Julian Assange: l’examen de sa demande d’extradition suspendue jusqu’à mai

La justice britannique a suspendu jeudi jusqu’au 18 mai l’examen de la demande d »extradition du fondateur de Wikileaks Julian Assange, réclamé par les Etats-Unis qui veulent le juger pour espionnage après la publication d’une masse de documents confidentiels.

Les audiences, qui ont commencé lundi et s’achèvent avec un jour d’avance sur le calendrier prévu, reprendront pour trois semaines à partir du 18 mai au tribunal de Woolwich (est de Londres) et la décision de la juge Vanessa Baraitser devrait être rendue à l’été.

L’Australien de 48 ans, qui comparaît dans un box vitré, et se plaint de ne pouvoir s’entretenir comme il l’entend avec ses avocats, s’est vu refuser jeudi de pouvoir prendre place à côté d’eux.

« Je ne peux pas leur donner de consignes », a déclaré jeudi Julian Assange.

« Il m’apparaît que vous n’avez aucun mal à attirer l’attention de vos avocats », a répliqué la magistrate, soulignant qu’il existait un éventail de possibilités, notes écrites et suspensions d’audience, qui pouvaient leur permettre de communiquer comme ils l’entendent.

Julian Assange est poursuivi aux Etats-Unis pour avoir diffusé à partir de 2010 plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan. Il risque jusqu’à 175 ans de prison, en vertu des lois anti-espionnage de 1917 et pour piratage informatique.

Les Etats-Unis lui reprochent d’avoir mis en danger des sources des services américains. De leur côté, les avocats d’Assange dénoncent une procédure politique fondée sur des « mensonges ».

Pour statuer sur la demande d’extradition la justice britannique doit notamment s’assurer qu’elle n’est pas disproportionnée ou incompatible avec des droits de l’Homme.

Assange a été arrêté en avril 2019 après sept ans passés reclus à l’ambassade d’Equateur à Londres, où il s’était réfugié après avoir enfreint les conditions de sa liberté sous caution, craignant une extradition vers les Etats-Unis.

Syrie: 22 soldats turcs tués, risque d’escalade majeure

Au moins 22 soldats turcs ont été tués jeudi dans la province d’Idleb, une escalade brutale qui risque de mettre le feu aux poudres dans le Nord-Ouest de la Syrie en proie à une grave crise humanitaire.

Plusieurs militaires ont par ailleurs été grièvement blessés dans des frappes aériennes attribuées au régime syrien et rapatriés pour être hospitalisés, a déclaré le gouverneur de la province turque de Hatay, frontalière de la Syrie.

Le chef de l’Etat Recep Tayyip Erdogan a convoqué dans la soirée un conseil de sécurité extraordinaire à Ankara, en présence notamment du ministre de la Défense, du chef de l’armée et du patron des services secrets, selon la présidence.

Les lourdes pertes essuyées par Ankara jeudi interviennent après des semaines d’escalade à Idleb entre les forces turques et celles du régime de Bachar al-Assad, qui se sont affrontées à plusieurs reprises.

Les pertes essuyées par la Turquie jeudi, qui portent à au moins 42 le nombre de militaires turcs tués à Idleb en février, risquent en outre de creuser un fossé entre Ankara et Moscou, principal parrain du régime syrien.

Le bilan de soldats turcs tués jeudi pourrait encore s’alourdir, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG, ayant fait état de plus de 30 morts dans des bombardements aériens et d’artillerie du régime.

Les frappes contre les forces turques risquent de déclencher une ferme riposte d’Ankara, alors que M. Erdogan menace depuis plusieurs jours de déloger par la force les forces du régime de certaines positions à Idleb.

Un nouveau round de pourparlers entre Russes et Turcs visant à trouver une issue à la crise d’Idleb s’est achevé jeudi à Ankara, sans annonce de résultat concluant.

Selon l’agence de presse étatique Anadolu, le chef de la diplomatie turque s’est entretenu jeudi soir avec le chef de l’Otan, Jens Stoltenberg.

– Ville stratégique –

Avec le soutien de l’aviation de Moscou, Damas a déclenché en décembre une offensive pour reprendre le dernier bastion rebelle et jihadiste d’Idleb.

Le régime et son allié russe ont mis les bouchées doubles ces dernières semaines et repris plusieurs localités dans cette province frontalière de la Turquie.

Cependant, les groupes rebelles, dont certains sont appuyés par Ankara, ont contre-attaqué et repris jeudi la ville stratégique de Saraqeb, selon l’OSDH.

Selon un correspondant de l’AFP, les rebelles sont entrés le matin dans cette localité de l’est de la province d’Idleb. Les insurgés se sont déployés en grand nombre dans les rues de la ville en ruines et totalement vidée de ses habitants.

Saraqeb, qui avait été reconquise le 8 février par le régime, se trouve à la jonction de deux autoroutes que le pouvoir veut sécuriser pour consolider son emprise dans le nord du pays.

En reprenant la ville, jihadistes et rebelles coupent l’autoroute M5 reliant la capitale Damas à la métropole d’Alep (nord).

Jeudi, les membres occidentaux du Conseil de sécurité de l’ONU ont réclamé un « cessez-le-feu humanitaire », resté lettre morte face au refus de la Russie.

Sept civils, dont trois enfants, ont péri jeudi dans des bombardements syriens et russes sur la province d’Idleb, d’après l’OSDH.

Depuis décembre, plus de 400 civils ont été tués dans l’assaut selon l’OSDH et plus de 948.000 personnes, dont plus d’un demi-million d’enfants, ont été déplacées d’après l’ONU.

– Désaccord –

A l’ONU, le désaccord reste total entre les pays occidentaux et la Russie.

« Le déplacement de près d’un million de personnes en seulement trois mois, le meurtre de centaines de civils, la souffrance quotidienne de centaines de milliers d’enfants doivent cesser », ont souligné dans une déclaration conjointe le vice-Premier ministre belge, Alexander De Croo, et le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas.

L’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, a jugé pour sa part que « la seule solution à long terme, c’est de chasser les terroristes du pays ».

Le Comité international de Secours a estimé jeudi que « les parties en conflit doivent ressentir la pression pour mettre fin à cet assaut contre les civils ».

« Nous avons un besoin désespéré d’une cessation des hostilités » et de « pauses humanitaires régulières », a martelé la directrice de l’Unicef, Henrietta Fore.

Les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) dominent encore la moitié de la province d’Idleb et des secteurs attenants dans celles d’Alep, de Hama et de Lattaquié.

A la faveur de son offensive, le régime a reconquis « tout le sud de la province d’Idleb », a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, ajoutant que « cette progression rapproche le régime de Jisr al-Choughour ».

Pour des experts, la bataille de Jisr al-Choughour risque de s’avérer ardue pour le régime.

La ville est dominée par les jihadistes du Parti islamique du Turkestan (TIP), dont les membres appartiennent majoritairement à la minorité musulmane ouïghoure de Chine.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques, la guerre a fait plus de 380.000 morts.

USA: la chef des démocrates au Congrès lance un avertissement à Bernie Sanders

La présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a lancé jeudi un avertissement au favori des primaires démocrates Bernie Sanders, en martelant qu’un candidat devrait impérativement obtenir une majorité absolue des voix pour décrocher l’investiture du parti et défier Donald Trump.

Après ses bons résultats dans les trois premiers Etats qui ont voté, le sénateur indépendant est, à 78 ans, en excellente position dans la course à l’investiture démocrate pour représenter le parti lors de la présidentielle américaine de novembre.

Mais la route est encore longue jusqu’à la convention démocrate de juillet, où, selon les règles du parti, un candidat devra afficher une majorité absolue de délégués pour se déclarer vainqueur lors d’un premier tour, et non une majorité simple.

« La personne qui sera nommée sera la personne qui comptera sur une majorité plus un », a souligné la puissante chef des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, lors d’une conférence de presse.

Si elle a martelé que le leitmotiv du parti était « rassemblement, rassemblement, rassemblement » derrière celui ou celle qui sera choisi par le parti démocrate pour briguer la Maison Blanche, ses propos contredisent directement Bernie Sanders.

Ce dernier a en effet affirmé que le candidat « comptant le plus de voix » devrait être désigné pour porter les couleurs démocrates.

« La volonté du peuple devrait l’emporter, oui », a-t-il répondu lors d’un débat démocrate le 19 février, tandis que ses cinq rivaux sur le plateau défendaient les règles du parti, dont l’obligation d’obtenir une majorité absolue.

On dénombre 3.979 délégués qui sont « assignés » aux différents candidats selon leurs résultats dans les primaires.

Si personne n’obtenait la majorité lors d’un premier tour (1.991 voix), ces délégués deviendraient libres de voter pour quelqu’un d’autre. Et quelque 770 « superdélégués », des notables et élus du parti privés de vote au premier tour, entreraient en piste, avec le pouvoir de faire basculer le scrutin.

Les rivaux modérés de Bernie Sanders, qui est trop à gauche à leurs yeux, affirment que sa victoire aux primaires mènerait à un nouveau mandat de Donald Trump.

Les Etats-Unis, un « grand pays », sont assez résistants « pour supporter un mandat de Donald Trump. Mais deux mandats » feraient payer un trop lourd tribut, a mis en garde Nancy Pelosi.

« Il est donc absolument impératif que nous gagnions, et quel que soit notre candidat, il aura notre soutien sans réserve », a-t-elle affirmé.

Coronavirus: l’épidémie à un « point décisif », mesures drastiques en Arabie, au Japon et en Europe

L’épidémie du coronavirus qui se propage désormais bien au-delà de la Chine est entrée dans une phase décisive selon l’OMS, tandis que les mesures drastiques se multiplient dans le monde, l’Arabie saoudite décidant de suspendre l’entrée des pèlerins et le Japon de fermer ses écoles.

Si la Chine était jusqu’à peu l’unique foyer mondial de coronavirus, le risque s’est démultiplié avec l’émergence de nouveaux pays-sources comme la Corée du Sud, l’Iran et l’Italie. La Corée du Sud a fait état à elle seule de plus de 500 contaminations supplémentaires. L’Iran a fait état de 106 contaminations supplémentaires, portant le total à 245, dont 26 morts. En Europe, l’Italie a vu passer le nombre de cas à 650 jeudi, contre 400 mercredi, dont 17 morts.

Et, ailleurs dans le monde, chaque jour est rythmé par les annonces de premier cas. Dernier pays en date, les Pays-Bas ont annoncé le cas d’un patient qui s’était rendu en Italie.

La lutte contre l’épidémie « ne pourra se régler qu’en parfaite coopération européenne et internationale », a souligné, aux côtés du Premier ministre italien Giuseppe Conte à Naples, le président français Emmanuel Macron dont le pays a vu jeudi le nombre de ses cas de contamination au coronavirus passer de 18 à 38, dont deux morts.

« Nous sommes à un moment décisif », a assuré de son côté le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, soulignant qu’au cours des deux derniers jours, le nombre quotidien de nouvelles personnes contaminées dans le monde avait été supérieur à celui enregistré en Chine, où le virus est apparu en décembre.

« Si vous agissez maintenant de manière agressive, vous pouvez endiguer ce coronavirus », a-t-il affirmé.

Près de 79.000 personnes ont jusqu’ici été contaminées en Chine, dont 2.747 mortellement. Le coronavirus touche également une cinquantaine d’autres pays, avec un bilan de plus de 4.000 contaminations et plus de 60 morts.

Par mesure de prévention, l’Arabie saoudite a suspendu « temporairement » l’entrée sur son territoire des pèlerins se rendant à La Mecque.

La mesure concerne l’Oumra, un pèlerinage qui attire chaque mois plusieurs dizaines de milliers de musulmans. Il peut être réalisé à n’importe quelle période de l’année, à la différence du Hajj, effectué à des dates précises du calendrier islamique.

Autre décision radicale, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a demandé la fermeture temporaire des écoles publiques du pays à partir de lundi.

Relativement épargnés jusqu’ici, les Etats-Unis sont prêts à répondre à l’épidémie à « une échelle beaucoup plus grande », a assuré mercredi le président américain Donald Trump.

Les autorités californiennes ont annoncé jeudi qu’elles suivaient quelque 8.400 personnes pour s’assurer qu’elles n’étaient pas porteuses du nouveau coronavirus, tout en cherchant l’origine de la contamination d’une personne qui a contracté la maladie sans voyager dans une zone à risque.

– Amélioration en Chine –

Autre foyer, l’Iran a rapporté jeudi sept nouveaux morts, portant le total à 26. Hors de Chine, c’est le plus lourd bilan en termes de décès.

Comme l’Arabie saoudite, la Chine, qui a pris des mesures de prévention drastiques sur son sol en confinant plus de 50 millions de personnes au Hubei (centre), s’inquiète désormais de cas « importés » d’autres pays.

La ville de Pékin a annoncé mercredi que les personnes arrivant en provenance d’Etats « gravement touchés » par le coronavirus devraient désormais se placer en quarantaine pendant 14 jours.

L’épidémie Covid-19 semble toutefois avoir déjà atteint un pic en Chine, où le nombre de nouveaux décès quotidiens continue à chuter. Les autorités ont annoncé jeudi seulement 29 morts supplémentaires — le chiffre le plus bas depuis près d’un mois.

– L’Italie nouveau foyer –

Mais d’autres pays inspirent davantage d’inquiétude. Notamment l’Italie, qui apparaît de plus en plus comme une plateforme de diffusion du Covid-19.

Le virus est ainsi arrivé au Brésil, épargné jusqu’ici, en y entrant via un Brésilien de retour d’Italie. La Grèce, l’Espagne, le Royaume-Uni, la Croatie, l’Autriche, le Danemark, l’Allemagne, la France, les Pays-Bas ont toutes fait état d’au moins une personne contaminée après un séjour dans la péninsule.

L’Afrique n’est plus épargnée, même si le nombre de cas reste étrangement bas. Un Italien arrivé le 17 février en Algérie est devenu la deuxième personne infectée du continent, après un premier cas en Egypte.

