi vers 5 heures du matin dans la ville de garnison de Kati. L’attaque a ciblé le camp militaire de Kati, siège de l’armée malienne et qui sert en même temps de résidence au président malien Assimi Goïta.

Au moment de l’attaque, le chef de l’Etat malien se trouvait dans la garnison de Kati, bien sécurisée par une unité d’élite de l’armée. Par contre, son ministre de la Défense Sadio Camara se trouvait au camp militaire où des combats violents ont opposé l’armée malienne et des jihadistes.

L’armée malienne dans un communiqué, indique avoir repoussé « vigoureusement une attaque terroriste contre la caserne de Kati ». Les Forces armées maliennes évoquent une attaque qui s’est déroulé aux environs de 5 heures du matin menée par « deux véhicules piégés bourrés d’explosifs ».

Le JNIM 

Difficile d’en savoir davantage sur la nature des combats, mais l’armée malienne donne un bilan provisoire de « deux assaillants neutralisés ».

L’attaque pourrait être l’œuvre du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM) qui s’est décrit comme la branche officielle d’al-Qaida au Mali. En 2017, la branche saharienne d’al-Qaida au Maghreb islamique, al-Mourabitoun, Ansar al-Dine et le Front de libération du Macina se sont réunis pour former le JNIM.

Le JNIM multiplie les attaques au Mali. En juin, les jihadistes de la katiba du Macina avait froidement tué 132 civils. Le massacre s’était produit dans plusieurs villages de la commune de Diallassagou, dans le cercle de Bankass

Dans son communiqué, Le Chef d’Etat-major Général des Armées du Mali, rassure les populations de vaquer à leurs occupations habituelles. « La situation est sous contrôle et le ratissage est en cours pour débusquer les auteurs et leurs complices selon un communiqué l’armée », ajoute le document.

Vaccin antipaludique : un nouveau financement pour l’Afrique

Ce soutien international de près de 160 millions $ pour la période allant de 2022 à 2025 permettra d’améliorer l’accès au vaccin pour les enfants.L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) accueille avec satisfaction l’initiative lancée par Gavi, l’Alliance du vaccin, qui offre aux pays une occasion historique de demander un financement afin d’introduire ou d’amplifier le déploiement du vaccin antipaludique RTS,S/AS01 (RTS,S). Ce soutien international doté d’une enveloppe de près de 160 millions de dollars américains vise à améliorer l’accès au vaccin pour les enfants exposés à un risque élevé de maladie et de décès dus au paludisme, en commençant par le Ghana, le Kenya et le Malawi. Après ces trois pays africains qui ont lancé la phase pilote de l’introduction du vaccin en 2019, l’initiative sera étendue à d’autres pays éligibles où la maladie est endémique.

Le paludisme reste une cause majeure de maladie et de décès chez les enfants en Afrique subsaharienne, selon l’OMS. En 2020, près d’un demi-million d’enfants Africains sont décédés du paludisme, soit un enfant chaque minute.

Depuis sa toute première introduction en 2019, les communautés africaines ont bien accepté le premier vaccin antipaludique après un temps relativement court. La demande reste élevée malgré le contexte marqué par la pandémie de Covid-19, ce qui s’illustre par le succès en matière de vaccination et une couverture allant de 73 % à plus de 90 % pour la première dose selon le pays. À ce jour, environ 1,3 million d’enfants ont bénéficié de ce vaccin dans les trois pays pilotes d’Afrique.

« La nouvelle opportunité de financement de Gavi nous rapproche un peu plus de la possibilité d’administrer à des millions d’enfants supplémentaires en Afrique le vaccin antipaludéen RTS,S qui sauve des vies », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

Elle a ajouté : « Pendant la pandémie, alors que les services de santé de routine étaient confrontés à d’innombrables défis, les parents et les soignants ont amené leurs enfants dans les cliniques et aux centres de santé afin qu’ils soient vaccinés contre le paludisme. Ils savent très bien que des vies sont perdues chaque jour à cause du paludisme et désirent protéger leurs enfants contre cette maladie mortelle ».

