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Quand la diplomatie algérienne inquiète en Europe

La suspension par l'Algérie du traité d'amitié qui la liait à l'Espagne, après le ralliement de Madrid à la proposition…

La suspension par l’Algérie du traité d’amitié qui la liait à l’Espagne, après le ralliement de Madrid à la proposition marocaine pour le règlement de l’affaire du Sahara occidental, irrite dans les capitales européennes. Karim Douichi, correspondant de Mondafrique à Rabat, explique pourquoi.« Qu’est ce qui est pire qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine ? Eh bien deux éléphants dans le même magasin de porcelaine ». La boutade fait ravage dans les cercles diplomatiques européens à propos de l’Algérie et de son comportement sur la scène internationale. L’agressivité du président Abdelmadjid Tebboune et de son chef de l’état-major, le général Saïd Chengriha, sur la scène internationale commence sérieusement à irriter les capitales occidentales. 

L’annonce unilatérale par Alger, le 8 juin, de la suspension du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec Madrid est la goutte qui a fait déborder le vase. Les multiples notes faites depuis Alger par les chancelleries occidentales font état, selon des sources bien informées de Mondafrique, d’un véritable « enfermement idéologique » et d’un grave « déni de la réalité géopolitique ».

Obsessions anti marocaines  

A Madrid, qui a déploré la réaction algérienne, les analystes des services de renseignements (CNI) ont remarqué depuis quelques années une perte de repères chez leurs homologues algériens. Une situation qui s’est fortement accentuée ces 20 derniers mois. « Les Algériens ne peuvent pas parler ou échanger des notes sans que le Maroc n’y soit cité…en mal bien sûr », rapporte à Mondafrique un diplomate espagnol qui suit de près les relations de son pays avec les pays du Maghreb. 

Même son de cloche à Paris où les dirigeants algériens et notamment le président Tebboune, qui ont perdu un précieux soutien en la personne du ministre sortant des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, sont devenus complétement illisible pour l’Elysée. L’incompréhensible escalade avec l’Espagne, l’alignement sur la Russie au Mali et le dernier coup de chaud d’Alger contre la Tunisie « sont un faisceau de signaux inquiétants », estime, off the record, un ancien ambassadeur français qui était en poste à Alger.

En outre, Paris commence à s’agacer sérieusement de la « violence verbale injustifiée » des responsables algériens contre le Maroc et qui compromet durablement, aux yeux de la France, tout effort de résolution de l’affaire du Sahara.

Pour leur part, les Italiens semblent tirer leur épingle du jeu. Rome demeure la seule capitale de l’Union européenne (UE) où Alger est écouté… « Seulement sur le plan énergétique », rectifie un chroniqueur italien. Rome a accueilli récemment le président Tebboune qui y a bénéficié de beaucoup d’égards. En contrepartie, la Sonatrach a promis d’augmenter sensiblement ses livraisons de gaz à l’Italie. Une réelle opportunité pour une économie italienne engoncée dans la crise.

Aujourd’hui, les différentes sources de Mondafrique affirment que les principales capitales européennes regardent ailleurs, tournées notamment vers le conflit russo-ukrainien. « Avec l’Algérie actuelle, la meilleure stratégie c’est l’attente. Attendre un changement de génération. Le président Tebboune sera âgé de 78 ans à la fin de son mandat. L’autre homme fort, le chef d’état-major Said Chengriha, aura le même âge, alors que la plupart de ceux qui tirent les ficelles derrière les rideaux sont tous octogénaires », conclut un habitué du sérail algérois.