De nombreux Etats européens ont renforcé leur dispositif de prévention et conseillent à leurs citoyens de ne pas se rendre dans les régions italiennes touchées.

Rome a pris des mesures draconiennes, dont la mise en quarantaine de 11 communes du Nord, poumon économique du pays.

« Le problème, c’est l’économie. On voit les chiffres, cette crise est en train de mettre le pays à genoux », s’inquiète Daniele Vaccari, pâtissier à Secugnago, un village du Nord.

– « Affronter au mieux » –

Ailleurs en Europe, de nombreux pays comme la Suisse, la Norvège, le Danemark, la Roumanie, ou la Macédoine du Nord sont désormais touchés. L’Estonie a annoncé jeudi un premier cas, un Iranien résidant dans le pays balte.

« On a devant nous une épidémie » qu’il va falloir « affronter au mieux », a déclaré jeudi le président Macron, au lendemain de l’annonce d’un premier mort français, un homme qui n’avait pas voyagé dans une zone à risque.

Dans un contexte d’inquiétude croissante en Europe, les principales Bourses du continent ont fini en forte baisse: de Paris (-3,32%) à Londres (-3,50%), de Francfort (-3,19%) à Madrid (-3,55%) ou encore Amsterdam (-3,75%). L’indice vedette de la Bourse de New York, le Dow Jones, a accéléré ses pertes en toute fin de séance pour s’effondrer de plus de 1.000 points, ou 4,4%. Il a plongé de plus de 11% depuis le début de la semaine.

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A Naples, Macron et Conte affirment « la solidarité européenne » face au coronavirus

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre italien Giuseppe Conte ont affirmé jeudi que la « solidarité européenne » était indispensable pour lutter contre le coronavirus tout en rejetant les appels à fermer les frontières, que ne « connaît pas le virus.

« L’Europe a montré qu’elle était mobilisée, elle doit continuer à l’être », a déclaré Emmanuel Macron à l’issue du 35e sommet franco-italien à Naples (sud). Car la lutte contre l’épidémie « ne pourra se régler qu’en parfaite coopération européenne et internationale », a-t-il ajouté en rappelant que les ministres de la Santé européens s’étaient réunis la veille à Rome.

« Notre responsabilité nous impose de travailler ensemble », a renchéri Giuseppe Conte, en soulignant que « cette urgence sanitaire affectera à terme des pays qui ne sont pas touchés actuellement ».

Pour les deux dirigeants, il faut surtout gérer cette crise avec « sang froid », en « gardant son calme » et en prenant les décisions « à la lumière de ce que les scientifiques et les médecins nous disent ». « Loin de toute polémique », a insisté Emmanuel Macron, interrogé par la presse sur les appels de certains responsables, dont Marine Le Pen en France, à renforcer les contrôles aux frontières, voire à les fermer.

« N’en déplaise à certains, le virus ne connaît pas ces limites administratives » que sont les frontières, a ironisé M. Macron.

Les pays voisins de l’Italie ont décidé cette semaine de maintenir ouvertes leurs frontières, alors que la péninsule est le pays européen le plus touché avec 650 cas de personnes positives au virus et 17 morts. Mais les cas avérés de contagion ont été ramenés à 282.

Pour limiter l’épidémie, Rome a pris des mesures drastiques en plaçant onze villes en quarantaine dans le Nord, en Lombardie et Vénétie.

En France, le nombre de personnes infectées a connu jeudi une « augmentation sensible » en passant à 38 cas confirmés « à 19 heures » contre 18 la veille.

Emmanuel Macron était arrivé en Italie après une visite organisée à la dernière minute à l’hôpital parisien où est décédé mercredi le premier Français victime du coronavirus. « On a devant nous une crise, une épidémie qui arrive (…) On va devoir l’affronter au mieux », a-t-il prévenu.

Avant le sommet, Giuseppe Conte et Emmanuel Macron ont déambulé, comme si de rien n’était, dans le centre historique de Naples sous un beau soleil de printemps. Aucun masque de protection dans leur entourage, pas plus que chez les habitants et les touristes croisés dans les rues.

Alors que les villes italiennes du Nord, comme Milan, sont désertées par les étrangers, le chef de la diplomatie italienne Luigi Di Maio a appelé « les touristes et les entrepreneurs » à revenir dans la péninsule puisque « les enfants vont à l’école », à part dans les régions les plus touchées.

– le sommet de la « relance » –

La crise du coronavirus a en bonne partie éclipsé les autres dossiers au menu du 35e sommet franco-italien, le premier depuis celui de Lyon (centre-est de la France) fin 2017.

Emmanuel Macron comme Giuseppe Conte en ont fait « le sommet de la relance » des relations bilatérales après les vives tensions ayant marqué l’arrivée d’un gouvernement populiste à Rome en 2018.

Pendant plus d’un an, une guerre des mots a opposé Rome et Paris, l’ex-ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini fustigeant « l’arrogance » et « l’hypocrisie » d’Emmanuel Macron, qui dénonçait en retour « la lèpre nationaliste » symbolisée par le leader d’extrême-droite.

Ces tensions se sont envolées depuis l’avènement, en septembre dernier, d’un gouvernement de coalition entre le Mouvement 5 Etoiles (M5S, anti-establishment) et le Parti démocrate (centre gauche), Matteo Salvini retournant dans l’opposition.

Le sommet – auquel ont participé 11 ministres français et 12 italiens – a acté la « convergence » franco-italienne sur de nombreux dossiers: l’accueil des migrants, l’avenir de la zone euro, la Libye ou les autres crises internationales comme celle en Syrie, Emmanuel Macron accusant de nouveau le régime de Bachar al-Assad et ses alliés de « scandale humanitaire » à Idleb.

Sur le plan bilatéral, Rome et Paris ont signé un accord de soutien à la coentreprise de construction navale militaire Naviris, récemment créée par l’italien Fincantieri et le français Naval Group. Et ils ont exprimé le souhait qu’avance le projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin, qui devrait être financé à 50% par des fonds européens.

Emmanuel Macron a exprimé le souhait que cette « entente retrouvée » entre deux membres fondateurs de l’UE se concrétise par la finalisation, dans les prochains mois, du Traité du Quirinal (nom du siège de la présidence italienne), annoncé en 2017 pour donner « un cadre plus stable et ambitieux » à la coopération franco-italienne.

Etats-Unis: où en sont les principaux candidats démocrates ?

Trois jours avant un scrutin crucial en Caroline du Sud qui déterminera la dynamique juste avant l’avalanche de votes du « Super Tuesday », où en sont les sept principaux candidats à l’investiture démocrate pour la Maison Blanche?

– Bernie Sanders –

Assailli par ses rivaux lors d’un débat démocrate mardi à Charleston, notamment sur ses anciens flirts avec des régimes communistes mais aussi le flou autour du financement de sa profonde réforme du système de santé, Bernie Sanders, 78 ans, est le grand favori de la course à l’investiture du parti.

Le sénateur indépendant du Vermont, qui est en tête des sondages nationaux avec 29% des intentions de vote, pourrait se permettre de perdre le vote des primaires en Caroline du Sud samedi et resterait très bien placé pour le scrutin décisif du « Super Tuesday » mardi, lorsque 14 Etats voteront.

– Joe Biden –

« Je vais gagner la Caroline du Sud », a martelé Joe Biden, 77 ans, lors du débat de mardi où il s’est montré plus combatif que lors des précédentes joutes télévisées.

L’ancien vice-président, qui mène dans les sondages en Caroline du Sud avec 30,3% des intentions de vote, mise gros sur ce scrutin au sein d’un Etat où les Noirs représentent plus de la moitié de l’électorat démocrate. Une victoire permettrait à M. Biden de se relever après ses résultats piteux dans l’Iowa et le New Hampshire et ainsi relancer la dynamique de sa campagne avant le « Super Tuesday ». Mais les doutes sur son âge, sa forme, après des gaffes remarquées, et sa capacité à être président ne sont pas prêts de disparaître.

– Michael Bloomberg –

Le milliardaire Michael Bloomberg, 78 ans, se positionne en troisième dans les sondages nationaux, après avoir inondé le pays de publicités, puisant plus de 500 millions de dollars dans sa fortune personnelle pour financer sa campagne. Mais l’image bien lisse projetée dans ses spots de campagne a été craquelée après ses prestations, d’abord désastreuse puis plus ferme sans pour autant faire d’étincelles, lors des deux débats auxquels il a pris part.

Si l’ancien maire de New-York ne participe pas au scrutin en Caroline du Sud, il demeure un concurrent solide pour le vote du « Super Tuesday ».

– Pete Buttigieg –

Quasi inconnu il y a un an, Pete Buttigieg, 38 ans, fait figure de révélation de la campagne des primaires démocrates avec des bons résultats inattendus aux scrutins de l’Iowa et du New Hampshire.

L’ancien maire de South Bend, ouvertement homosexuel, manque toutefois de soutien au sein des minorités du pays, qui lui reprochent son bilan en matière de discrimination raciale et, pour certains électeurs religieux, son orientation sexuelle. Or cet électoral est crucial pour qu’un démocrate décroche la Maison Blanche. Obtenir un bon score en Caroline du Sud sera un vrai défi pour le candidat modéré actuellement cinquième dans les sondages dans cet Etat.

– Elizabeth Warren –

Un temps favorite des primaires démocrates, Elizabeth Warren, 70 ans, dont le programme est très à gauche, voit son horizon obstrué par les bonnes performances de Bernie Sanders, « socialiste » autoproclamé.

Féroce dans les débats publics, la sénatrice progressiste est à la traîne dans les sondages et en situation très périlleuse après trois mauvais résultats aux primaires démocrates. Dégager un bon score en Caroline du Sud constituera pour elle un défi de taille.

– Amy Klobuchar –

Après une troisième place surprise dans le New Hampshire, la sénatrice Amy Klobuchar, 59 ans, est désormais à la peine dans les sondages. Les échéances décisives des primaires en Caroline du Sud et du « Super Tuesday » seront redoutables pour la candidate modérée du Midwest, qui pourrait bien devoir jeter l’éponge en mars, faute de financements suffisants et sous la pression de démocrates qui s’inquiètent de voir le vote modéré se diviser entre autant de candidats, face à un Bernie Sanders en plein élan.

– Tom Steyer –

Le milliardaire et philanthrope Tom Steyer, 62 ans, joue son va-tout en Caroline du Sud où il s’est concentré sur la communauté noire de l’Etat à coups de publicités et de réunions publiques, dépensant plus de 20 millions de dollars selon CNN.

Une stratégie qui lui permet de pointer en troisième position des intentions de vote dans cet Etat. S’il ne réussit pas son pari, la course pourrait cependant se terminer rapidement pour M. Steyer, lui aussi sous pression pour dégager la voie à un vote plus modéré.

César: les femmes encore loin du haut de l’affiche

Hormis les costumières et les monteuses, les femmes restent très minoritaires au palmarès des César, un manque de parité qui devrait perdurer vendredi lors d’une 45e édition à la sélection très masculine.

– A peine mieux que les Oscars –

Actrices, réalisatrices, productrices, costumières, cheffes décoratrices, scénaristes, monteuses… Les femmes n’ont glané, depuis la première cérémonie en 1976, qu’un gros quart des César (27,4%), selon une base de données de l’AFP.

La proportion de lauréates chute même de 10 points, à 17,9%, dans les catégories mettant hommes et femmes en compétition (en excluant donc les récompenses remises à des acteurs par genre). Les César font à peine mieux que les Oscars américains, dont 17,3% ont été attribués à des femmes sur la période, selon une autre base de données de l’AFP.

En France, la parité ne fut atteinte qu’une seule fois, en 2000, année où neuf César sur 18 furent attribués à des femmes (hors César d’honneur).

Cette 25e cérémonie fut doublement exceptionnelle, puisqu’elle consacra Tonie Marshall, seule femme à ce jour à avoir remporté le prestigieux César du meilleur réalisateur, pour « Vénus Beauté (Institut) ». Céline Sciamma (« Portrait de la jeune fille en feu ») pourrait la rejoindre cette année, mais elle aura fort à faire face à sept concurrents masculins.

Cette année, les femmes représentent en moyenne 23% des nommés dans les catégories mixtes.

L’Académie des César, chargée de les départager, compte actuellement 35% de femmes parmi ses 4.700 membres. Mais une réforme est engagée pour tendre vers la parité d’ici aux César 2021.

– Costumières et monteuses –

Comme aux Oscars, c’est dans la catégorie des meilleurs costumes que les femmes sont les mieux représentées, avec 71% des récompenses.

Les femmes dominent également le palmarès du meilleur montage, dont elles ont raflé 64% des César. En comparaison, les femmes sont très minoritaires (18%) dans cette catégorie aux Oscars.

A elle seule, Juliette Welfling, monteuse indissociable de l’œuvre du réalisateur Jacques Audiard, a été primée à cinq reprises, notamment pour « Un prophète » (2010) et « De battre mon cœur s’est arrêté » (2006).

– Ailleurs, les femmes quasi-absentes –

A l’instar de Tonie Marshall chez les réalisateurs, une seule femme a été primée dans la catégorie de la « meilleure musique originale »: la Caïta, récompensée en 2001 au côté de trois hommes pour la bande originale flamenco de « Vengo » du réalisateur Tony Gatlif.

Les femmes sont aussi quasi-absentes du palmarès dans les catégories « meilleur son » (3,6%), « meilleure photographie » (5,1%) et « meilleurs décors » (8%).

Elles ne représentent que 12,2% des réalisateurs et producteurs récompensés dans la catégorie reine du « meilleur film », et ne sont guère mieux représentées pour les films d’animation (14,6%), documentaires (15,5%), premiers films (18%) et courts-métrages (18,1%).

Les femmes culminent à 23% dans les catégories distinguant les scénarios.