Suite à la recommandation formulée par l’OMS en octobre 2021 concernant l’utilisation à grande échelle du vaccin antipaludique RTS,S chez les enfants vivant dans des régions où la transmission du paludisme à Plasmodium falciparum est de niveau modéré à élevé, un certain nombre de pays endémiques au paludisme ont exprimé leur intérêt pour l’adoption du vaccin et devraient solliciter le soutien de Gavi en vue de son introduction.

Le vaccin RTS,S agit de façon spécifique contre le Plasmodium falciparum, qui est le parasite palustre le plus mortel et le plus répandu sur le continent africain. Là où le vaccin a été introduit, on a pu observer une baisse considérable du nombre d’enfants hospitalisés pour cause de paludisme grave, de même qu’une baisse du nombre de décès d’enfants dans la tranche d’âge visée par le vaccin.

Gavi, l’Alliance du vaccin, a indiqué que la première date limite de septembre 2022 pour la soumission des demandes, est réservée aux pays qui utilisent actuellement le vaccin et pour lesquels la continuité du programme de vaccination est une priorité. Une deuxième phase de soumission des demandes ouverte à d’autres pays éligibles où le paludisme est endémique, sera clôturée en janvier 2023. Les pays peuvent soumettre des manifestations d’intérêt pendant la première phase de financement pour être inclus dans ce cycle.

« Le paludisme a dévasté des communautés en Afrique pendant trop longtemps. Nous savons qu’au départ, l’offre ne répondra pas à la demande, mais nous sommes tout de même impatients de travailler avec les pays et nos partenaires pour intégrer ce nouvel outil à nos efforts de lutte contre le paludisme et à assurer sa mise à échelle, ce qui pourrait sauver la vie de milliers d’enfants partout sur le continent », a expliqué Thabani Maphosa, Directeur général en charge des programmes pays chez Gavi.

Le porte-parole de la Minusma expulsé du Mali

Olivier Salgado a trois jours pour quitter le territoire malien.Nouveau point d’achoppement entre le gouvernement de transition et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Dans un communiqué diffusé ce mercredi, le ministère malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a invité Olivier Salgado, porte-parole de la Minusma « à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures ».

« Cette mesure fait suite à la série de publications tendancieuses et inacceptables de l’intéressé sur le réseau social Twitter déclarant, sans aucune preuve, que les autorités maliennes auraient été préalablement informées de l’arrivée des 49 militaires ivoiriens par vol civil l’aéroport international Président Modibo Keïta, le dimanche 10 juillet 2022 », lit-on dans la note.

Le gouvernement malien note aussi que la demande officielle qu’il lui a adressée à travers sa hiérarchie depuis le 12 juillet 2022 de fournir la preuve des affirmations contenues dans son tweet, ou au cas contraire, de porter la rectification nécessaire, dans la même forme, « est restée sans suite ».

Tout en réitérant sa disponibilité constante à maintenir le dialogue et à poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux, […], le département ministériel dirigé par Abdoulaye Diop fait savoir qu’il « ne saurait passer sous silence ces agissements qui portent atteinte au partenariat avec la Minusma et d’autres partenaires ».

Le 10 juillet dernier, 49 soldats ivoiriens ont été arrêtés à l’aéroport de Bamako. Le gouvernement de transition les accuse d’être « des mercenaires dont le dessein est de briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali et du retour à l’ordre constitutionnel ». Ils ont été mis à la disposition de la justice.

Mardi 12 juillet, le Conseil national de sécurité ivoirien s’est réuni sous la présidence d’Alassane Ouattara et a demandé la libération « sans délais » de ces militaires.

Selon Abidjan, ces soldats devaient prendre la relève d’autres Ivoiriens déployés au Mali en tant qu’Éléments nationaux de soutien (ENS), une procédure de l’ONU permettant aux contingents des missions de maintien de la paix de faire appel à des prestataires extérieurs à l’Onu pour des appuis logistiques.