– Les quinquas en force –

Historiquement, les chiffres mettent en évidence une prime à la jeunesse pour les actrices, qui ont en moyenne six ans de moins que leurs homologues masculins quand elles sont couronnées pour un rôle principal.

Mais ce n’est plus vrai dans la période récente: sur les onze dernières cérémonies, les César ont récompensé à dix reprises une meilleure actrice plus âgée que le meilleur acteur.

Et sept actrices de plus de 50 ans ont décroché depuis 2005 la récompense suprême, parmi lesquelles Isabelle Huppert (2017), Catherine Frot (2016) et Isabelle Adjani (2010). Ce n’était arrivé que deux fois auparavant.

Nigeria: un soldat tue quatre de ses collègues avant de se suicider

Un soldat stationné dans le nord-est du Nigeria, région au coeur de l’insurrection jihadiste où de nombreux soldats ont perdu la vie au cours des dernières années, a tué quatre de ses collègues avant de se suicider, a annoncé l’armée.

« Le caporal est devenu fou furieux et a tué quatre de ses collègues avant de retourner l’arme contre lui », a déclaré le porte-parole de l’armée Sagir Musa, dans un communiqué publié mercredi soir.

Deux autres soldats grièvement blessés ont été transportés à l’hôpital de Maiduguri, la capitale de l’Etat du Borno, à plus de 200 km de leur base de Malam Fatori, à la frontière avec le Niger.

Les circonstances du drame n’ont pas encore été déterminées, mais M. Musa a affirmé qu’une enquête a été ouverte.

Le quotidien des soldats nigérians stationnés dans le nord-est du pays est particulièrement difficile.

Les troupes se plaignent régulièrement sur les réseaux sociaux de ne pas recevoir leur solde, du manque de moyens mis à leur disposition ou d’absence de permissions pour aller visiter leur famille.

Le groupe de l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), branche de Boko Haram qui a prêté allégeance à l’EI en 2016, mène des attaques ciblées et très régulières contre les troupes stationnées dans le nord-est, qui ont fait des dizaines voire des centaines de morts dans les rangs de l’armée depuis ces dernières années.

En août 2018, des centaines de soldats ont manifesté à l’aéroport de Maiduguri pendant plusieurs heures, réclamant le droit de pouvoir visiter leur famille.

Le conflit entre les forces armées nigérianes et Boko Haram a fait 35.000 morts depuis 2009. Deux millions de personnes ne peuvent toujours pas regagner leurs foyers.

Ce conflit s’est étendu au Niger, au Tchad et au Cameroun voisins.

Bissau: un candidat à la présidentielle se fait investir malgré la contestation

L’un des candidats à la présidentielle en Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a prévu de se faire investir président jeudi dans un hôtel de luxe de Bissau, malgré la contestation persistante autour du résultat de l’élection dans ce pays à l’histoire tumultueuse.

M. Embalo compte se faire introniser dans un établissement placé sous bonne garde militaire, alors que la Cour suprême est toujours saisie d’un recours de son adversaire au second tour de la présidentielle du 29 décembre.

Le Premier ministre en exercice, Aristides Gomes, reconnu par la communauté internationale, a dénoncé une tentative de « coup d’Etat » de la part de M. Embalo, dans un pays qui en est coutumier.

M. Embalo, ancien général, ex-Premier ministre et candidat de l’opposition au parti historique PAIGC, a été donné vainqueur par la commission nationale électorale avec 53,55% des voix.

La commission crédite de 46,45% des votes son adversaire Domingos Simoes Pereira, président du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), la formation qui domine la politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.

M. Pereira et le PAIGC dénoncent des fraudes, réclament qu’on recompte les bulletins et s’en remettent à la Cour suprême d’une décision finale. La Guinée-Bissau se retrouve ainsi en proie depuis deux mois à un imbroglio post-électoral dont n’a pas besoin ce petit pays pauvre d’environ 1,8 million d’habitants confronté à une multitude de défis.

M. Embalo, 47 ans, qui a fait campagne sur le thème de la rupture avec le PAIGC, dit que la décision n’appartient pas à la Cour suprême et fait valoir que la commission électorale, sommée par la Cour suprême de vérifier les résultats, les a confirmés à plusieurs reprises.

– L’inconnue internationale –

Il a choisi de passer outre l’arrêt attendu de la Cour suprême, mais aussi l’approbation du président en exercice du Parlement. Le déploiement d’un dispositif militaire important dans et autour de l’hôtel où a lieu la cérémonie indique que l’armée, acteur de bien des crises bissau-guinéennes, a choisi de laisser faire.

On ignore la réaction de la communauté internationale. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédeao), partenaire et médiatrice historique dans le pays, a félicité M. Embalo en janvier. Sollicitée à plusieurs reprises pour savoir si M. Embalo serait à présent considéré officiellement comme le président, elle n’a pas répondu.

Egalement interrogé par l’AFP, le département d’Etat américain a renvoyé mercredi aux félicitations adressées en janvier à M. Embalo par les Etats-Unis.

Cet imbroglio est le dernier épisode en date d’une histoire contemporaine chaotique. Depuis l’indépendance, la Guinée-Bissau a connu quatre coups d’Etat et seize tentatives plus ou moins avancées, plus qu’aucun pays dans le monde en dehors de la Somalie, selon un centre de recherche.

Le dernier putsch remonte à 2012. Depuis la présidentielle de 2014, le pays s’est engagé sur la voie d’un retour à l’ordre constitutionnel, ce qui ne l’a pas préservé de turbulences à répétition, mais sans violence, entre le camp du chef de l’Etat sortant José Mario Vaz et celui du chef du PAIGC.

La stabilité est pourtant un enjeu majeur. Le pays est l’un des plus démunis du monde. L’instabilité et la pauvreté y ont favorisé l’implantation de narcotrafiquants, qui utilisent le territoire pour faire transiter la cocaïne d’Amérique latine vers l’Europe, avec la complicité suspectée de cadres de l’armée.

La Guinée-Bissau était classée 172e sur 180 pays en 2018 par Transparency International, ONG spécialisée dans la lutte contre la corruption.

Face à ses maux, le pays a un pressant besoin de réformes auxquelles la paralysie des dernières années ne s’est pas prêtée.

Niger: importantes surfacturations dans des achats d’équipements pour l’armée

Un audit demandé par le président nigérien Mahamadou Issoufou révèle des surfacturations ainsi que des livraisons non-effectuées dans des achats d’équipements pour l’armée, qui combat depuis 2015 les jihadistes dans le sud-est et l’ouest du pays, indique jeudi un communiqué du gouvernement.

Cet audit a relevé « des insuffisances dans les procédures de passation des marchés » ainsi que « dans le suivi de leur exécution », souligne un communiqué lu à la radio publique par le porte-parole du gouvernement, Zakaria Abdourahamane.

« Le gouvernement a décidé de faire rembourser les montants indûment perçus, soit en raison de surfacturation, soit au titre de paiement de services et livraisons non effectuées ou partiellement effectuées », affirme le texte qui ne précise pas les montants concernés, ni les personnalités mises en cause.

Il a également décidé de « transmettre aux tribunaux compétents les dossiers des fournisseurs qui refuseraient de s’exécuter » et « de prendre les sanctions administratives appropriées à l’endroit des agents publics incriminés ».

L’audit a été mené sous la supervision du ministre de la Défense Issoufou Katambé, un proche du chef de l’Etat, nommé à ce poste en septembre 2019. Dès sa prise de service, M. Katambé avait entrepris une tournée d’inspection de plusieurs positions de l’armée, notamment sur les front sud-est, proche du Niger, et ouest, frontalier du Mali et du Burkina.

L’audit a porté sur « la dilapidation » de milliards de FCFA (millions d’euros) « destinés à l’armement et à l’équipement des forces armées nigériennes », impliquant des hommes d’affaires et des responsables gouvernementaux, selon des journaux privés nigériens. Des investigations ont été menées en Russie, en Israël et en Chine et portent sur des achats « de munitions et matériels défectueux » , d’après les journaux.

Entre décembre 2019 et janvier 2020, près de 200 soldats nigériens ont été tués dans des attaques revendiquées par l’Etat islamique (EI) dans la région de Tillabéri, vaste région instable de près de 100.000 km2, riveraine de la zone des trois frontières (Niger, Burkina Faso et Mali).

Tout le Sahel – en particulier le Mali, le Niger et le Burkina – est visé par les assauts de plus en plus audacieux de groupes islamistes, en dépit du renforcement des armées locales et de la présence de 4.500 militaires français de la force antiterroriste Barkhane. Selon l’ONU, les attaques jihadistes au Mali, au Niger et au Burkina ont fait 4.000 morts en 2019.

Nigeria: 24 bébés et des adolescentes enceintes libérées d’une « usine à bébés »

La police nigériane a libéré 24 bébés et quatre adolescentes enceintes d’une maternité illégale dans la ville pétrolière de Port-Harcourt dans le sud du Nigeria, a annoncé mardi un porte-parole de la police.

« Lors d’une opération d’infiltration menée mardi, nos hommes ont découvert une organisation s’adonnant à la traite d’enfants à Woji à Port-Harcourt où 24 bébés âgés entre un et deux ans et quatre adolescentes enceintes ont été secourus », a précisé à l’AFP Nnamdi Omoni.

Il a ajouté que les victimes « fragiles et mal nourries » ont été hospitalisées. Des enquêtes sont en cours pour retrouver les personnes qui ont dirigé cet établissement.

Plusieurs autres « usines à bébés » du même type ont été découvertes ces dernières années par la police nigériane. Dans certains cas, les bébés pourraient faire l’objet de rituels de magie noire.

Les opérations de police visant à fermer ces « usines » sont relativement fréquentes au Nigeria, notamment dans le sud. Des jeunes filles piégées avec des promesses d’emplois se retouvent enceintes et forcées d’accoucher des enfants à « vendre ».

Les bébés garçons sont généralement vendus pour 500.000 nairas (1.400 USD, 1.250 euros) tandis que les filles sont « vendues » pour 300.000 nairas, a indiqué la police dans des cas précédents.

Riche en pétrole, le Nigeria possède une des plus grandes économies d’Afrique, mais il est un des pays au monde qui compte le plus d’habitants vivant dans une pauvreté extrême.

L’Unesco a classé le trafic d’êtres humains en troisième place des crimes les plus fréquents commis au Nigeria, après la corruption et le trafic de drogue.

L’UA voit des divergences avec l’UE sur l’homosexualité et la CPI

Le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a pointé du doigt jeudi les « différences » entre Africains et Européens sur les questions de justice internationale ou de droits des homosexuels, lors d’un sommet destiné à renforcer les liens entre les deux continents.

« Certainement, nous avons nos différences: la justice criminelle internationale, l’orientation et l’identité sexuelle, la peine de mort, la centralité de l’Union africaine dans certaines crises, etc… », a déclaré M. Faki lors d’une conférence de presse marquant l’ouverture à Addis Abeba d’un sommet UA/UE.

Qualifiant ces différences de « normales », il a estimé qu’Africains et Européens devaient les reconnaître et les accepter pour les surmonter.

Le sommet de jeudi marque la deuxième visite de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au quartier général de l’UA à Addis Abeba, depuis sa prise de fonction le 1er décembre.

Une semaine après avoir commencé à occuper son poste, elle avait choisi la capitale éthiopienne pour son premier déplacement hors de l’UE, afin de lancer un « fort message politique » sur la force du partenariat entre l’Europe et l’Afrique.

Mme von der Leyen travaille actuellement à l’élaboration d’une nouvelle « stratégie africaine » pour l’UE, qui devrait être dévoilée en mars.

Lors de son discours d’ouverture, elle a affirmé que les deux continents étaient des « partenaires naturels », et a mis l’accent sur les secteurs de coopération potentiels pour eux comme le commerce et la lutte contre le réchauffement climatique.

Puis lors de la conférence de presse, elle a estimé que les deux blocs devraient être en mesure de travailler ensemble malgré les divergences mises en exergue par M. Faki.

« C’est l’essence même d’un bon partenariat et d’une bonne amitié », a-t-elle déclaré. « Vous bâtissez sur des fondations solides avec des projets sur lesquels vous pouvez travailler, et vous êtes capables de dire très clairement quelles sont vos différences ».

« Nous essayons de convaincre, mais nous reconnaissons qu’il y a des positions différentes », a-t-elle ajouté. « Nous ne devons pas nous attendre à ce que l’Union africaine s’adapte à l’Union européenne. »

La majorité des pays africains disposent de législations interdisant ou réprimant l’homosexualité, parfois punie de la peine de mort.

Et plusieurs pays africains ont résisté aux efforts de la Cour pénale internationale (CPI) pour juger des dirigeants du continent, le Burundi devenant même en 2017 le premier pays au monde à s’en retirer.

L’UE cherchera à utiliser le sommet de jeudi pour promouvoir le commerce et la coopération économique, afin de répondre « au flot d’investissements chinois sur le continent », a estimé Mikaela Gavas, experte auprès du Center for Global Development (CGD).

Mais la question des droits de l’homme reste un sujet potentiel de confrontation, a-t-elle mis en garde. « Les pays africains ne voudront pas qu’on leur donne des leçons sur la gouvernance et les droits de l’homme. »

Risque de « crise humanitaire majeure » au Zimbabwe, selon le FMI

Le Zimbabwe est confronté à un risque de « crise humanitaire majeure », selon le Fonds monétaire international (FMI), qui table pour 2020 sur une croissance quasi-nulle de son économie et la persistance d’une grave insécurité alimentaire.

« Dans la perspective d’une nouvelle récolte insuffisante, la croissance devrait tourner autour de zéro et les pénuries de nourriture continuer », a écrit jeudi le FMI.

« Si le budget 2020 (du pays) inclut une hausse significative des dépenses sociales, elle ne suffira probablement pas à satisfaire tous les besoins. Faute d’une hausse de l’aide, les risques d’une crise humanitaire majeure sont élevés », a ajouté l’institution financière après sa dernière inspection dans le pays.