A ce titre, ils devaient assurer la sécurité de la base logistique de la compagnie aérienne Sahel Aviation Service (SAS).

Le Togo va assurer la médiation entre le Mali et la Côte d’Ivoire

Le Togo accepte d’aider le Mali à régler son différend avec Abidjan autour des 49 militaires ivoiriens détenus à Bamako.

 

Ce sont 49 soldats ivoiriens qui avaient été arrêtés le 10 juillet à l’aéroport de la capitale malienne. Ils sont accusés par les autorités de la transition d’être des « mercenaires ». La Côte d’Ivoire demande leur libération « sans délai » et affirme que leur présence dans le cadre d’opérations de soutien à la Minusma était « bien connue des autorités maliennes ».

Le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, était lundi 18 juillet à Bamako. Il a été reçu par le président de la transition malienne. Selon le communiqué conjoint publié après la rencontre, le colonel Assimi Goïta « s’est réjoui de l’accompagnement fraternel et sans relâche du Togo » et « a salué l’engagement personnel » du président Faure Gnassingbé « pour la réussite de la transition et le retour à l’ordre constitutionnel au Mali. »

Le président de la transition malienne s’est dit « ouvert au dialogue et disposé à œuvrer à un dénouement heureux de cette situation ».

Après la rencontre, Alassane Ouattara a lui aussi remercié son homologue togolais, représenté par Robert Dussey pour, « les initiatives prises en faveur de la paix et de la sécurité (…) en vue de trouver une solution rapide », à la crise entre les deux capitales.

L’affaire de ces soldats ivoiriens arrêtés au Mali crée des tensions entre Bamako et Abidjan qui estime que ses militaires ont été interpellés « injustement ».

Depuis, Bamako a aussi suspendu les rotations militaires de la Minusma, la mission de l’ONU au Mali, qui auraient dû reprendre après la levée des sanctions de la Cédéao le 3 juillet. Dans cette affaire, le colonel Assimi Goïta souhaite donc voir Lomé mener une mission de « bons offices entre les parties concernées ».

Militaires ivoiriens arrêtés à Bamako : Lomé pour lever l’incompréhension

Le Togo offre sa médiation pour le règlement de l’affaire des soldats ivoiriens détenus au Mali.La voix de la raison est-elle en train de résonner dans le différend opposant le Mali à la Côte d’Ivoire à propos de l’arrestation des 49 soldats ivoiriens à l’aéroport de Bamako, dimanche 10 juillet ? C’est une possibilité après la visite effectuée à Bamako, lundi 18 juillet, par le ministre togolais des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais de l’Extérieur.

Au cours de son tête-à-tête avec le professeur Robert Dussey, le Colonel Assimi Goita, président malien de la transition, « s’est dit ouvert au dialogue et disposé à œuvrer, conformément à l’esprit de fraternité et d’excellentes relations entre le Mali et la Côte d’Ivoire, à un dénouement heureux de cette situation des 49 soldats ivoiriens arrêtés, y compris par voie diplomatique, dans le strict respect de la souveraineté du Mali ».

« Le président de la transition a souhaité que le Togo mène une mission de bons offices entre les parties concernées », a indiqué le communiqué conjoint publié au terme de cette rencontre.

Cet appel à Lomé pour réconcilier Abidjan et Bamako « n’est pas une surprise » pour l’analyste politique ivoirien, Yannick Houphouët Kouablan. « Pour mémoire, le Mali avait également sollicité l’appui du Togo en vue de faciliter les discussions avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dans l’optique de la levée des sanctions imposées par l’institution régionale », rappelle-t-il.

En mai 2022, le ministre malien des Affaires étrangères et son homologue togolais avaient annoncé que le président Faure Gnassingbé avait accepté de mener une mission de facilitation pour la levée de l’embargo de la Cedeao sur le Mali.

Le chef de l’Etat togolais s’était dès lors investi en faveur d’un accord sur la durée de 24 mois que proposait Bamako, alors que l’institution régionale exigeait une échéance de 12 à 16 mois de transition. Quoi qu’on puisse dire, la mission de facilitation n’a pas été un échec. La preuve, le 4 juillet dernier, la Cedeao a accepté les 24 mois de transition. Par conséquent, les sanctions économiques et financières contre le Mali ont été levées lors de la 61e session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao tenue à Accra, la capitale du Ghana.

Le même jour, le gouvernement malien avait « chaleureusement » remercié le président du Togo, Faure Gnassingbé, pour ses « efforts inlassables ayant permis d’arriver à un accord ».

Dans l’affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés par Bamako, de quel atout dispose Lomé pour concilier les deux parties ? « Acteur entretenant de bons rapports avec les différentes parties impliquées dans l’affaire, le Togo apparaît ainsi comme un acteur de choix afin de régler par la voie diplomatique ce différend opposant la Cote d’Ivoire et le Mali », analyse Yannick Houphouët Kouablan, qui rappelle que le président togolais s’était déjà rendu en avril dernier à Abidjan pour plaider le cas du Mali auprès du président Alassane Ouattara.

Lors de son audience du lundi 18 juillet avec le Colonel Assimi Goïta, président de la transition malienne, le chef de la diplomatie togolaise a « réaffirmé la disponibilité du président Faure Gnassingbé à poursuivre son appui à la transition » et à « aider à la résolution de cette situation ».

Dimanche 10 juillet, 49 soldats ivoiriens sont arrêtés à l’aéroport de Bamako. Ils sont considérés par le gouvernement de transition comme « des mercenaires dont le dessein est de briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali et du retour à l’ordre constitutionnel ». Ils ont été mis à la disposition de la justice.

Mardi 12 juillet, le Conseil national de sécurité ivoirien s’est réuni sous la présidence d’Alassane Ouattara et a demandé la libération « sans délais » de ces militaires qui, selon la version d’Abidjan, « sont des éléments nationaux de soutien », « un mécanisme de soutien aux contingents des pays contributeurs de troupes dans le cadre des missions de maintien de la paix ». A ce titre, ils devaient assurer la sécurité de la base logistique de la compagnie aérienne Sahel Aviation Service (SAS).

Mali : la fin de la Minusma est-elle proche ?

Les autorités maliennes ont annoncé la suspension des rotations de troupes pour le compte de la mission onusienne dans le pays.Faut-il compter les jours de la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation au Mali (Minusma) ? Après la décision de Bamako de ce jeudi 14 juillet 2022, cette possibilité n’est plus à écarter. Un communiqué du ministère malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale informe de la suspension à compter de ce jour, de toutes les rotations des contingents militaire et policier de la Minusma. Cette mesure concerne aussi bien les rotations déjà programmées que celles qui ont été annoncées.

Pour justifier sa décision, le gouvernement malien invoque une « réunion de coordination entre les structures maliennes concernées et la Minusma » pour réglementer les rotations de la mission onusienne. L’objectif est de parvenir à « une gestion efficiente de la rotation des effectifs des contingents militaires et policiers déployés au Mali au compte de la Force onusienne ».

Cette décision intervient après l’arrestation, le 10 juillet dernier, de 49 soldats ivoiriens à l’aéroport de Bamako. Ils sont accusés par le gouvernement malien d’être « des mercenaires dont le dessein est de briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali ». À cet effet, ils seront mis à la disposition de la justice pour d’éventuelles poursuites.

Les autorités ivoiriennes ont réagi en exigeant la libération de leurs ressortissants. Sous la présidence du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, le Conseil national de sécurité (CNS) s’est réuni le 12 juillet et a soutenu que ces militaires sont « régulièrement inscrits dans l’effectif de l’armée ivoirienne et se trouvaient au Mali dans le cadre des opérations des Éléments nationaux de soutien », « un mécanisme de soutien des Missions de maintien de la paix connu des autorités maliennes ».