Le Zimbabwe est englué depuis vingt dans une crise économique sans fin, qui s’est récemment aggravée avec le retour de l’hyperinflation, des pénuries de produits de base et des coupures d’électricité généralisées.

Comme le reste de l’Afrique australe, le pays souffre en outre d’une grave sécheresse qui pèse sur les récoltes.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies estime que la moitié de ses 15 millions d’habitants se trouve actuellement en situation de grave insécurité alimentaire.

Malgré ses promesses maintes fois répétées, le président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé fin 2017 à l’autocrate Robert Mugabe, ne parvient pas à redresser le pays.

Il y a un an, la hausse des prix de l’essence avait provoqué des émeutes meurtrières, sévèrement réprimées par le régime.

Dans sa déclaration, le FMI a exhorté le Zimbabwe à renouer au plus vite avec la communauté internationale afin d’obtenir la levée des sanctions qui le frappent depuis l’ère Mugabe.

L’aide humanitaire prise entre deux feux au Cameroun anglophone

Humanitaires kidnappés, convois pillés, civils attaqués lors des distributions alimentaires: au Cameroun anglophone, ravagé par de sanglants combats entre militaires et rebelles indépendantistes mais aussi les exactions et crimes des deux camps, porter assistance aux civils est de plus en plus périlleux.

En une semaine, trois distributions dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont été empêchées, voire endeuillée, selon des témoignages recueillis au téléphone par l’AFP.

Le 19 février, un homme de 29 ans a été tué par balle à Ekona, dans le Sud-Ouest, par des militaires qui ont attaqué des villageois attendant des rations alimentaires d’une ONG partenaire du Programme alimentaire mondial (PAM), selon cette agence de l’ONU et des témoins.

« Nous étions 220 déplacés sortis de la brousse où nous nous cachons, quand dix militaires sont arrivés et nous ont frappés », raconte l’un d’eux, sous couvert de l’anonymat, ajoutant: « Ils ont mis de côté sept hommes, qu’ils suspectaient d’être des séparatistes, et ont tiré dans la jambe d’un jeune, qui s’est vidé de son sang ». Un meurtre confirmé par un autre villageois et le responsable d’une organisation humanitaire régionale.

Ce sont des « tentatives de désinformation » qui visent « à ternir l’image de nos forces », a réagi auprès de l’AFP le porte-parole de l’armée, le colonel Cyrille Atonfack Guemo.

Selon lui, le camion du PAM aurait été pris « accidentellement entre deux feux », militaires contre « terroristes sécessionnistes ». « Il est inconcevable que l’armée, dont la mission est de travailler à l’amélioration des conditions de vie (…), s’oppose en même temps au travail des organisations humanitaires », affirme l’officier.

– Traces de torture –

Selon un des témoins, les « mêmes soldats » avaient déjà attaqué une distribution au même endroit deux mois plus tôt. « Le 24 décembre, un volontaire de l’ONG a été arrêté, retenu dans une gendarmerie, et son corps, présentant des traces de torture, a été retrouvé début janvier », a confirmé à l’AFP un responsable d’un organisation humanitaire, qui ne veut pas être nommé.

Le 20 février, c’est une distribution de Caritas à Bafmeng, dans le Nord-Ouest, qui a essuyé une attaque, d’un groupe armé cette fois. Environ 70 personnes, dont 50 enfants, ont dû se réfugier dans le camion de l’ONG qui a quitté précipitamment les lieux, témoigne son directeur au Cameroun, le père Paul Njokikang.

Le prêtre assure aussi qu’il a été pris en otage par des groupes armés séparatistes à trois reprises au cours d’opérations humanitaires et détenu 24 heures par l’armée.

Dans la même région, en novembre, un humanitaire avait été tué par des hommes armés, selon l’ONU.

L’aide médicale n’est pas épargnée: le 19 février, des militaires ont poursuivi une voiture jusque dans l’enceinte d’un hôpital soutenu par Médecins sans frontière (MSF), dans le Nord-Ouest. Sur le parking réservé aux ambulances, un des militaires a ouvert le feu tuant le conducteur, selon l’ONG.

« Le soldat a été immédiatement mis aux arrêts » et « une enquête aussitôt ouverte », plaide le ministère de la Défense.

MSF a appelé « toutes les parties prenantes (…) au respect absolu des installations médicales, des ambulances, du personnel médical et des patients », rappelant que ses équipes « ont fait l’objet de menaces régulières, notamment d’intimidation armée, de la part des différentes parties ».

« Nous sommes pris entre deux feux », se plaint aussi Ayah Abine, président de l’ONG camerounaise Ayah Foundation.

– Kidnappé trois fois –

« J’ai été menacé par des militaires » en apportant l’aide à des réfugiés, explique-t-il, ajoutant: « des groupes armés ont aussi kidnappé des membres de mon ONG trois fois ».

M. Abine a été convoqué le 20 février chez les gendarmes à Yaoundé, suspecté de livrer des armes aux séparatistes, puis relâché sans poursuites.

Plusieurs responsables d’ONG internationales ont assuré à l’AFP que Ayah Foundation était neutre. « C’est de l’intimidation », commente l’un d’eux.

Il émerge « un sentiment de méfiance vis-à-vis de certaines organisations humanitaires, dont des actes contribuent à installer le doute quant à leur intégrité », réagit le colonel Atonfack. « Des ambulances appartenant à MSF ont été retrouvées transportant des combattants armés ainsi que des armes et munitions », accuse-t-il.

MSF « réfute de la façon la plus catégorique qui soit ce type d’accusations, graves et dangereuses pour nos patients et nos équipes », s’emporte l’ONG internationale auprès de l’AFP, assurant que ses « ambulances ne servent qu’à transporter des patients non armés, ayant besoin de soins immédiats, sans discrimination ».

« Un grand nombre d’incidents contre des humanitaires sont rapportés, des convois pillés, des kidnappings… Or l’aide est déjà en deçà des besoins », s’inquiète Jérôme Fontana, chef des opérations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Cameroun.

Depuis trois ans, le conflit a fait plus de 3.000 mort et forcé près de 700.000 personnes à fuir leur domicile. La majorité des écoles et centres de santé ont fermé. Des villages entiers ont été brûlés.

« Nous vivons dans la peur, dans la brousse avec les animaux sauvages, où des femmes accouchent. Il n’y a ni eau potable, ni nourriture décente », s’émeut un des déplacés d’Ekona, qui a peur se rendre aux distributions d’aide.

Dans les deux régions, seuls 32,17% des besoins humanitaires ont été financés en 2019, selon l’ONU. Mais « le principal obstacle n’est pas financier, c’est le manque de sécurité », assène M. Fontana.

L’Union africaine compte déployer 3.000 soldats au Sahel

L’Union africaine (UA) a annoncé jeudi qu’elle comptait envoyer 3.000 soldats au Sahel, pour tenter d’enrayer la progression du jihadisme et la dégradation de la sécurité dans la région, sans toutefois préciser les modalités et le calendrier exact de ce déploiement.

La décision, prise lors du sommet de l’UA début février, n’avait pas encore été rendue publique. Elle a été annoncée en conférence de presse à Addis Abeba par le commissaire de l’UA à la paix et la sécurité, Smaïl Chergui, dans le cadre d’un sommet UA/UE.

« Sur la décision du sommet de travailler au déploiement d’une force de 3.000 hommes pour aider les pays du Sahel à affaiblir les groupes terroristes, je pense que c’est une décision sur laquelle nous allons travailler avec le G5 Sahel et la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) », a déclaré M. Chergui.

« Cette décision a été prise parce que, comme vous le voyez (…), la menace progresse et devient plus complexe », a-t-il ajouté.

Le G5 Sahel, basé à Nouakchott, et composé de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad, fournit depuis 2014 un cadre de coopération pour la sécurité et le développement de ces cinq pays sahéliens d’Afrique de l’Ouest.

En 2017, face à la poussée des attaques jihadistes et à la sévère dégradation de la sécurité dans le centre du Mali, ainsi qu’au Burkina Faso et au Niger voisins, le G5 Sahel a réactivé son projet de force conjointe, initialement lancé en 2015.

Cette force, qui doit compter à terme 5.000 hommes pour lutter contre les jihadistes dans les zones frontalières entre les pays membres, peine à monter en puissance.

Les conclusions finales du sommet de l’UA n’ont toujours pas été publiées, mais les diplomates ont confirmé le déploiement prévu.

« Le sommet a décidé de déployer environ 3.000 hommes pour une période de six mois pour aider les pays du Sahel à affronter la menace à laquelle ils font face », a déclaré à l’AFP Edward Xolisa Makaya, l’ambassadeur sud-africain auprès de l’UA.

« C’est juste un signe ou un geste de solidarité avec les peuples du Sahel », a-t-il ajouté, disant espérer que ce déploiement aurait lieu « dans le cours de l’année ».

– Appel à contributions –

Mais certaines modalités restent à régler. Aucun pays ne s’est encore officiellement dit prêt à envoyer des troupes, et le mode de financement du projet n’est pas non plus connu.

« Bien entendu, les États membres ont été incités à faire une offre de contribution, et certains l’ont fait durant les discussions. Mais nous n’avons pas le droit de donner leur nom pour le moment », a précisé M. Makaya.

L’Afrique du Sud a pris lors du dernier sommet la présidence tournante de l’UA et envisage d’accueillir un sommet extraordinaire de l’organisation panafricaine sur les questions sécuritaires en mai.

Elissa Jobson, experte auprès de l’International Crisis group (ICG), a exprimé des doutes sur l’efficacité de l’initiative de l’UA.

« Même si c’est bien de voir que les dirigeants de l’Union africaine montrent un réel intérêt pour le conflit au Sahel et sentent qu’ils doivent faire quelque chose, le déploiement de soldats n’est pas forcément la réponse adéquate », a-t-elle estimé.

Ce déploiement devrait « s’inscrire dans une stratégie politique bien conçue, qui devrait aussi inclure le dialogue avec les groupes jihadistes dans la région », a-t-elle ajouté.

Les violences jihadistes – souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires -, ont fait 4.000 morts en 2019 au Burkina Faso, au Mali et au Niger, cinq fois plus qu’en 2016, selon l’ONU, malgré la présence de forces africaines, onusiennes et internationales.

Lors de la même conférence de presse, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a toutefois considéré que la mesure était « très bienvenue ».

« Je pense que nous avons suffisamment de capacité de coordination logistique pour tout gérer ensemble », a-t-il fait valoir.

L’UE et ses États membres ont débloqué quelque 155 millions d’euros pour soutenir la Force conjointe du G5 Sahel depuis sa création, dont près de 70% ont déjà été décaissés.

L’UE a en outre décidé d’un financement additionnel de 138 millions d’euros, confirmé par M. Borrell lors du sommet de Pau entre la France et le G5 Sahel le 13 janvier.

Présidentielle contestée à Bissau: un des candidats invite à son investiture

L’un des deux candidats au second tour de la présidentielle en Guinée-Bissau a déclaré mercredi son intention de se faire investir jeudi au poste de chef de l’Etat, malgré l’imbroglio persistant sur l’issue du scrutin.

La contestation menée par son adversaire et la confusion qui continue à régner deux mois après ce second tour rendent tout sauf certain qu’Umaro Sissoco Embalo sera bel et bien investi jeudi.

Cependant M. Embalo s’est appuyé sur une décision prise mardi en sa faveur par la commission électorale pour exprimer sa détermination à prendre la charge de président.

« Dans un esprit d’unité et de concorde nationale, j’invite tous mes compatriotes à la cérémonie de mon investiture qui aura lieu demain » jeudi, a-t-il annoncé sur les réseaux sociaux.

Deux mois après le second tour du 29 décembre, la Guinée-Bissau est dans une profonde impasse politique.

Umaro Sissoco Embalo, issu de l’opposition, a été donné vainqueur par la commission électorale avec 53,55% des voix.

Une victoire que conteste son rival Domingos Simoes Pereira (crédité de 46,45%), du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), la formation qui domine la vie politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.

M. Pereira et le PAIGC dénoncent des fraudes et réclament qu’on recompte tous les votes.

La Cour suprême, saisie par le PAIGC, a rendu des arrêts qui réclament la vérification des procès-verbaux mais qui n’ont pas permis de trancher le contentieux. La querelle oppose aussi la Cour suprême et la commission électorale.

Celle-ci, à nouveau réunie mardi, a confirmé les résultats qu’elle avait annoncés.

Selon Armando Tchoba Dos Santos, un juriste interrogé par un correspondant de l’AFP, la Cour suprême est à nouveau appelée à se prononcer sous 48 heures. Par ailleurs, les conditions d’une éventuelle investiture n’étaient pas réunies mercredi matin au parlement.

En Guinée-Bissau, une mystérieuse hécatombe de vautours

Des centaines de vautours sont morts pour une raison mystérieuse ces derniers jours en Guinée-Bissau, ont indiqué mardi les autorités, qui ont recommandé aux populations d’éviter les contacts avec les cadavres des rapaces pour écarter les risques de contamination dans l’attente des résultats d’analyses vétérinaires.

Des dizaines de vautours morts ont notamment été retrouvés aux abords de l’abattoir principal de Bissau, où ils rôdent habituellement en grand nombre pour se nourrir de déchets de viande, ont indiqué des ouvriers de l’établissement.

Le phénomène a touché depuis environ une semaine plusieurs régions de cette ancienne colonie portugaise d’Afrique de l’Ouest au climat tropical, notamment Bafata (est), Quebo (sud) et l’archipel des Bijagos (ouest), avant d’atteindre la capitale.

« J’ai été avisé par des bouchers et la population de la découverte des carcasses de vautours. Au total, on en a dénombré une centaine, mais nous n’avons pas encore une source médicale ou vétérinaire pour nous donner les raisons (expliquant) autant de morts de vautours », a déclaré à la presse le gouverneur de la région de Bafata, Dundu Sambù.

Quelque 135 rapaces ont été incinérés lundi dans cette région, à l’écart des zones habitées et sous la surveillance des autorités sanitaires et de représentants de l’Etat, selon le journal bissau-guinéen O Democrata, qui estime à plus de 240 le nombres de rapaces morts ces derniers jours dans le pays.

Des prélèvements ont été effectués et seront analysés dans un laboratoire de Dakar, au Sénégal voisin, afin de déterminer s’il s’agit d' »une grippe aviaire ou non », a déclaré à l’AFP un responsable national des services vétérinaires, Mboma Baldé.

Les populations ont été invitées à éviter tout contact avec les oiseau morts et à empêcher les animaux domestiques de s’en approcher ou de s’en nourrir, a indiqué le gouverneur de Bafata, cité par O Democrata.

Dans les îles des Bijagos, au large de Bissau, où le vautour est un animal totem, des habitants ont sacrifié des poulets et répandu de l’huile de palme sur l’autel lors de cérémonies traditionnelles pour conjurer ce qu’ils estiment être une malédiction, a expliqué à l’AFP le fils d’un féticheur local.

Violences intercommunautaires à Delhi: Modi appelle au calme

Le Premier ministre indien Narendra Modi a appelé mercredi au calme face à des violences intercommunautaires qui ont fait 22 morts à New Delhi, marquant un des pires embrasements de la capitale indienne depuis des décennies.

Commerces mis à feu, drapeau hindou hissé sur une mosquée, Coran brûlé: des émeutiers armés de pierres, de sabres et parfois de pistolets, sèment le chaos et la terreur depuis dimanche dans des faubourgs populaires du nord-est de la mégapole, éloignés d’une dizaine de kilomètres du centre.

« J’appelle mes sœurs et frères de Delhi à maintenir en tout temps la paix et la fraternité. Il est important que le calme et la normalité soient rétablis au plus vite », a déclaré le dirigeant nationaliste hindou sur son compte Twitter.

Des heurts entre partisans et opposants d’une loi controversée sur la citoyenneté, jugée discriminatoire envers les musulmans par ses détracteurs, ont dégénéré en affrontements communautaires, entre hindous et musulmans.

Lors de multiples incidents rapportés par la presse indienne, des groupes armés hindous s’en sont pris à des lieux et à des personnes identifiés comme musulmans. Des témoignages concordants font état de bandes criant « Jai Shri Ram » (« Vive le dieu Ram »).

Le principal hôpital de la zone a recensé 22 décès et traité 200 blessés jusqu’à mercredi après-midi, a indiqué à l’AFP l’un de ses responsables. Une partie conséquente des patients souffraient de blessures par balles.

Mercredi, la situation sur le terrain était tendue mais aucune violence n’avait été signalée en milieu d’après-midi. Les autorités indiennes ont déployé en nombre des policiers en tenue antiémeutes.

Les forces de l’ordre demandaient aux habitants de se barricader chez eux, ont constaté des journalistes de l’AFP. Des pompiers arrosaient de leur lance à eau des échoppes brûlées la nuit précédente.

Dans un marché dévasté et calciné, le commerçant Abdul Hafees était venu constater les dégâts. Lundi, des émeutiers « ont utilisé l’essence de motos garées là et des pneus en caoutchouc pour s’assurer que tout brûlait », a-t-il raconté. Les vandales sont revenus mardi pour incendier des boutiques épargnées la veille.

« Je pense que toute échoppe encore intacte dans le marché, ils la brûleront ce soir », redoute-t-il.

– Mise en garde pakistanaise –

S’inquiétant de la « situation alarmante », le ministre en chef de Delhi, Arvind Kejriwal, a enjoint le gouvernement de Narendra Modi de mettre en place un couvre-feu dans la zone et déployer l’armée.

Un drapeau hindou, représentant le dieu-singe Hanuman, flottait mercredi matin au sommet d’une mosquée de quartier vandalisée, a vu une équipe de l’AFP. Des vidéos tournées la veille et circulant sur les réseaux sociaux, dont l’AFP a vérifié l’authenticité, montrent des hommes grimpant au minaret pour y arracher le haut-parleur et y installer le drapeau, sous les vivats.

Mohammad Muslim, un résident du quartier, a extrait un Coran en feu de la mosquée saccagée. « Vous pouvez voir que mes mains sont devenues noires pour avoir porté le Coran brûlé », a-t-il expliqué à l’AFP.

Narendra Modi est confronté depuis décembre à un vaste mouvement de contestation contre une nouvelle législation qui facilite l’attribution de la citoyenneté indienne à des réfugiés, à condition qu’ils ne soient pas musulmans.

Ce texte a cristallisé les craintes de la minorité musulmane d’être reléguée au rang de citoyens de seconde classe, dans cette nation où les hindous représentent 80% de la population.

La loi a provoqué les plus importantes manifestations dans le pays d’Asie du Sud depuis l’arrivée au pouvoir en 2014 de l’actuel chef de gouvernement, largement réélu l’année dernière.

Réagissant aux événements à New Delhi, le Premier ministre pakistanais Imran Khan a jugé mercredi que « lorsqu’une idéologie raciste fondée sur la haine prend le pouvoir, cela mène au bain de sang », en référence au nationalisme hindou.

Le dirigeant de la république islamique a mis en garde ses concitoyens contre des représailles sur la minorité hindoue au Pakistan. « Nos minorités sont des citoyens égaux dans ce pays », a-t-il tweeté.

Nouveau coronavirus: l’Iran accuse les Etats-Unis de répandre « la peur »

L’Iran a accusé mercredi les Etats-Unis, son ennemi juré, de répandre « la peur » autour du nouveau coronavirus dont le bilan local est de 19 morts, le plus lourd après celui de la Chine, avec de nouveaux cas détectés aux quatre coins du pays.

Le porte-parole du ministère de la Santé Kianouche Jahanpour a affirmé que la situation « s’améliorait » mais a tout de même appelé les Iraniens à limiter leurs déplacements.

M. Jahanpour a annoncé le décès de quatre nouvelles personnes parmi 44 nouveaux cas de personnes infectées par le nouveau coronavirus détectés ces dernières 24h.

Près de 140 personnes, dont le vice-ministre de la Santé, ont été infectées par la maladie à travers le pays et la plupart des voisins de la République islamique ont mis en place des mesures de restrictions des déplacements et de placement en quarantaine.

Nombre d’écoles, universités et centres culturels ou sportifs ont été fermés et de nombreux événements repoussés pour permettre à des équipes sanitaires de désinfecter les lieux et transports publics iraniens.

– « Peur extrême » –

« Nous ne devrions pas laisser l’Amérique ajouter un virus, appelé la peur extrême (…), au coronavirus », a déclaré le président iranien Hassan Rohani à l’issue d’une réunion de son cabinet au lendemain d’une déclaration du secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo appelant l’Iran à « dire la vérité » au sujet de l’épidémie en Iran.

« Les Américains eux-mêmes sont en difficulté face au coronavirus. 16.000 personnes sont mortes de la grippe (aux Etats-Unis) mais ils ne parlent pas de leurs propres (morts) », a ajouté M. Rohani.

Mi-février, les autorités américaines ont étendu les tests du nouveau coronavirus aux personnes présentant des symptômes grippaux. Les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains avaient alors indiqué que 14.000 décès dus à la grippe avaient été recensés pour la saison 2019-2020.

« Le régime iranien aurait caché des détails vitaux sur l’épidémie dans ce pays », a affirmé Mike Pompeo, lors d’une conférence à Washington, dans un contexte de tensions exacerbées entre l’Iran et les Etats-Unis.

La veille, un député de Qom avait fait état de 50 morts des suites du nouveau coronavirus. Le vice-ministre de la Santé Iraj Harirchi a démenti ces propos lundi, promettant de démissionner si ce chiffre était confirmé, avant d’annoncer mardi qu’il avait été lui-même contaminé par le virus.

Le porte-parole du gouvernement Ali Rabii, aux côtés duquel M. Harirchi était apparu toussant et transpirant lors d’une conférence de presse lundi, attend lui les résultats de son test.

Depuis l’annonce le 19 février des deux premiers décès dus à la maladie, à Qom, ville sainte chiite du centre du pays qui attire pèlerins et théologiens du monde entier, le gouvernement a promis d’être plus transparent après avoir été accusé de minimiser le bilan de l’épidémie sur son sol et de mal gérer la propagation du virus.

M. Rohani a insisté mercredi sur les progrès de l’Iran face à l’épidémie, évoquant une « baisse des visites (à l’hôpital) et des progrès dans le traitement ».

– « Légèrement préoccupante » –

Selon le dernier bilan du ministère de la santé, plus de la moitié des 31 provinces sont touchées: neuf nouveaux cas ont été détectés à Qom, quatre à Téhéran, neuf à Gilan, trois au Khuzestan et deux au Sistan-Balouchistan, à Fars et au Kohgilouyeh-Bouyer-Ahmad.

Un nouveau cas a été détecté dans chacune des province de Markazi, Kermanshah, Ardebil, Mazandaran, Lorestan, Semnan et Hormozgan.

Le porte-parole du ministère de la Santé, M. Janhanpour, est néanmoins apparu optimiste quant à la situation à Qom, épicentre de l’épidémie dans le pays.

« Toutes les 24 heures, au moins 10% de ceux qui sont hospitalisés ou des cas suspects sont autorisés à sortir et sont en bonne santé », a-t-il déclaré.

Mais à Gilan, province située au bord de la mer Caspienne et très prisée des vacanciers notamment téhéranais, « la situation est légèrement préoccupante » puisqu’elle est la deuxième en termes de nouveaux cas détectés, dont beaucoup sont des personnes qui avaient voyagé dans d’autres provinces.

Les autorités ont invité les Iraniens à limiter leur déplacement mais n’ont annoncé aucune mesure de placement en quarantaine, jugeant cette méthode obsolète et inefficace.

Grève générale dans les îles grecques contre les camps de migrants

Les îles grecques de Lesbos, Chios et Samos menaient mercredi une grève générale pour protester contre la construction de nouveaux camps pour les migrants.

Pour le deuxième jour consécutif, les manifestants à Lesbos ont fait face à la police anti-émeutes près de la ville de Mantamados, proche du site prévu pour la construction d’un camp de 7.000 personnes.

De petits groupes ont jeté des pierres vers la police, qui a répondu avec du gaz lacrymogène et des grenades aveuglantes.

« Nous sommes en temps de guerre. (La police) a les armes, nous avons nos coeurs et nos âmes », a déclaré un prêtre local, le père Stratis.

Le gouvernorat local a appelé à une grève de 24 heures, rejetant les projets du gouvernement de construire de nouveaux camps pour remplacer les installations actuelles surpeuplées, dans lesquelles les demandeurs d’asile vivent dans des conditions épouvantables.

Plus de 38.000 migrants s’entassent dans les camps des îles de Lesbos, Samos, Chios, Leros et Kos, officiellement prévus pour 6.200 personnes.

Les habitants des îles se plaignent depuis longtemps des problèmes d’insécurité et de santé publique que causent selon eux les migrants et s’opposent aux projets de construction de nouveaux camps du gouvernement.

« Nous nous battons également pour ceux qui veulent partir pour un endroit meilleur. Nous voulons qu’ils partent », a déclaré le père Stratis. « Nous accepterons les réfugiés de guerre, mais les criminels devraient partir ».

Le gouvernement conservateur, arrivé au pouvoir en juillet, a annoncé que les camps de Lesbos, Samos et Chios seront fermés cette année pour être remplacés par de nouvelles installations, plus petites, qui devraient être opérationnelles mi-2020.

Après des semaines de pourparlers infructueux avec les autorités locales, le gouvernement a envoyé lundi par bateau des engins de chantier et la police anti-émeutes, provoquant l’indignation.

Les partis d’opposition ont dénoncé une décision antidémocratique, et les responsables locaux une tentative « barbare » de « transformer de force Lesbos et Chios en prisons ».

L’Etat avait déjà mis en colère les insulaires courant février en annonçant que des terres pourraient être réquisitionnées pour une période de trois ans pour construire les nouveaux camps.

« Il y a une limite à notre patience. Ils réquisitionnent des terres et amènent la police anti-émeutes, utilisent les lacrymogènes contre les gens. Sommes-nous en guerre ? », s’est indigné Stratos Paspalas, un boucher à la retraite.

En Afrique du Sud, un projet de budget acrobatique sur fond de crise

Le ministre sud-africain des Finances Tito Mboweni dévoile mercredi après-midi devant le Parlement du Cap (sud-ouest) un projet de budget annuel aux allures de quadrature du cercle dans une économie au bord du précipice financier.

Croissance molle, détérioration des finances publiques, chômage de masse (30%) et, plus récemment, pannes d’électricité à répétition, la liste des plaies qui affectent le pays le plus industrialisé du continent est longue.

Le président Cyril Ramaphosa a lui-même reconnu sans détour la gravité de la situation la semaine dernière.

La dette publique « atteint des niveaux insoutenables » et « l’économie n’a pas renoué avec une croissance significative depuis une décennie », a-t-il déploré devant les parlementaires lors de son discours annuel sur l’état de la Nation.

Deux ans après le départ anticipé de son prédécesseur Jacob Zuma pour cause de scandales de corruption à répétition, le bilan dressé par M. Ramaphosa sonne comme un constat d’échec.

En prenant les rênes du pays en février 2018, l’ex-syndicaliste des heures sombres de l’apartheid reconverti en capitaine d’industrie s’était pourtant fait fort de relancer le pays en y faisant revenir les investisseurs étrangers.

Sans succès jusque-là. Le produit national brut (PNB) sud-africain n’a pas dépassé 1,3% ces cinq dernières années et devrait péniblement s’établir à 0,5% en 2019.

« Le gouvernement reste incapable d’imposer politiquement les réformes drastiques qu’il a promises », note Darias Jonker, du centre d’analyse Eurasia Group. Il s’est montré « incapable de réduire les déficits », renchérit l’économiste en chef de l’Old Mutual Investment Group, Johann Els.