Au-delà de cette brouille, certains observateurs voient, à travers cette nouvelle décision des autorités de la transition susceptible d’affecter essentiellement les pays ouest-africains dont les contingents sont bloqués depuis février 2022 au Mali en raison des représailles de Bamako aux sanctions économiques et financières de la Cedeao finalement levée le 3 juillet, une réelle volonté de mettre un terme à la mission onusienne au Mali dont le mandat a été renouvelé pour un an supplémentaire le 29 juin dernier par le Conseil de sécurité.

La nouvelle résolution votée par treize pays sur quinze contient un paragraphe imposant aux autorités maliennes de garantir à la Minusma une liberté de mouvement pour enquêter sur les violations des droits humains.

Quelques jours avant l’examen de la Résolution, le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop rappelait que rien ne devrait plus être comme avant.

« Pour le Mali, il est essentiel que le mandat soit centré sur la protection des populations civiles et l’appui à l’établissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble de son territoire », avait affirmé le chef de la Diplomatie malienne, invitant la Minusma à « prendre en compte la montée en puissance des forces de défense et de sécurité (maliennes), qui sont désormais en première ligne face aux groupes jihadistes ». Dans le même temps, il avait réitéré l’opposition du Mali à l’intervention de Barkhane pour le compte de la Minusma.

Zambie : 12 chefs d’Etat au Sommet de coordination de l’UA

La réunion est prévue le 17 juillet 2022 au Mulungushi International Conference Centre de Lusaka, dans la capitale zambienne.Plusieurs dirigeants africains ont confirmé leur participation à la 4e réunion de coordination semestrielle de l’Union africaine (UA). Au total 12 chefs d’Etat sont attendus à Lusaka pour cette rencontre prévue le 17 juillet prochain, selon le ministre zambien des Affaires étrangères, Stanley Kakubo.

Parmi les participants, figurent les quatre chefs d’Etat et de gouvernement qui forment le Bureau de l’Assemblée de l’UA et les huit chefs d’Etat qui président les huit Communautés économiques régionales (CER) reconnues par l’UA.

Le Bureau de l’UA est composé de représentants des cinq régions africaines : Afrique centrale, Afrique de l’Est, Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest et Afrique australe.

Les huit CER sont l’Union du Maghreb arabe, le Marché commun d’Afrique orientale et australe, la Communauté des Etats sahélo-sahariens, la Communauté d’Afrique de l’Est, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, l’Autorité intergouvernementale pour le développement et la Communauté de développement d’Afrique australe.

Selon le chef de la diplomatie zambienne, sur les cinq régions formant le Bureau de l’UA, seule l’Afrique de l’Est ne sera pas représentée à la réunion en raison de la poursuite des consultations internes sur le leadership.

Le président zambien Hakainde Hichilema participera en tant qu’hôte de la réunion qui se tiendra au Mulungushi International Conference Centre à Lusaka.

La réunion de coordination a été conceptualisée en 2017 comme le principal forum permettant à l’UA et à ses CER d’aligner leurs travaux et de coordonner la mise en œuvre du programme d’intégration continentale. Elle a remplacé les précédents sommets de mi-année qui se tenaient généralement vers juin/juillet et impliquaient les dirigeants des 55 États membres de l’organisation continentale.

La réunion de cette année devrait recevoir des rapports des présidents des différentes Communautés économiques région ales (CER) sur l’état de l’intégration régionale et examiner les résultats des négociations en cours entre l’UA, les CER et les Etats membres sur les domaines d’intégration déjà convenus.

Elle devrait également discuter du lancement prévu de l’échange interrégional de connaissances (I-RECKE) sur l’alerte précoce et la prévention des conflits.

L’I-RECKE est une communauté institutionnelle de pratique pour l’apprentissage intracontinental et interrégional en vue de construire la paix. Il s’agit d’un mécanisme panafricain pour développer, capturer et documenter les connaissances et également partager les leçons apprises et les expériences sur la gouvernance et la prévention des conflits sur le continent.

Parmi les autres points à l’ordre du jour, figurent l’impact de la crise ukrainienne sur l’Afrique, à la lumière de la hausse vertigineuse des prix du gaz naturel, du blé et des engrais, ainsi que la réponse du continent à la Covid-19.