Dans ce climat, le discours de Tito Mboweni à partir de 12h00 GMT sera observé à la loupe.

« C’est maintenant ou jamais », juge M. Els.

– Dégradation annoncée –

Avec une dette publique proche de 60% du PNB, sa marge de manoeuvre s’annonce des plus limitées.

Le ministre des Finances se sait en outre sous la menace d’une dégradation de la note financière de l’Afrique du Sud par l’agence Moody’s, la seule des trois grandes à ne pas l’avoir encore dégradée au rang d’investissement spéculatif.

Fitch and S&P l’ont reléguée dans cette catégorie dès 2017.

« Nous ne sommes plus très loin d’une dégradation de Moody’s. Si nous ne stabilisons pas le déficit et ne contrôlons pas nos dépenses, ils n’hésiteront pas à le faire », avertit Johann Els.

Une telle sanction pourrait causer un exode des investisseurs et accroître la pression sur la devise locale, le rand.

De l’avis de tous les analystes, les mauvaises performances de l’économie sud-africaine sont largement imputables à sa mauvaise gestion, ainsi que l’illustre la situation financière inquiétante des entreprises publiques du pays.

L’Etat est contraint de renflouer régulièrement les caisses des deux plus emblématique d’entre elles, le géant de l’électricité Eskom et la compagnie South African Airways. Les difficultés du premier ont même convaincu la Banque mondiale d’abaisser sous les 1% sa prévision de croissance pour 2020.

« Le gouvernement doit s’éloigner au plus vite de la culture des dépenses de consommation pour privilégier les investissements dans les infrastructures », recommande Azar Jammine, l’économiste en chef du consultant Econometrix.

L’opposition, elle, agite déjà la menace d’une « crise fiscale ».

« L’insuffisance de la croissance exclut de nouveaux impôts pour accroître les recettes », a estimé le député Geordin Hill-Lewis, en charge des Finances au sein de l’Alliande démocratique (DA).

Le ministre « doit présenter un plan crédible pour stabiliser la dette nationale et contenir le déficit budgétaire », a-t-il ajouté.

Tunisie: vote de confiance attendu pour le nouveau gouvernement

Le Parlement tunisien devrait accorder mercredi, sauf coup de théâtre, sa confiance au nouveau gouvernement, qui a été constitué après quatre mois d’intenses négociations et doit s’atteler à d’importants dossiers socio-économiques en suspens.

Dans le cas contraire, un second rejet après l’échec d’un premier cabinet en janvier ouvrirait la porte à la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) élue le 6 octobre et à des élections anticipées.

Le gouvernement proposé par Elyes Fakhfakh se compose de 15 membres appartenant à des partis politiques et 17 autres présentés comme des personnalités indépendantes qui se voient confier notamment les ministères régaliens.

Plus grande force au Parlement, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha (54 députés) obtient six ministères.

Même s’il n’a pas décroché les ministères qu’il convoitait, Ennahdha a affirmé dans un communiqué mardi soir qu’il voterait en faveur de ce cabinet.

D’autres blocs parlementaires comme le Courant démocrate (22 sièges) et le Mouvement du peuple (16 sièges) ont manifesté également leur soutien au gouvernement qui doit obtenir la majorité absolue de 109 voix sur 2017, au sein d’une Assemblée particulièrement morcelée.

– « Très fortes chances » –

La parti libéral Qalb Tounes (38 sièges, deux force dans l’ARP), de l’homme d’affaire Nabil Karoui, n’a pas été sollicité pour faire partie du gouvernement, et se pose ainsi dans l’opposition.

Mais, a-t-il fait savoir mardi après une réunion de son bureau, s’il y avait un risque que le gouvernement n’obtienne pas la majorité des voix et donc que l’assemblée soit dissoute, il déciderait alors d’approuver l’équipe de M. Fakhfakh.

Ce vote intervient après un accord de dernière minute le 19 février entre le président tunisien Kais Saied et Ennahdha.

« Sauf grosse surprise, le gouvernement Fakhfakh a de très fortes chances d’obtenir le vote de confiance de l’ARP », avance mercredi le journal francophone Le Quotidien.

Dans ce gouvernement qui ne compte que six femmes, les ministères de la Justice et de l’Intérieur, très convoités, ont été confiés respectivement à une juge présentée comme indépendante, Thouraya Jeribi, et à un ancien cadre ministériel récemment nommé conseiller juridique de la présidence, Hichem Mechichi.

La Défense revient à l’ancien dirigeant de l’Instance nationale d’accès à l’information (Inai), Imed Hazgui, et les Affaires étrangères à un ancien ambassadeur à Oman, Noureddine Erraï.

Un seul ministre est issu du cabinet sortant, le ministre des Affaires religieuses Ahmed Adhoum. Le ministre du Tourisme René Trabelsi, premier ministre de confession juive en Tunisie depuis la période de l’indépendance, a en revanche été écarté, dans un contexte de forte défiance envers tout ce qui peut être lié à Israël.

En janvier, un précédent gouvernement constitué sous la houlette d’Ennahdha avait échoué à obtenir la confiance des députés.

– Quelle marge de manoeuvre ? –

La Tunisie est donc gérée depuis plus de quatre mois par le gouvernement sortant, alimentant un attentisme qui ralentit la vie publique et économique du pays.

Le nouveau gouvernement devra notamment relancer les discussions avec les bailleurs de fonds, à commencer par le Fonds monétaire international, dont le programme entamé en 2016 s’achève en avril/mai 2020.

« La question qui se pose maintenant, c’est la marge du manœuvre accordée à ce gouvernement, qui permettra de mesurer son efficacité », a souligné le politologue Selim Kharrat, de l’ONG Bawsala, observatoire de la vie publique.

Quant aux Tunisiens, neuf ans après avoir chassé le dictateur Zine el Abidine Ben Ali lors du Printemps arabe, ils attendent toujours un gouvernement démocratique à même de s’attaquer aux nombreux maux socio-économiques qui rongent leur pays.

« La patience a ses limites et tout le monde attend au tournant le nouveau gouvernement avec cette grogne qui risque de s’amplifier », écrit dans son éditorial Le Temps.

Et « plombé par des dissensions idéologiques entre les membres de son équipe et une opposition qui l’attend de pied ferme, Elyes Fakhfakh aura certainement bien du mal à mettre en pratique son programme », estime ce quotidien francophone.

Alpha Condé, ex-opposant historique accusé de dérive autoritaire

Aux scrutins qui s’annoncent en Guinée, c’est avant tout de lui qu’il s’agit: Alpha Condé, l’opposant historique devenu président, accusé par ses adversaires de dérive autocratique au point de chercher à plier la Constitution à son ambition de troisième mandat.

Malgré la contestation et les manifestants tués, M. Condé, 82 ans la semaine prochaine, n’entend pas se laisser dévier de la voie qu’il s’est tracée: doter son pays d’une Constitution « moderne », soumise dimanche à un référendum le même jour que des législatives. Quant à briguer sa propre succession fin 2020, « ça, c’est le parti qui décidera », dit-il.

De longues années d’opposition en exil, la prison, une accession quasi miraculeuse au pouvoir et deux mandats présidentiels ont forgé le caractère de cet homme svelte qui boîte légèrement.

M. Condé, qui se réclame de la gauche, est un orateur érudit, sachant enthousiasmer son auditoire. Mais il goûte peu la contradiction et ses adversaires le décrivent comme un homme autoritaire et impulsif.

« Personne ne dicte à la Guinée ce qu’elle doit faire », a-t-il averti un parterre de diplomates en janvier.

« Condé a fait des choses importantes pour faire progresser la Guinée », convient Jim Wormington, de Human Rights Watch. Mais avec les violences policières des derniers mois, « il serait difficile d’en dresser un portrait positif. C’est ce qui rend les choses si tristes ».

Né le 4 mars 1938 à Boké (ouest), M. Condé est issu de l’ethnie malinké, la deuxième du pays.

Il part en France dès l’âge de 15 ans et y obtient des diplômes en économie, droit et sociologie. Il enseigne ensuite à l’université parisienne de la Sorbonne.

– Condamné à mort –

Parallèlement, il dirige dans les années 1960 la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) et anime des mouvements d’opposition au régime dictatorial d’Ahmed Sékou Touré, « père de l’indépendance » de la Guinée, colonie française jusqu’en 1958.

Sékou Touré le fait condamner à mort par contumace en 1970.

Il rentre au pays en 1991, sept ans après la mort de Sékou Touré, auquel a succédé l’officier Lansana Conté. Aux présidentielles de 1993 et 1998, ni libres ni transparentes, Condé est officiellement crédité de 27% et de 18% des voix.

Le fondateur du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) inquiète Lansana Conté, qui le fait arrêter juste après la présidentielle de 1998. Il est condamné en 2000 à cinq ans de prison pour « atteintes à l’autorité de l’Etat et à l’intégrité du territoire national ». Sous la pression internationale, il est gracié en 2001.

Il reste dans l’opposition après l’avènement de la junte du capitaine Moussa Dadis Camara en 2008. Mais en 2010, le « Professeur Alpha Condé » est enfin élu, au second tour, après avoir été très nettement distancé au premier par l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo. Il est réélu au premier tour en 2015.

Il a « tellement déçu », juge Cellou Dalein Diallo, actuel chef de file de l’opposition, selon qui M. Condé a instauré « une république bananière, une dictature qui ne dit pas son nom ».

Sanguin, Alpha Condé l’est certainement. Un jour, il réprimande des étudiants qui lui réclament les tablettes informatiques promises pendant sa campagne. « Vous êtes comme des cabris: +Tablettes, Tablettes!+ », grince-t-il, sautant sur place à pieds joints.

– Appel à cogner –

Il se targue de son bilan: réalisation de barrages hydroélectriques, révision des contrats miniers et mise au pas de l’armée, le tout alors que le pays a fait face à une épidémie d’Ebola (fin 2013-2016).

La grande affaire de son deuxième mandat est son projet de doter la Guinée d’une Constitution « qui réponde aux besoins du monde d’aujourd’hui », dont la lutte contre les mutilations génitales des filles et les mariages précoces, ou un juste partage des richesses, dans un pays pauvre malgré ses ressources minières.

Depuis octobre, un collectif de partis, de syndicats et d’associations a fait descendre dans les rues des dizaines, voire des centaines de milliers de Guinéens pour s’opposer à la réforme.

Certes, le projet de réforme maintient à deux le nombre de mandats autorisé. Mais, pour l’opposition, la nouvelle Constitution servira à M. Condé de prétexte pour remettre son compteur présidentiel à zéro.

« Après s’être pris pour Mandela, il a décidé de devenir Bokassa », l’ancien empereur de Centrafrique, accuse le collectif.

La vague de protestations, durement réprimée à plusieurs reprises, a coûté la vie à au moins 30 civils et un gendarme depuis octobre, sans le faire plier.

L’opposition promet d’empêcher de voter dimanche.

« Quiconque viendra pour détruire les urnes, frappez-le! », a lancé le président à ses partisans.

Marié trois fois, M. Condé est père d’un garçon.

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Tunisie: vote de confiance attendu pour le nouveau gouvernement

Le Parlement tunisien devrait accorder mercredi, sauf coup de théâtre, sa confiance au nouveau gouvernement, qui a été constitué après quatre mois d’intenses négociations et doit s’atteler à d’importants dossiers socio-économiques en suspens.

Dans le cas contraire, un second rejet après l’échec d’un premier cabinet en janvier ouvrirait la porte à la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) élue le 6 octobre et à des élections anticipées.

Le gouvernement proposé par Elyes Fakhfakh se compose de 15 membres appartenant à des partis politiques et 17 autres présentés comme des personnalités indépendantes qui se voient confier notamment les ministères régaliens.

Plus grande force au Parlement, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha (54 députés) obtient six ministères.

Même s’il n’a pas décroché les ministères qu’il convoitait, Ennahdha a affirmé dans un communiqué mardi soir qu’il voterait en faveur de ce cabinet.

D’autres blocs parlementaires comme le Courant démocrate (22 sièges) et le Mouvement du peuple (16 sièges) ont manifesté également leur soutien au gouvernement qui doit obtenir la majorité absolue de 109 voix sur 2017, au sein d’une Assemblée particulièrement morcelée.

– « Très fortes chances » –

La parti libéral Qalb Tounes (38 sièges, deux force dans l’ARP), de l’homme d’affaire Nabil Karoui, n’a pas été sollicité pour faire partie du gouvernement, et se pose ainsi dans l’opposition.

Mais, a-t-il fait savoir mardi après une réunion de son bureau, s’il y avait un risque que le gouvernement n’obtienne pas la majorité des voix et donc que l’assemblée soit dissoute, il déciderait alors d’approuver l’équipe de M. Fakhfakh.

Ce vote intervient après un accord de dernière minute le 19 février entre le président tunisien Kais Saied et Ennahdha.

« Sauf grosse surprise, le gouvernement Fakhfakh a de très fortes chances d’obtenir le vote de confiance de l’ARP », avance mercredi le journal francophone Le Quotidien.

Dans ce gouvernement qui ne compte que six femmes, les ministères de la Justice et de l’Intérieur, très convoités, ont été confiés respectivement à une juge présentée comme indépendante, Thouraya Jeribi, et à un ancien cadre ministériel récemment nommé conseiller juridique de la présidence, Hichem Mechichi.

La Défense revient à l’ancien dirigeant de l’Instance nationale d’accès à l’information (Inai), Imed Hazgui, et les Affaires étrangères à un ancien ambassadeur à Oman, Noureddine Erraï.

Un seul ministre est issu du cabinet sortant, le ministre des Affaires religieuses Ahmed Adhoum. Le ministre du Tourisme René Trabelsi, premier ministre de confession juive en Tunisie depuis la période de l’indépendance, a en revanche été écarté, dans un contexte de forte défiance envers tout ce qui peut être lié à Israël.

En janvier, un précédent gouvernement constitué sous la houlette d’Ennahdha avait échoué à obtenir la confiance des députés.

– Quelle marge de manoeuvre ? –

La Tunisie est donc gérée depuis plus de quatre mois par le gouvernement sortant, alimentant un attentisme qui ralentit la vie publique et économique du pays.

Le nouveau gouvernement devra notamment relancer les discussions avec les bailleurs de fonds, à commencer par le Fonds monétaire international, dont le programme entamé en 2016 s’achève en avril/mai 2020.

« La question qui se pose maintenant, c’est la marge du manœuvre accordée à ce gouvernement, qui permettra de mesurer son efficacité », a souligné le politologue Selim Kharrat, de l’ONG Bawsala, observatoire de la vie publique.

Quant aux Tunisiens, neuf ans après avoir chassé le dictateur Zine el Abidine Ben Ali lors du Printemps arabe, ils attendent toujours un gouvernement démocratique à même de s’attaquer aux nombreux maux socio-économiques qui rongent leur pays.

« La patience a ses limites et tout le monde attend au tournant le nouveau gouvernement avec cette grogne qui risque de s’amplifier », écrit dans son éditorial Le Temps.

Et « plombé par des dissensions idéologiques entre les membres de son équipe et une opposition qui l’attend de pied ferme, Elyes Fakhfakh aura certainement bien du mal à mettre en pratique son programme », estime ce quotidien francophone.

Accord nucléaire iranien: réunion de conciliation ardue à Vienne

Les Européens, la Chine et la Russie ont commencé mercredi à chercher avec l’Iran un terrain d’entente sur son programme nucléaire, lors de leur première rencontre depuis le lancement d’une procédure contre Téhéran, accusé de violer l’accord de 2015.

Qualifiée dans les médias par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov de « chance pour arrêter l’escalade avant qu’il ne soit trop tard », leur réunion se déroule à Vienne, en Autriche, au niveau des directeurs politiques.

Elle a lieu dans le cadre de la commission mixte, l’instance de discussion prévue par l’accord sur le nucléaire iranien. Aucun délégué n’a fait de commentaire à son arrivée à l’hôtel où ont lieu les discussions, a constaté l’AFP.

Aux termes du mécanisme de règlement des différends prévu par l’accord, les parties doivent tenter de trouver une solution avant de décider s’il convient de la soumettre aux ministres des Affaires étrangères.

L’absence de conciliation peut mener au rétablissement par le Conseil de sécurité de l’ONU de toutes les sanctions qui avaient été levées dans le cadre de l’accord de Vienne, mais les Européens assurent que tel n’est pas leur objectif.

La rencontre est présidée par Helga Schmid, spécialiste du dossier auprès du haut représentant de l’UE, Josep Borrell. Outre l’Iran, elle réunit des représentants de la Chine, la Russie, du Royaume-Uni, la France et l’Allemagne.

L’accord historique de Vienne est sérieusement menacé depuis que les Etats-Unis l’ont dénoncé unilatéralement en 2018. Téhéran, asphyxié par les sanctions, a riposté en s’affranchissant, depuis mai 2019, de plusieurs de ses engagements tous les deux mois, rappelle l’ONG américaine Arms Control Association.

Les Européens considèrent que les violations décidées par les autorités iraniennes ne sont toutefois pas encore toutes irréversibles. Pour l’instant, l’Iran a déclaré qu’il poursuivrait sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), permettant aux inspecteurs d’avoir accès aux installations déclarées.

« Nous avons tous intérêt à sauver le JCPOA (acronyme anglais pour Plan d’action global commun, désignant l’accord) pour que les inspecteurs puissent continuer leur travail en Iran », estime un diplomate interrogé par l’AFP.

– Mécanisme de troc –

Mais les négociations entre l’Iran, les Européens, la Chine et la Russie n’ont « pas de date butoir » et « on est encore loin d’un résultat », un calendrier n’ayant pas été arrêté, a-t-il ajouté.

A la mi-février, l’Iran s’est dit disposé à annuler tout ou partie des mesures prises pour se désengager de l’accord, seulement si l’Europe lui assure en échange des avantages économiques « significatifs ».

En janvier 2019, un mécanisme de troc nommé Instex a été créé par les Européens pour contourner les sanctions américaines imposées à l’Iran en évitant d’utiliser le dollar.

Instex doit fonctionner comme une chambre de compensation permettant à l’Iran de continuer à vendre du pétrole et d’importer en contrepartie d’autres produits. Il n’a jusqu’à présent favorisé aucune transaction.

L’Iran réclame notamment des achats de pétrole pour limiter l’impact économique des sanctions américaines. En échange, Téhéran pourrait « au moins geler ses stocks d’uranium » selon le diplomate.

Téhéran produit actuellement de l’uranium enrichi à un taux supérieur au seuil de 3,67% fixé par l’accord et ne respecte plus la limite de 300 kilos imposée à ses stocks d’uranium enrichi.

L’Iran a affirmé début janvier qu’il ne se sentait désormais plus tenu par aucune limite « sur le nombre de ses centrifugeuses ».

Ces prochains jours, l’AIEA, basée à Vienne, doit remettre à ses pays membres les résultats de ses dernières inspections sur les capacités techniques de l’Iran et le stock d’uranium enrichi.

L’accord de 2015 offre à l’Iran la levée d’une partie des sanctions internationales en échange de garanties destinées à prouver la nature exclusivement civile de son programme nucléaire.

Coronavirus en Italie: combattre la peur

Personnes en panique, en proie à des angoisses de mort, perdant contact avec la réalité… le nouveau coronavirus en Italie et les mesures spectaculaires pour l’enrayer ont créé une « épidémie de peur » parallèle à la crise sanitaire, selon des psychologues.

L’annonce de premiers décès en Italie et la mise en quarantaine de plus de 50.000 personnes dans onze villes du Nord, la fermeture des écoles et l’annulation des rassemblements sportifs et culturels ont créé une véritable psychose en début de semaine, racontent des professionnels.

Celle-ci s’est d’abord manifestée par la prise d’assaut de supermarchés, typique d’une « angoisse de mort », selon la psychiatre Rossella Candela, à Rome.

« Certains s’adaptent. D’autres agissent comme s’ils étaient sous les bombardements durant la Seconde Guerre mondiale », explique-t-elle par téléphone.

La ruée sur les masques – quasiment introuvables désormais dans les pharmacies du Nord – participe du même phénomène.

Passé le premier mouvement de panique, reste une angoisse permanente, régulière, alimentée par la rupture de la normalité.

« Certaines dispositions ont accru l’anxiété: la fermeture des écoles, des églises… Dans nos petits villages lombards, l’annulation de la messe, c’est fou, c’est du jamais vu », souligne Alessandra Braga, psychothérapeute à Brescia (Lombardie, nord).

« J’ai passé la journée de lundi dans mon cabinet à tenter de ramener mes patients à la réalité », raconte-t-elle à l’AFP.

Ecoles et bureaux fermés oblige, « beaucoup passent la journée à la maison à regarder la télé, ça ne parle que du coronavirus, c’est totalement anxiogène. J’essaye de les convaincre de sortir, de s’aérer », poursuit Mme Braga.

Mais, constate-t-elle, « c’est comme une épidémie émotive. Et c’est très difficile à gérer, l’émotivité ».

– Peur et racisme anti-chinois –

Depuis le début de la crise, les autorités italiennes ont insisté sur le côté préventif des mesures et rassuré en parlant de « situation sous contrôle ».

Mais pour le psychologue Gabriele Zanardi, exerçant à Pavie (Lombardie), « le problème naît de l’interprétation: fermer les écoles, la quarantaine sont des mesures de prévention, mais les gens les voient comme la preuve que la catastrophe est là. Ce sont des mesures +choquantes+, alors qu’en réalité elles sont raisonnables », explique-t-il.

Difficile de lutter face à la peur suscitée par « quelque chose d’intangible, d’invisible, comme l’est un virus », reconnaît-il.

« Du coup on cherche à donner un visage à cet ennemi invisible: ce sera le Chinois, la personne enrhumée… ».

A Milan, le quartier chinois est désert depuis trois jours: commerçants et restaurateurs ont pris les devants et préféré fermer boutique. Par peur d’être ostracisés dans une région gouvernée par la Ligue d’extrême droite de Matteo Salvini.

A Turin, après l’annonce du premier mort de l’épidémie, une Chinoise de 40 ans a été rouée de coups dans la rue par des inconnus qui ont crié: « tu as le virus, va-t’en sinon je te tue ».

« L’Italie est devenue un pays qui a peur », s’inquiète auprès du journal La Stampa Mariella Enoc, directrice de l’hôpital Bambino Gesu à Rome. « Les phobies concernant ce virus sont en train de prendre le pas sur la raison et la parole scientifique ».

– Humour –

Pour les psychologues interrogés par l’AFP, le problème le plus inquiétant vient des « fake news » qui tournent en boucle. La fausse annonce de la fermeture de toutes les écoles italiennes jusqu’au 5 mars a dû faire l’objet d’un démenti officiel mardi.

Les théories complotistes s’emballent: le virus resterait actif jusqu’à six jours sur les paquets en provenance de Chine, l’épidémie viserait à tuer l’économie de la riche Lombardie…

Paradoxalement, les gens en quarantaine apparaissent moins inquiets que ceux qui se trouvent à l’extérieur. « Ils sont confrontés à la réalité, alors que ceux de l’extérieur n’ont que la perception des choses », souligne Gabriele Zanardi.

Reste, heureusement, l’humour. C’est cette femme qui s’exclame: « Après une semaine enfermés à la maison, si mes enfants ne meurent pas du coronavirus, je les tue moi-même! ».

Ou cette photo sur Twitter de paquets de penne (pâtes) sur des étalages vides, avec le commentaire suivant: « la grande défaite du coronavirus est de n’avoir pas su convaincre les Italiens d’aimer ces penne ».

« Je pense qu’en termes de perception psychologique nous avons vécu le pic de terreur incontrôlée ces derniers jours », relativise M. Zanardi, en ajoutant: « petit à petit, la vie reprendra un peu de normalité. Et l’homme s’habitue. L’exceptionnel deviendra la routine ».

L’Egypte rend les honneurs militaires à Hosni Moubarak

L’Egypte s’apprête à rendre mercredi les honneurs militaires à Hosni Moubarak lors des funérailles de l’ex-président, décédé mardi, qui a régné pendant 30 ans avant de quitter le pouvoir en 2011 sous la pression du Printemps arabe.

Une cérémonie officielle doit se tenir en son honneur à partir de 14H00 (12H00 GMT) à la mosquée al-Mouchir Tantaoui, dans l’est du Caire, au lendemain de son décès, à l’âge de 91 ans, dans un hôpital.

Il doit ensuite être enterré dans le tombeau familial à Héliopolis, dans l’est de la capitale.

Mercredi matin, un important dispositif de sécurité, comprenant des véhicules blindés, a été déployé près de la mosquée et du cimetière, alors qu’une foule de reporters approchait des lieux, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Plusieurs canons étaient alignés devant la mosquée en vue de l’hommage militaire et des dizaines d’admirateurs de M. Moubarak étaient rassemblés à proximité. Ils arboraient des portraits de l’ancien président et des drapeaux égyptiens.

Samir Gaafar, 59 ans, vêtu d’une galabeya traditionnelle tenait une photo de l’ex-président avec un texte dénonçant la révolte de 2011. « Je viens aujourd’hui car les pauvres de ce pays sont devenus plus pauvres après Moubarak », a-t-il dit à l’AFP.

Avec ces funérailles en grande pompe, que la télévision nationale a prévu de diffuser en direct, le président déchu reçoit ainsi un hommage officiel du gouvernement égyptien.

Trois jours de deuil national ont été décrétés à compter de mercredi par le gouvernement de l’actuel président Abdel Fattah al-Sissi, qui comme le défunt président, est un militaire à la tête d’un régime autoritaire.

L’ex-président islamiste Mohamed Morsi, arrivé au pouvoir en 2012 dans la foulée du Printemps arabe, puis destitué par l’armée l’année suivante, n’avait pas eu les mêmes égards à sa mort en 2019. Son enterrement avait eu lieu dans la plus grande discrétion, loin des caméras.

Mardi soir, M. Sissi avait salué en M. Moubarak l’un des « héros de la guerre d’octobre 1973 » contre Israël, durant laquelle il avait dirigé l’armée de l’air.

-Sentiments mitigés-

Plusieurs responsables, notamment militaires, lui ont rendu hommage. Sur sa page Facebook, le commandement des forces armées égyptiennes a déploré la disparition « d’un de ses fils ».

Mais outre les Palestiniens, Israéliens et Emiratis, peu de dirigeants étrangers ont communiqué sur la mort de l’ex chef d’Etat, qui a été pendant des années une figure familière des réunions internationales, présentant son pays comme un pilier modéré au sein du monde arabe.

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a brièvement présenté ses condoléances mardi lors d’un point presse au département d’Etat.

Le quotidien d’Etat al-Ahram, titrait mercredi: « Moubarak entre les mains de Dieu » avec le portrait de l’ancien raïs habillé d’un bandeau noir en signe de deuil.

« On pouvait être d’accord avec lui ou pas, mais une chose est certaine: Moubarak n’a jamais trahi son pays », écrivait Mohamed Amin, éditorialiste au quotidien privé Al-Masry al-Youm.

Comparant le destin de M. Moubarak avec celui d’autres chefs d’Etats tombés pendant le Printemps arabe comme le Tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, décédé en exil, M. Amin a souligné que l’ex-raïs, resté en Egypte, « a vécu avec sa dignité et son arrogance ».

Mardi soir, l’AFP a interrogé des passants près de la place Tahrir au Caire, épicentre de la révolte populaire de 2011, relevant des sentiments mitigés parmi les anonymes interrogés.

L’un d’eux a estimé que l’Egypte « aurait été un pays différent » si M. Moubarak avait adhéré à l’idée d’un « transfert pacifique du pouvoir » et n’avait pas régné si longtemps.

« Qu’il repose en paix », a dit un autre en évoquant « les bonnes choses » apportées aux Egyptiens sous la présidence de M. Moubarak, mais évoquant aussi, sans autre précision, « les grandes injustices » vécues par le peuple.

Lors de sa présidence, l’ouverture des dernières années a valu à l’Egypte une amorce de décollage économique. Mais son règne de trois décennies a surtout été marqué par de profondes inégalités sociales, des abus policiers et une corruption endémique.

Arrêté et jugé dans plusieurs affaires, il aura été le premier président du pays à être traduit en justice. Il a toutefois été blanchi de la plupart des accusations qui pesaient contre lui.

Le virus se répand dans le monde mais tue moins en Chine

Plus d’un millier de cas en Corée du Sud et toujours plus de pays touchés: la pneumonie virale se répand dans le monde entier pendant que les bilans diminuent en Chine, à l’épicentre de l’épidémie.

Le nouveau coronavirus a fait son apparition mardi dans quatre nouveaux pays: Autriche, Suisse, Croatie, Algérie. La maladie Covid-19 concerne désormais, Chine mise à part, trois douzaines d’Etats où elle a fait plus de 40 morts et 2.700 contaminations.

Mais l’épidémie, apparue en décembre dans le centre de la Chine, semble avoir atteint un pic dans ce pays: les autorités ont fait état mercredi matin de 52 nouveaux décès en l’espace de 24 heures contre 71 la veille, soit le chiffre le plus bas depuis plus de trois semaines.

Evénements culturels ou sportifs annulés, économie en berne et dégringolade continue des marchés financiers: au niveau planétaire, l’épidémie et ses conséquences inquiète particulièrement l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le monde n’est « tout simplement pas prêt » à y faire face, a averti mardi Bruce Aylward, l’expert qui dirige la mission conjointe OMS/Chine, de retour de Pékin. « Vous devez être prêt à gérer cela à une plus grande échelle, et cela doit être fait rapidement », a-t-il ajouté.

– L’armée américaine touchée –

En Corée du Sud, où la situation est « très grave », selon le président Moon Jae-in, le nombre de contaminations a encore bondi pour dépasser désormais le millier de cas.

L’armée américaine, qui stationne actuellement 28.500 soldats dans le pays, a annoncé que l’un d’entre eux avait contracté le virus près de Daegu (sud-est), la ville qui compte de loin le plus grand nombre de cas en Corée.

Le pays, qui dénombre 11 morts selon le bilan annoncé mercredi matin, est le premier foyer mondial de contamination après la Chine. Le bilan d’infections s’élève désormais à 1.146 personnes touchées, après l’ajout de 169 nouveaux cas.

La plupart des cas confirmés sont liés à une secte d’inspiration chrétienne, dont une fidèle aurait contaminé des centaines d’autres croyants.

– Frontières ouvertes –

En Europe, l’Italie est le pays européen le plus touché, avec plus de 300 personnes contaminées, pour la plupart dans le nord du pays. Dix personnes y ont succombé, toutes des personnes âgées et atteintes précédemment de pathologies graves. Plusieurs médias ont annoncé une onzième victime.

Les pays voisins se sont engagés à garder leurs frontières ouvertes lors d’une réunion ministérielle mardi à Rome.

Mais la France « invite » ses ressortissants à éviter les régions d’Italie les plus touchées. L’Hexagone compte désormais deux nouveaux cas de contamination, dont une jeune Chinoise arrivée de Chine et un Français qui avait voyagé dans la région de Milan. Leur état de santé n’inspire aucune inquiétude, selon les autorités.

Sur le continent, deux hôtels sont placés en quarantaine, à Innsbruck (Autriche) et dans l’île espagnole de Tenerife (Canaries).

– La pandémie menace –

Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a averti lundi que le monde restait menacé de « pandémie », à savoir une épidémie d’ampleur internationale.

L’agence de l’ONU s’inquiète particulièrement des risques pour les pays pauvres, mal équipés pour dépister et combattre le nouveau virus.

Sur le continent africain, après l’Egypte, une deuxième infection a été officiellement enregistrée: en Algérie, concernant un Italien arrivé le 17 février.

En Iran, la mission d’une équipe d’experts de l’OMS a été retardée, mais reste prévue. Téhéran a annoncé mardi trois nouveaux décès, portant son bilan à 15 morts, le plus lourd en dehors de la Chine. Le vice-ministre de la Santé en personne, Iraj Harirchi, a été contaminé.

Dans un contexte de vives tensions entre Washington et Téhéran, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a exigé de l’Iran qu’il dise « la vérité » sur l’épidémie.

– Effet boomerang –

Les autorités sanitaires américaines ont d’ailleurs dit mardi s’attendre à une propagation de l’épidémie aux Etats-Unis, encourageant écoles, entreprises et collectivités locales à envisager des mesures de précaution, comme l’annulation d’événements publics.

Les autorités américaines craignent que l’épidémie ne menace leur chaîne d’approvisionnement en médicaments, car une grande partie des ingrédients utilisés en pharmacie est fabriquée en Chine.

Dans ce dernier pays, outre le nombre de morts, le chiffre quotidien de contaminations est également à la baisse: 406 nouveaux cas ont été annoncés mercredi contre 508 la veille.

Toutes ces contaminations, sauf cinq, sont intervenues au Hubei, province de 58 millions d’habitants sous quarantaine depuis un mois.

Partie de Chine, l’épidémie menace d’y revenir: près d’une centaine de personnes à bord d’un avion en provenance de Séoul ont été mises en quarantaine à leur arrivée à Nankin (est de la Chine). Trois passagers chinois présentaient en effet des symptômes de la maladie lorsque des douaniers sont montés à bord pour examiner les passagers.

Au total, le virus a contaminé quelque 78.000 personnes en Chine, dont plus de 2.700 en sont mortes.

burs-bar/ehl/jhd

Cameroun anglophone: l’armée accusée d’une tuerie par HRW, législatives partiellement annulées

Le meurtre d’une vingtaine de civils, dont 13 enfants, le 14 février au Cameroun anglophone en proie à un sanglant conflit séparatiste, a été perpétré par les « forces gouvernementales » et une milice peule alliée, a accusé mardi Human Rights Watch (HRW).

Et dans la soirée, le Conseil constitutionnel a annulé les législatives du 9 février dans une partie des deux régions peuplées par la minorité anglophone camerounaise qui avait largement ignoré le scrutin, en soutien aux indépendantistes ou bien par crainte de ces groupes armés qui leur avaient interdit d’aller voter.

« Les forces gouvernementales et des membres de l’ethnie peule ont tué au moins 21 civils, dont 13 enfants et une femme enceinte (…) dans des conditions horribles », écrit HRW dans un rapport.

L’armée a démenti dès les premiers jours, assurant qu’il s’agissait des conséquences d’un « malheureux accident » – l’explosion de conteneurs de carburant consécutive à des échanges de tirs entre soldats et rebelles séparatistes – et n’a évoqué la mort que de 5 civils.

– Une majorité d’enfants tués –

Survenu le 14 février dans le quartier Ngarbuh du village de Ntumbo, dans la région du Nord-Ouest, le drame a coûté la vie, selon l’ONU, à 23 civils, dont 15 enfants – neuf de moins de 5 ans – et deux femmes enceintes.

« Les meurtres de civils, y compris d’enfants, dans des conditions horribles sont des crimes odieux qui devraient faire l’objet d’enquêtes effectives et indépendantes et leurs responsables devraient être traduits en justice », poursuit HRW.

Pour l’ONG, qui cite des témoignages, les meurtres ont été commis par 10 à 15 « militaires du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), unité d’élite de l’armée camerounaise, et au moins 30 Peuls armés ».

« Ils ont incendié cinq maisons, pillé de nombreux autres biens et passé à tabac des habitants. Les cadavres de certaines des victimes ont été retrouvés carbonisés dans leurs maisons », assure HRW dans un rapport, se référant aussi à des images satellite.

L’ONG affirme que des « milices d’auto-défense » peules accusées par les séparatistes d’être « proches du gouvernement » ont attaqué dans un passé récent « des communautés où des séparatistes armés sont réputés opérer ».

« Les séparatistes armés ont pris pour cible les Peuls pour s’emparer de leur bétail », explique aussi HRW.

-« Pressions » de Macron sur Biya-

Samedi, le président français Emmanuel Macron avait promis à un militant camerounais qui l’avait interpellé à Paris, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture, de mettre « le maximum de pression » sur le chef de l’Etat Paul Biya pour que cessent « des violences au Cameroun qui sont intolérables ».

Lundi, les services de l’inamovible président, 87 ans dont 37 au pouvoir, s’étaient offusqués de ces propos, les qualifiant de « surprenants ».

Depuis 2017, les combats entre militaires et groupes armés séparatistes, mais aussi les exactions et crimes commis par les deux camps selon les ONG, a fait plus de 3.000 morts en trois ans et 700.000 déplacés.

C’est précisément dans ces deux régions que le Conseil constitutionnel a annulé mardi soir les élections législatives du 9 février, dans 10 circonscriptions du Nord-Ouest et dans l’une du Sud-Ouest.

-Faible participation-

Les séparatistes armés avaient appelé les Camerounais à ne pas aller voter le 9 février pour les législatives et les municipales, menaçant ceux qui le feraient.

Le scrutin s’est déroulé dans le calme dans tout le pays à l’exception d’un incident dans le Nord-Ouest. L’un des deux principaux partis de l’opposition à Paul Biya avait appelé au boycott.

La participation a été « faible » cependant dans tout le pays, selon l’Union africaine, mais tout particulièrement dans les zones anglophones.

Ni les résultats officiels, ni le taux de participation n’ont été rendus publics à ce jour.

La date du nouveau scrutin dans les circonscriptions où le Conseil constitutionnel a annulé le vote n’a pas été rendue publique, pas plus que les raisons de sa décision.

Cameroun anglophone: l’armée accusée d’une tuerie par HRW, législatives partiellement annulées

Le meurtre d’une vingtaine de civils, dont 13 enfants, le 14 février au Cameroun anglophone en proie à un sanglant conflit séparatiste, a été perpétré par les « forces gouvernementales » et une milice peule alliée, a accusé mardi Human Rights Watch (HRW).

Et dans la soirée, le Conseil constitutionnel a annulé les législatives du 9 février dans une partie des deux régions peuplées par la minorité anglophone camerounaise qui avait largement ignoré le scrutin, en soutien aux indépendantistes ou bien par crainte de ces groupes armés qui leur avaient interdit d’aller voter.

« Les forces gouvernementales et des membres de l’ethnie peule ont tué au moins 21 civils, dont 13 enfants et une femme enceinte (…) dans des conditions horribles », écrit HRW dans un rapport.

L’armée a démenti dès les premiers jours, assurant qu’il s’agissait des conséquences d’un « malheureux accident » – l’explosion de conteneurs de carburant consécutive à des échanges de tirs entre soldats et rebelles séparatistes – et n’a évoqué la mort que de 5 civils.

– Une majorité d’enfants tués –

Survenu le 14 février dans le quartier Ngarbuh du village de Ntumbo, dans la région du Nord-Ouest, le drame a coûté la vie, selon l’ONU, à 23 civils, dont 15 enfants – neuf de moins de 5 ans – et deux femmes enceintes.

« Les meurtres de civils, y compris d’enfants, dans des conditions horribles sont des crimes odieux qui devraient faire l’objet d’enquêtes effectives et indépendantes et leurs responsables devraient être traduits en justice », poursuit HRW.

Pour l’ONG, qui cite des témoignages, les meurtres ont été commis par 10 à 15 « militaires du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), unité d’élite de l’armée camerounaise, et au moins 30 Peuls armés ».

« Ils ont incendié cinq maisons, pillé de nombreux autres biens et passé à tabac des habitants. Les cadavres de certaines des victimes ont été retrouvés carbonisés dans leurs maisons », assure HRW dans un rapport, se référant aussi à des images satellite.

L’ONG affirme que des « milices d’auto-défense » peules accusées par les séparatistes d’être « proches du gouvernement » ont attaqué dans un passé récent « des communautés où des séparatistes armés sont réputés opérer ».

« Les séparatistes armés ont pris pour cible les Peuls pour s’emparer de leur bétail », explique aussi HRW.

-« Pressions » de Macron sur Biya-

Samedi, le président français Emmanuel Macron avait promis à un militant camerounais qui l’avait interpellé à Paris, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture, de mettre « le maximum de pression » sur le chef de l’Etat Paul Biya pour que cessent « des violences au Cameroun qui sont intolérables ».

Lundi, les services de l’inamovible président, 87 ans dont 37 au pouvoir, s’étaient offusqués de ces propos, les qualifiant de « surprenants ».

Depuis 2017, les combats entre militaires et groupes armés séparatistes, mais aussi les exactions et crimes commis par les deux camps selon les ONG, a fait plus de 3.000 morts en trois ans et 700.000 déplacés.

C’est précisément dans ces deux régions que le Conseil constitutionnel a annulé mardi soir les élections législatives du 9 février, dans 10 circonscriptions du Nord-Ouest et dans l’une du Sud-Ouest.

-Faible participation-

Les séparatistes armés avaient appelé les Camerounais à ne pas aller voter le 9 février pour les législatives et les municipales, menaçant ceux qui le feraient.

Le scrutin s’est déroulé dans le calme dans tout le pays à l’exception d’un incident dans le Nord-Ouest. L’un des deux principaux partis de l’opposition à Paul Biya avait appelé au boycott.

La participation a été « faible » cependant dans tout le pays, selon l’Union africaine, mais tout particulièrement dans les zones anglophones.

Ni les résultats officiels, ni le taux de participation n’ont été rendus publics à ce jour.

La date du nouveau scrutin dans les circonscriptions où le Conseil constitutionnel a annulé le vote n’a pas été rendue publique, pas plus que les raisons de sa décision.